Le Président Macky Sall a décrié, lors du Conseil présidentiel d’évaluation de la riposte à la pandémie à coronavirus, « une couverture médiatique alarmiste ».
« Là, je lance un appel à la presse sénégalaise. Il ne sert à rien d’alarmer les populations et de noircir le tableau. La situation du Sénégal n’est guère inconfortable comparée à tout ce qui se fait à travers le monde », a t-il ajouté.
Soit dit en passant, il aurait pu condamner cette attaque monstrueuse contre le journal Les Échos puisque l’envie lui est venue de se souvenir du rôle d’un pilier de la démocratie, à savoir la presse.
Mais la question fondamentale est de savoir ce que veut finalement le président de la République. Cherche-t-il à alarmer ou à rassurer ?
Il a malheureusement jusque-là été sur les deux tableaux : « l’heure est grave », au moment où nous n’avions recencé aucun mort, et « la situation n’est guère inconfortable », quand nous recensons des centaines de morts. Ce sont là deux arguments opposés du même président de la République, sur le même sujet : la COVID-19.
On ne peut pas à la fois alarmer et rassurer en direction d’une même cible sur un même sujet.
Alarmer pour mieux pousser nos compatriotes à se ressaisir ou rassurer en faisant développer des réflexes d’assouplissement ou même d’insouciance. Il faut choisir.
On ne peut pas rassurer et vouloir compter sur les populations pour respecter des mesures contraignantes à venir.
Si l’Etat est incapable d’imposer son autorité pour le respect des mesures barrières et le port systématique de masque, le reflet alarmant de la situation peut développer des réflexes d’autodéfense et d’autoprotection de la part de certains récalcitrants. Ils auront peur pour eux et pour leur famille.
On ne peut pas se permettre de rassurer quand rien n’est rassurant ni dans la gestion ni dans l’évolution de la pandémie.
Ce cafouillage dans la communication que nous n’avions jamais cessé de décrier, est fortement préjudiciable à une gestion cohérente de la COVID-19 dans notre pays.
Si le président de la République cible en filigrane les partenaires techniques et financiers ainsi que la solidité des relations bilatérales entre pays entamée par des fermetures de frontières, il lui faudra des résultats palpables.
Rassurer ne nous fera pas sortir du lot des pays les plus touchés en Afrique. Seuls des résultats tangibles, fruit d’un travail soutenu, feront la différence. Que le gouvernement s’y attelle.
On n’arrête pas la montée d’une température en cassant le thermomètre.
Thierno Bocoum
President du mouvement AGIR