Victime d’un attentat le 3 décembre, le chef de la junte guinéenne est hospitalisé au Maroc, qui aimerait bien le voir partir.
[PHOTO] Le chef de la junte Moussa Dadis Camara et son aide de camp Toumba Diakité, le 2 octobre 2009 à Conakry
Presque tout le monde le sait maintenant. Les médecins disent qu’ils ont fait pour Dadis Camara tout ce qui était cliniquement possible. Il est hors de danger, mais la balle de son aide de camp, Toumba, lui laissera des séquelles irréversibles. Il souffrira pour le reste de sa vie d’une dépression mentale aux conséquences imprévisibles, pouvant aller du meurtre au suicide. C’est pourquoi, le capitaine Dadis est “maintenu dans un état de sommeil la plupart de la journée”. Ses réveils sont dits douloureux pour les rares témoins qui y ont assisté, tels le général Sekouba Konaté et ses proches. Le nouvel homme fort de Conakry a vu Dadis deux fois en deux jours. Il reste volubile, mais de moins en moins coordonné, entre des crises de nerfs et une inquiétante capacité d’autosuggestion qui le fait tantôt apparaître dans le box des accusés de la Cour pénale internationale (CPI), tantôt dénoncer des attentats contre lui de la part de ses frères d’armes.La visite de Konaté lui aura permis, en tout cas, de se convaincre qu’il ne pourra plus revenir au pouvoir. Les Marocains sont gentils, mais le traitement médical de leur hôte est fini. Ils souhaiteraient donc le voir rentrer chez lui maintenant. Le seul ennui, c’est que les Américains et les Français disent qu’il n’en est pas question. Dadis Camara vivant à Conakry, même irréversiblement dépressif, resterait un enjeu et peut-être une hypothèque pour la poursuite du processus de transition. La Libye est une option. Mais elle a besoin de l’aval de Kadhafi. Dadis l’appelle Papa Kadhafi, c’est vrai. Mais le Guide n’oubliera pas que le fils impétueux a préféré Ouagadougou pour la médiation avec l’opposition, au lieu de Tripoli.