L’école supérieure polytechnique de Dakar continuait hier encore, mardi, d’être le lieu de farouches échauffourrées entre étudiants et Forces de l’ordre. Des éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) dépêchés sur les lieux pour assurer la sécurité de l’établissement, suite aux affrontements qui opposent tous ces derniers temps-ci les étudiants du volet public à ceux de la formation privée.
Hier matin ainsi, la cour et le terrain de l’Esp (ex-Ensut) étaient transformés en champ de bataille entre les étudiants légalement inscrits et les Forces de l’ordre. Venus pour empêcher l’accès à l’Esp, comme prévu jusqu’à la satisfaction de leur revendication, ces étudiants se sont vus empêchés par les éléments du Gmi. Il s’ensuivit alors un violent échange de jet de pierres contre des gaz lacrymogènes, transformant l’établissement suprieur en zone d’extrême turbulence.
Et pour cause, les étudiants de la formation initiale (public), ceux qui ont été reçus au sein de l’institution universitaire par le biais d’un concours piloté par l’Education nationale, réclament la primeur du diplôme universitaire de technologie (Dut) et s’insurgent par là contre le fait que les étudiants issus de la formation privée, donc payante, puissent recevoir les mêmes diplômes qu’eux.
Pour ces étudiants de la formation initiale, l’argent est ainsi en train de se substituer au mérite. Pour eux, c’est la privatisation de leur établissement qui est en cours. « Jamais l’argent ne remplacera le savoir et le mérite dans notre établissement. Et notre école ne sera pas privatisée », avertissent-ils ainsi à chaque occasion. Pour remédier ce qu’ils conçoivent comme une anomalie dans le fonctionnement de l’Esp, ces étudiants de la formation initiale ont donc décidé d’user de tout leur pouvoir pour empêcher ceux de la formation privée de bénéficier de ces diplômes.
A noter que depuis 2007, la guéguerre des diplômes entre les étudiants inscrits à l’issue d’un concours et ceux de la formation payante fait rage à chaque rentrée académique. Pis, elle invalide davantage la décision des autorités académiques d’ouvrir des sessions de formation payante dans les établissements supérieurs rattachés à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour appuyer la subvention du gouvernement. Établissement public, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière, l’Ecole supérieure polytechnique (Esp) fait partie intégrante de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
L’établissement a été créé par la loi n° 94-78 du 24 novembre 1994 et a pour missions de former des Techniciens supérieurs, titulaires d’un Diplôme universitaire de technologie, des Ingénieurs d’exécution titulaires d’un Diplôme d’ingénieur technologue, des Ingénieurs de conception, titulaires d’un Diplôme d’ingénieur de conception, voire des Managers en gestion d’entreprises titulaires d’un Diplôme d’études supérieures de comptabilité et d’administration financières.
Etablissement qui a toujours été un fleuron de l’enseignement universitaire du Sénégal, voire de la sous région, l’Esp est traversée actuellement par une série de problèmes dont certains, s’ils ne sont administratifs, sont tout simplement liés à une gestion « problématique » de ses fonctions de service , selon des acteurs proches de l’institution universitaire.
sudonline.sn