De 4,8% du Pib initialement prévu dans le budget, le déficit budgétaire devrait atteindre 6,2% du Pib en 2022. Cette hausse attendue est causée par les dépenses, telles que la subvention de l’énergie, les salaires de la fonction publique, les transferts monétaires aux couches vulnérables et de la sécurité nationale. Qui vont être incorporées dans la Loi de finance rectificative (Lfr) dont le vote est prévu le vendredi prochain par l’Assemblée nationale. C’est la principale information à retenir de la mission du Fonds monétaire international (Fmi). Gemayel Edward, le chef de la mission, était face à la presse hier, pour présenter ses observations. «L’économie sénégalaise a débuté 2022 de manière dynamique. La flambée des cours pétroliers et desdenrées, ainsi que le ralentissement des activités chez les principaux partenaires du Sénégal en raison de la guerre en Ukraine, des sanctions de la Cedeao contre le Mali devraient ralentir le Pib réel a environ 5%. Soit 1.5 de pourcentage de moins qu’initialement prévu», a analysé Gemayel Edward. Qui estime que l’inflation devrait atteindre 5,5% cette année tirée principalement par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Ainsi, le Fmi et les autorités ont convenu d’un ensemble de mesures pour éviter le dérapage budgétaire et garantir que le déficit converge à sa cible en moyen terme de 3% du Pib conformément aux orientations de l’Uemoa.
Les résultats de la mission du Fmi
Revenant sur les objectifs de leur mission au Sénégal qui a débuté le 5 mai 2022, Gemayel Edward a informé que «le Fmi et les autorités ont convenu d’un ensemble de mesures pour éviter le dérapage budgétaire et garantir que le déficit converge à sa cible en moyen terme de 3% du Pib, conformément aux orientations de l’Uemoa. Les résultats du programme ont été mitigés. Tous les critères de réalisation en fin décembre 2021 ont été respectés à une exception près. Un des 3 objectifs indicatifs a été atteint. Les recettes fiscales ont été inférieures à l’objectif fixé par le programme en partie en raison de la mise en œuvre limitée du train de mesures fiscales adopté dans la première loi de finance rectificative de 2021».
Marchés de gré à gré, le Fmi rappelle le Sénégal à l’ordre
Toujours dans le cadre de leur mission, les fonctionnaires de l’institution de Bretton woods ont noté que «la proportion de marchés publics conclus sans mise en concurrence a continué de dépasser le plafond du programme». Le Fmi souligne ainsi, «l’importance de limiter cette pratique pour garantir un meilleur rapport qualité prix dans les dépenses publiques. Sur le plan structurel, sur les 8 repères, les 4 ont été satisfaits. La publication du rapport de la Cour des comptes sur les dépenses faites sur la pandémie qui a accusé du retard, devrait être faite en juillet prochain».
Revenant sur la subvention à l’énergie, le Fmi attend du Sénégal «une feuille de route crédible pour l’élimination de la subvention à l’énergie». Ainsi estime Gemayel Edward, la stratégie des recettes à moyen terme devrait être mise en œuvre de manière plus résolue pour stimuler la mobilisation des recettes intérieures. Dans la même logique, le Fmi a encouragé l’Etat du Sénégal «à parachever le cadre budgétaire pour la gestion des recettes issues du gaz et du pétrole (…) et à communiquer les projections des recettes pétrolières en toute transparence».
La dette du Sénégal soutenable
Bien que le Sénégal ne soit pas épargné par les conséquences économiques de la crise ukrainienne, sa dette est toujours soutenable, selon le Fmi. «Elle est toujours soutenable. L’espace budgétaire est en train de se rétrécir à cause de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Cela ne veut pas dire que la dette est en danger pour le moment.
Elle est toujours soutenable, mais il y a des efforts à faire pour créer des marges de manœuvre», recommande Gemayel Edward. Qui voit d’un bon œil la volonté de Macky Sall de doter le continent d’une agence de notation panafricaine.