Nouvelle architecture, folie du design, le Dakar des années 2000 est en mouvement. Mais, ces maigres recettes urbanistiques et architecturales suffiront-elles pour changer la ville ? Bluff ou simple trouvaille de politiciens qui, à peine, arrivés au pouvoir, ont lancé moult idées, dont celle de construire une ligne de tramways alimentée par le soleil. L’idée n’a pas changé le monde, à la lumière de qui s’est passé depuis. Entre la ville intelligente, et plus fonctionnelle, les Sénégalais n’ont eu droit qu’à une ville réaménagée sur ses anciennes fondations. Laissant le cœur et le ventre de Dakar dans ses travers d’il y a 30 ans, moment où la ville saturée avait commencé à tousser.
Pour faire semblant d’être un bout clairvoyant pour ce qui est des énergies vertes, le président Wade et certains dans son entourage propre ont vendu pendant une année, de manière virtuelle, ce projet tout aussi virtuel de train à grande vitesse et de tramway solaire qui risque de ne jamais voir le jour. La raison étant que des problèmes plus simples de modernisation et d’organisation du réseau de transport dans les villes attendaient encore des débuts de solution. Ils ont nom : le transport interurbain et urbain, l’éclairage public, l’accès à l’eau dans la périphérie, la gestion saine ordures, le règlement partiel de la problématique des inondations dans tout le Sénégal.
Dans tous les cas, dans ces différents domaines, l’Afrique en général est très en retard. Dakar et son agglomération ne sont pas une exception. Les petites associations comme les Organisation non gouvernementales se battent encore pour poser les jalons. Mais, elles ne sont encore que dans des actions assez timides du genre activités de l’Ong Enda Tiers Monde dans la banlieue de Dakar et de certaines villes en Afrique de l’ouest comme à Bamako par exemple. Pour le changement climatique, l’élévation du niveau de la mer, les solutions sont encore inexistantes. Le Sénégal n’en fait pas encore un grand combat dans un monde où les changements et mutations urbains pour tracer les contours de la future cité verte sont posés de manière différente ici et là pour tous.
Certaines parmi ces villes affichent de vraies ambitions avec l’émergence de nouvelles formes de modernisation basées sur les technologies vertes. A l’image d’une ville comme Newcastle au Royaume Uni, des milliers de ville s’attellent à modeler la cité de demain. Une ville plus verte, plus respirable, plus durable, plus humaine et solidaire. Une cité comme Amsterdam, au Pays Bas, s’inscrit dans le mouvement depuis quelques années pour devenir la première ville « intelligente » truffant avec les bâtiments publics, les logements et les rues de boitiers reliés par Internet.
Mesure qui vise à réduire la consommation énergétique des habitants et les émissions de gaz à effet de serre de 40%d’ici à 2020. C’est tout près cette échéance. Stockholm, Londres et Barcelone devraient lui emboiter le pas. Dans la même veine, les grandes villes américaines symboles de l’étalement urbain, entament elles aussi leur mue : en effet, 170 d’entre elles ont adopté les Objectifs de Kyoto. Alors même que les Etats-Unis n’ont jamais signé le protocole.
Les bons points de la cité écolo
Seattle, Portland en Oregon, (ville qui recycle 75% de ses déchets ménagers, un record mondial), San Francisco, Austin, Boulder arrivent dans le peloton de tête des villes les plus vertes de la plupart des classements mondiaux. En France, plus près de nous, les villes de Strasbourg, championne du palmarès des villes les plus écolos, Nantes, Grenoble, Paris et Bordeaux se sont déjà lancées dans une course au développement durable. Outre Atlantique, le thème des « Shrinking cities » (villes les plus rétrécies), fait parler de lui. Une mode nouvelle qui arrive. L’administration Obama a ainsi ciblé une cinquantaine de villes comme Philadelphie, Baltimore et Memphis, les sommant d’appliquer un modèle de réduction urbaine à l’instar de Flint dans le Michigan.
Dans cette cité peuplée de quelque 110 000 habitants, à une centaine de km de Détroit, des zones pavillonnaires entières subissent aujourd’hui la loi des bulldozers. Un millier de maisons ont été détruites et 3000 autres devraient subir le même sort. La crise de l’immobilier a aidé en cela, mais la petite histoire est que la municipalité n’avait plus les moyens d’entretenir les services publics urbains sur un territoire aussi étendu. Aujourd’hui, dans les grandes villes d’occident, la densification marque la fin d’un rêve. Celui de la maison individuelle ; et dans ce contexte, le futur urbain signe le grand retour du logement collectif dans certains pays ; sinon son urgence dans les villes émergentes comme en Afrique, selon François Bellanger, Directeur de Transit-Cities, un think thank qui réfléchit sur la ville de demain.
Objectif climat et biodiversité
La ville contre la terre
Et Dakar alors ? Au moment où le sujet sur les inondations encore grave de cette année se calme un peu, deux mois après la fin de la saison des pluies, il semble que le problème restera entier tant que l’Etat comme les communes continueront à distribuer à la clientèle politique, des terres arabes non propices au logement. Au mépris de toute règle de prudence, on continue à défricher autour de la ville multipliant les implantations humaines autour de Dakar. La conséquence est qu’à chaque saison des pluies de nouvelles zones sont plongées dans des inondations plus graves, parce que fixées sur des sites dites non aedificandi. Mais, qui s’en soucie ?
La question qui se pose pour les villes de demain est de savoir si nous sommes aujourd’hui obligés de vivre dans un Shanghai de béton, à l’horizon barré de gratte-ciel ou dans de simples villes contrôlables, organisées seulement laissées aux citoyens. Parce qu’à en croire certains spécialistes, « la nature pourrait faire son retour à la proximité des villes. » De bonne guerre, dira-t-on. Ainsi, plus de la moitié des produits alimentaires consommés par les habitants d’une ville comme San Francisco sont cultivés dans un rayon de 50 km autour de la ville contre presque rien, il y a dix ans assure l’architecte Jean Robert Mazaud à la tête du cabinet « Blue Holding ».
Les villes d’Afrique à commencer par Dakar sont ainsi dans l’urgence au moment où se termine sur un accord hypothétique le sommet sur le climat de Cancun. Et un mois après la fin de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité. Après avoir pillé ce qui reste des grandes forêts du continent, il est à craindre que le prochain bradage est lié à l’épuisement des réserves d’eau disponible. Mais aussi de terres bonnes à l’agriculture au seul plaisir de voir la ville grandir, grossir dans l’anarchie. Une catastrophe est imminente à Dakar comme ailleurs, le jour où il arrivera que l’eau manque.
Déjà en refusant de donner plus de place aux énergies nouvelles et renouvelables, les villes africaines ont fait le choix du pillage organisé de leurs maigres ressources financières en optant pour l’usage du fuel. Le solaire les attire peu. Le vent est trop incertain. Le biogaz n’est pas dans leur corde.
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