Manifestement, au Pds, la mère des batailles pour 2012 est lancée… Qui prend Dakar, prendra le Sénégal tôt ou tard. Pendant que Bennoo savoure son triomphe de la dernière élection municipale, au Pds, on stresse pour l’avenir.
La dernière chance de rester au pouvoir pour les Libéraux est de gagner la présidentielle, puis les législatives, avant de repartir à la conquête des villes. Et donc, priorité des priorités, reprendre Dakar. La reconquête se prépare, qui passe par un renouvellement du personnel politique… Deux camps affûtent leurs armes : les anciens, qui cachent de plus en plus mal leurs frustrations, face aux derniers arrivés qui n’entendent pas jouer les figurants. Et chaque armée à son général, prêt à passer à l’offensive… A ma gauche, le président du Sénat, ancien maire de Dakar déchu lors du dernier scrutin municipal, alors que sous son magistère, jamais Dakar n’avait autant fourni d’efforts pour ressembler à une authentique capitale internationale… Il est vrai que toutes ces transformations ont été mises à l’actif (ou sur le dos, c’est selon) de Karim Wade, alors patron de l’Anoci. Pape Diop, ce doit être de naissance, on n’arrive pas à lui trouver une aura digne de son grade politique. Dauphin constitutionnel depuis dix ans sans interruption, sous sa casquette de président de l’Assemblée nationale puis de président du Sénat, ancien Maire de la capitale, rien n’y fait, il ne déchaîne pas les passions… A la Présidence, aujourd’hui, il est regardé de travers pour avoir, non seulement perdu Dakar, mais encore et surtout fait porter le chapeau de ce crash à Karim Wade… Son manque de zèle pour conserver Dakar sous la coupe du Pds n’a échappé à personne. Depuis, la confiance ne règne plus. Pape Diop est dans la posture d’Idrissa Seck quelque temps avant que la charge ne soit sonnée par le président Wade contre son Premier ministre de l’époque. Macky Sall a connu la même galère, pour le même motif. Ils sont sourds ou lourds ? Faut pas toucher à Karim Wade… Le président Wade, qui les a tous imposés au forceps dans des fiefs difficiles (Idrissa Seck à Thiès, Pape Diop à Dakar, Macky Sall à Fatick) n’arrive pas à comprendre que ses enfants adoptifs n’acceptent pas qu’il en fasse de même pour Karim Wade. Ils se sont rebiffés, et ça leur a coûté le lien ombilical qui les reliait au Manitou du Pds. Pape Diop, donc, n’est pas loin du bannissement. Ce qui peut lui sauver la tête, c’est la proximité de la présidentielle : ce n’est pas le moment de se faire des ennemis inutilement… Il n’empêche, la fracture est ouverte, au moment où Idrissa Seck se pose comme leader incontestable du Pds légitime, celui qui était là avant le 19 mars 2000. Pape Diop, que l’on voit mal créer un parti et se lancer dans la course à la présidentielle, peut être tenté de rejoindre la vague des anciens du Pds, les légitimistes, sous la férule d’Idrissa Seck, lequel est pourtant le théoricien de la transhumance déclenchée en 2000. Le président du Sénat, en plus des grappes d’inconditionnels lébous qu’il draine (Ouakam, Cambérène, Yoff, etc.) aura dans ses bagages quelques alliés considérables, des Dakarois purs et durs : Seynabou Wade qui ne digère pas l’invasion des « watch-bèès » et le clame haut et fort, Awa Diop, sa meilleure ennemie, Fadel Gaye (ou ce qu’il en reste), la survivante Sokhna Thiam, que Barthélémy Dias a déboulonnée, Bineta Sall de Yarakh qui viendront s’ajouter aux autres amazones de la belle époque du Sopi, dont Ndèye Maguette Dièye, le poids lourd de Grand-Dakar, fidèle parmi les fidèles à Idrissa Seck. En banlieue, si le Sénateur en chef peut compter sur Moussa Sy, il n’est pas évident que Lamine Bâ les accompagne dans le maquis… Mais c’est déjà pas mal de monde pour un seul camp. A un an de la présidentielle, alors que le Pds est en train de se casser en deux, aux yeux du Palais, la solution de rechange s’impose pour Dakar. Ils ne sont pas allés chercher bien loin : Mamadou Seck, vainqueur dans son fief à Mbao, qui est parvenu à fédérer derrière lui les têtes brûlées de la banlieue, Daour Niang et Aminata Lô… La banlieue, c’est comme pour Modou Lô, ils ne sont pas les meilleurs, mais ils sont les plus nombreux… En période électorale, c’est …capital. Et si le président Wade le lui demande poliment, Demba Dia, le rocker des Parcelles Assainies pourrait donner un coup de main au maire de Mbao. Ndèye Khady Diop, qui se déploie bien plus à Kaolack qu’aux Parcelles ces derniers temps, y entretient encore quelques amitiés qu’elle verserait bien volontiers dans la corbeille du nouveau chouchou du Président ; Mamadou Seck peut également compter à Dakar sur la famille Wade, dont les cousins Doudou et Karim… Tout ça pour vous dire que les carottes sont pratiquement cuites pour Pape Diop concernant le rôle de patron du Pds à Dakar. Signe des temps, c’est à Mamadou Seck que l’on confie les tâches sérieuses. Il se dit, en plus, qu’il est des rares à bénéficier du privilège de se concerter avec le Président ces derniers temps. Reste à savoir si Pape Diop va continuer à bénéficier du statut de dauphin constitutionnel encore pendant longtemps. Deux possibilités pour lui enlever ce dernier galon : faire du président de l’Assemblée nationale le président par intérim en cas de vacance du pouvoir ; et ça, c’est juste pour le président Wade une formalité ; autre possibilité, c’est de changer le président du Sénat et mettre quelqu’un d’autre ; pour le président Wade, c’est toujours une simple formalité… Son souci principal, il faut bien en parler, est de mettre sur orbite des hommes capables de perpétuer son œuvre. Il est manifeste que dans son entendement, les casseurs des années de braise du « Sopi » conquérant ne sont pas les meilleurs choix. Ils devront s’éclipser devant des hommes neufs, qui savent se tenir. Quitte à aller les chercher dans les rangs de ses contempteurs d’hier. Entre les deux, la masse des indécis, qui se dispersera au petit bonheur la chance, selon que les billets de banque se distribueront à gauche ou à droite. Ainsi va le Sénégal…
Ibou Fall (Banc Diakhlé)
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