Le rythme de la vaccination est en chute libre. Alors que les doses sont disponibles et que la vaccination a été élargie à d’autres couches. Ce refus pour certains, est uniquement lié aux rumeurs, selon le directeur de la Prévention au ministère de la Santé, qui continue encore à inciter la population à aller se faire vacciner, une façon pour lui, de pouvoir éviter les formes graves et les décès. Sans faux-fuyant, Dr Mamadou Ndiaye aborde toutes les questions : refus du vaccin, vaccination des enfants de plus de 12 ans, 3ème dose, pass sanitaire.
Qu’est-ce qui a changé dans le protocole de la vaccination ?
Ce qui a changé, c’est la dose que nous avons appelée dose de rappel. Donc pour ceux qui avaient reçu 2 doses, ils auront une 3ème dose. Pour ceux qui avaient pris le Johnson, ce sera une 2ème dose de rappel cette fois-ci, parce que le Johnson est complet avec une dose. Ce qui a donc changé, c’est l’adjonction d’une dose de rappel. Il y a aussi l’autorisation de vaccination des enfants de plus de 12 ans, parce qu’ils n’étaient pas dans la cible et que maintenant nous l’avons autorisé, mais à condition également que ces enfants aient une comorbidité. Il y a aussi un impératif majeur qui a été signalé et qui fait qu’on doit les vacciner.
Aujourd’hui, certains points de vaccination ont été fermés. Qu’est-ce qui peut expliquer, selon vous, le motif du refus de la vaccination pour ces gens ?
Le refus de la vaccination pour certains, est uniquement lié aux rumeurs. Sur les réseaux sociaux, il y a eu pas mal de rumeurs. Il y a les anti-vaccins. Le monde est aujourd’hui un village planétaire et les gens ont publié pas mal de contre-vérités. Donc, il y a une bonne partie de la population qui refuse de se faire vacciner. Ils ne sont pas convaincus et nous, on continue de faire notre travail. On essaie de les sensibiliser. On fait tout pour essayer de les convaincre. D’ailleurs, c’est ce qu’on observe en France, aux Etats-Unis ou ailleurs. C’est la même chose, et le Sénégal ne fait pas exception malheureusement.
Ce 13 janvier 2022, le ministre de la Santé avait annoncé l’autorisation de l’administration de vaccins aux enfants de plus de 12 ans. Est-ce qu’il y a une forte adhésion ?
Oui, là c’est un peu particulier parce que les enfants de 12 ans, moi, je ne peux pas faire une appréciation pour l’instant car je ne suis pas au niveau des prestations de service. Je suis au niveau stratégique, au ministère de la Santé. Nous avons donné l’instruction et là aussi, pour les enfants, il faut savoir qu’il n’y aura pas d’affluence. Mais, on a dit qu’il y a des enfants qui ont des comorbidités. Donc, c’est sûr que le message s’adresse à leurs parents mais également aux médecins traitants, parce qu’un médecin traitant, dès qu’il traite un enfant de 12 ans, il va lui conseiller d’aller se faire vacciner puisque le programme a prévu la vaccination pour ce cas de figure. Donc nous comptons sur la collaboration des parents mais également des médecins traitants, qui vont les orienter puisqu’avant ils n’en faisaient pas partie, mais maintenant c’est le cas. On a un regard vis-à-vis des enfants. Et pour le traitement du Covid-19, globalement, ils s’en sortent mieux par rapport aux adultes ; mais s’ils présentent une comorbidité, ce n’est évident.
Est-ce que l’arrivée d’Omicron a poussé les gens à aller se faire vacciner, si on la compare à la première vague ?
Oui, je peux l’affirmer. Avec les vagues, il y a toujours une différence, parce que je vois les chiffres du jour de la vaccination. Avant, on était vraiment dans des chiffres trop bas d’ailleurs même, pour ne pas dire insignifiants. Actuellement, il y a un petit relèvement des chiffres, qui fait que certains ont commencé à se faire vacciner, mais c’est globalement faible, je peux dire. En tout cas, même s’il y a une variation avec la petite hausse des cas, certains ont eu peur quand même. Mais, ce n’est pas suffisant et ce n’est pas à la hauteur de la troisième vague. Avec Delta ou Alpha, on avait même ouvert des centres de vaccination dans des stades. Il y avait de l’affluence mais maintenant, il n’y en a pas beaucoup.
Donc, il y a une chute de la vaccination ?
Oui, bien sûr. Et c’est un constat. Actuellement, les gens ne se bousculent pas. C’est à l’image de ce qui se passe ailleurs, dans les pays développés. Encore, ces pays ont même pris des mesures, en instaurant des pass sanitaires qui obligent les gens à se faire vacciner, mais ici il n’y a aucune contrainte particulière. On vaque à nos occupations mais ailleurs, vous êtes obligé d’aller vous faire vacciner parce qu’il y a des espaces malheureusement, auxquels vous ne pouvez pas accéder si vous n’êtes pas vacciné et ça pousse les gens de manière indirecte, à se faire vacciner. Mais ici, c’est un acte individuel, volontaire pour l’instant, jusqu’à preuve du contraire.
Justement, est-ce qu’on peut s’attendre à une vaccination obligatoire ?
Bon, ce n’est pas obligatoire parce qu’une vaccination obligatoire, je ne pense pas qu’on puisse s’attendre à ça. Mais peut-être, les choses peuvent aller jusqu’à ce qu’on exige un pass sanitaire dans certains endroits. Et je trouve ça tout à fait normal, exiger un pass sanitaire pour accéder à un supermarché, un stade, un restaurant, certains endroits administratifs et même certaines entreprises. On peut avoir le droit de ne pas se faire vacciner mais pour accéder à certains lieux, c’est normal d’exiger un pass sanitaire. On peut dire que dans une administration, pour y accéder, il faut avoir un pass sanitaire.
Et pour la troisième dose, est-ce qu’il y a des preneurs ?
Si… Il y en a même qui en demandait avant. On a même délivré de manière exceptionnelle, à certains qui en avaient besoin parce qu’ils devaient voyager surtout. Surtout, et parce qu’on sait également ce qui se passe ailleurs, c’est institué.
Nous, on délivre mais sur la base d’une certaine démarche scientifique, parce que nous attendons d’avoir suffisamment d’informations et de les soumettre à ceux que nous appelons nos experts indépendants, qui sont différents de nous autres et qui regardent ce qui se passe dans le monde, pour donner des recommandations et avis qui vont dans le sens d’administrer cette dose de rappel, communément appelée troisième dose.