Crise dans le parti du president: L’origine des contradictions entre Cissé Lô et Macky Sall

Le torchon brûle, plus que jamais, entre le président Macky Sall et son intrépide bouclier, sous le régime de Wade finissant, Moustapha Cissé Lô. Un combat aux mille et un risques, dont les causes sont à chercher dans le proche entourage du président Macky.

Avant de s’envoler, vendredi dernier, pour Addis-Abeba où se tenait le sommet de l’Union africaine, le président Macky Sall avait pris le soin de limoger Moustapha Cissé Lô du poste de ministre-conseiller. C’était une suite logique. Car, bien avant, il fut dit que Cissé Lô avait proféré des insultes à l’endroit du président. Ses insultes auraient été enregistrées à l’occasion de sa tournée européenne, dont il est revenu ce week-end. Durant et après la campagne électorale, cet ex-ministre-conseiller avait contesté la volonté de Macky Sall d’installer Moustapha Niasse, tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), au perchoir. Car, argumente-t-il, ce poste, auquel il postule, ne doit revenir qu’à un militant de leur parti : l’Alliance pour la République (Apr). C’est ce qui s’est fait jusque-là dans l’histoire du Parlement sénégalais. Il est vrai que le contexte de l’élection de Macky Sall est différent de ceux de ses trois prédécesseurs. Mais, en vérité, les causes de la contradiction entre Macky Sall et Cissé Lô sont à chercher au-delà de la personne du leader de l’Alliance des forces de progrès.

Moustapha Niasse, un épiphénomène

Le porte-parole du président, Abou Abel Thiam, tout comme celui de l’Apr, Seydou Guèye, avaient parlé de « mesure disciplinaire » pour justifier le limogeage de M. Lô. Le ministre de l’Intérieur et par ailleurs chargé des élections de l’Apr, Mbaye Ndiaye, fera résonner un autre son de cloche : Se fondant sur la Constitution, il déduit : « il y a des postes qui ne sont pas cumulables ». Autrement, a-t-il soutenu ce week-end à Mbour : « on ne peut pas être député et en même temps membre de l’exécutif ». Ce compagnon d’infortune de M. Lô, avec lequel il fut exclu de la onzième législature du fait de leur soutien à Macky Sall démis du perchoir, ne peut que jouer le conciliateur. Ainsi, affirme-t-il : « le prononcé de son éviction (Cissé Lô, Ndlr) du pouvoir exécutif doit être compris comme le respect des normes, et je pense que c’est la lecture qu’il faut avoir de l’affaire Moustapha Cissé Lô ». C’est la « victime » qui met la langue là où la dent fait mal, comme disait l’autre : « il faut couper le lien entre Macky et le lobby qui le tient, y compris les parvenus de l’Apr, qui sont sortis subitement de nulle part, après avoir mangé dans les mains de tous les patrons de presse et qui veulent se faire une publicité aujourd’hui ; alors qu’il n’y a guère longtemps, ils étaient des insignifiants ». Avec ses indications faites, à la mesure de son tempérament, il devient facile de mettre des visages sur les « lobbyistes » qui tiennent Macky, « les parvenus » et ceux « qui veulent se faire de la publicité ». Moustapha Cissé ne tardera pas à le faire, si Macky Sall ne se le réconcilie pas. Car, « je vais éclaircir tout cela bientôt », a-t-il promis.

Un vent qui annonce la tempête ?

Rappelons que Seydou Guèye est arrivé dans l’Apr, après la création de ce parti, dont Cissé Lô est co-fondateur. Cet ancien porte-parole du Parti de la Réforme (PR) de l’ancien ministre Abdourahim Agne, dont il fut le Directeur de cabinet, est devenu le Secrétaire général de la présidence de la République. Abou Abel Thiam fut le conseiller en communication de Me Mbaye Jacques Diop, du temps où celui-ci présidait le défunt Craes. Par la suite, il occupera le même poste sous Macky Sall, Premier ministre puis président de l’Assemblée nationale. Macky opposant, Abou Abel s’était accordé une période sabbatique, pour diriger la Rédaction du défunt quotidien « Kotch ». Cette publication disparue, il avait lancé son journal en ligne. Messieurs Guèye et Thiam ont émis leurs positions sur les sorties éminemment politiques de M. Lô. La polémique pourrait bien enfler. Déjà, les cadres de l’Apr ont déclaré qu’ils sont solidaires de Macky, tandis que des militants de Nioro du Rip, fief de Niasse, ont publiquement soutenu la position de M. Cissé Lô, qui est, également, en phase avec des femmes de leur parti et des militants de Touba. Ceux-ci ont déclaré Macky Sall persona non gratta dans la cité religieuse ; ceci, tant que leur mentor ne sera pas réhabilité.

Alioune Badara DIALLO

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