Covid-19 : Les corticostéroïdes sauvent des vies

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L’Organisation mondiale de la santé a recommandé l’utilisation des corticostéroïdes pour le traitement des patients qui souffrent d’une forme grave de la COVID-19.

C’est une première depuis le début de la pandémie : l’Organisation mondiale de la santé recommande l’utilisation de médicaments appelés corticostéroïdes contre les formes graves de la COVID-19. À la tête du comité qui a accouché de ces recommandations se trouve le Québécois François Lamontagne, intensiviste-interniste au CIUSSS de l’Estrie–CHUS et professeur-chercheur à l’Université de Sherbrooke. Entretien.

Q. Le 2 septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé l’utilisation des corticostéroïdes pour le traitement des patients qui souffrent d’une forme grave de la COVID-19. Qu’est-ce que cela vient changer dans notre lutte contre la maladie ?

R. D’abord, il s’agit de la première recommandation officielle de l’OMS pour le traitement de la COVID-19. Pour la forme grave de la maladie, cette recommandation est forte.

Notre rôle était d’analyser les données, et disons qu’il est rare que nous soyons autant convaincus par des données scientifiques. Les stéroïdes réduisent considérablement le taux de mortalité ainsi que le recours aux respirateurs artificiels.

On mesure souvent la force d’un effet par le nombre de patients qu’on doit traiter pour sauver une vie. Dans le cas des stéroïdes, ça varie selon la sévérité de la maladie, mais si on soigne entre 10 et 20 patients, on sauve une vie. C’est très fort comme effet. Quand on fait une recommandation forte de donner un médicament, ça devient la norme, le traitement standard. On peut supposer que les patients malades dans les hôpitaux sont maintenant traités avec des stéroïdes.

François Lamontagne, intensiviste-interniste au CIUSSS de l’Estrie–CHUS et professeur-chercheur à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et au Centre de recherche du CHUS

Q. La recommandation ne s’applique qu’aux patients très malades. Pourquoi ?

R. Pour les patients qui ont une forme moins sévère, on recommande en effet de ne pas donner de stéroïdes, mais cette recommandation est faible. Il n’y a pas de preuve que ce soit très délétère, mais pas de preuve solide de bénéfices non plus. On part du principe qu’il faut avoir une bonne raison pour donner un traitement.

Q. Que sont les corticostéroïdes ?

R. Il s’agit d’une classe qui comprend plusieurs médicaments différents. La cortisone est l’un d’eux. Ce sont des médicaments anti-inflammatoires très bien connus et utilisés depuis longtemps pour traiter différentes maladies comme l’asthme, les maladies pulmonaires chroniques ou les maladies auto-immunes.

Q. Il y a quelques mois, un premier médicament, le remdésivir, a été approuvé contre la COVID-19. Comment se comparent ces deux outils qui sont maintenant à notre disposition contre la maladie ?

R. Le remdésivir est un antiviral et non un anti-inflammatoire et n’agit donc pas de la même façon que les corticostéroïdes. Cela va peut-être changer parce qu’il risque d’y avoir d’autres publications, mais pour l’instant, les données sur le remdésivir sont nettement moins convaincantes que celles sur les corticostéroïdes. Dans le cas du remdésivir, on ne parle pas tant de vies sauvées que d’une réduction de la durée des hospitalisations. On a aussi moins d’expérience avec le remdésivir et le profil des effets secondaires est donc moins bien connu.

Comme les deux médicaments n’agissent pas de la même façon, il est possible qu’on puisse donner les deux en même temps, mais on ignore pour le moment si leurs effets s’annulent ou s’additionnent.

Q. Quand on regarde la liste des effets secondaires des corticostéroïdes, on voit des choses comme l’atténuation du système immunitaire ou la formation de caillots sanguins. Ça semble contre-intuitif de les utiliser contre la COVID-19…

R. C’est vrai qu’il existe des effets secondaires et c’est justement la raison pour laquelle il faut des études. Sans surprise, les effets secondaires des corticostéroïdes dépendent de la dose et de la durée du traitement. Or, pour les cas graves de COVID, on a testé des doses relativement faibles et pour de courtes périodes – typiquement de 7 à 10 jours. Il faut aussi dire que le profil des effets secondaires de ces médicaments est très bien connu, ce qui a rassuré notre comité. Et même s’il y avait des effets X, Y ou Z, si la finalité est qu’on sauve une vie, on reste gagnant.

Q. Comment avez-vous été choisi par l’OMS et pouvez-vous nous parler du travail que vous avez effectué ?

R. Ce que j’ai présidé est un groupe d’experts chargé de faire des recommandations à l’OMS. Nous avions entre les mains une méta-analyse regroupant huit essais cliniques totalisant 7184 patients et portant sur les corticostéroïdes. Notre rôle était de prendre les données statistiques de la méta-analyse, de les interpréter, de les mettre dans la machine à saucisses et de les transformer en recommandations assez claires pour être utilisées par les cliniciens.

Quant à moi, ça fait assez longtemps que je collabore avec l’OMS. J’ai travaillé comme médecin pendant les épidémies d’Ebola et je suis resté impliqué comme consultant expert pour l’OMS. Disons qu’ils connaissaient mon travail et que mon nom était dans leur carnet d’adresses !

La presse canadienne

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