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Dak’art 2024 : L’art comme un levier social

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« Be yourself; everyone else is already taken ». Oscar Wilder
« Ku wacc sa andd, andd bu’oo dem fèkk fa borrom ». La sagesse Wolof

A l’occasion de la Biennale de Dakar, je renoue avec une de mes premières passions : l’art plastique. La biennale tient sa 15ème édition présentement à Dakar, du 7 novembre au 7 décembre: Dak’art 2024. Elle a été institutionnalisée en 1989. La première édition eu lieu l’année suivante. Elle est une rencontre d’art contemporain Africain qui accueille des artistes du continent et d’ailleurs

Je ne suis pas ici dans l’analyse du discours, mais je ne tombe pas bien loin du système linguistique, car l’écriture que nous avons présentement est la forme la plus récente de l’expression graphique de la langue. Pour communiquer, les premiers hommes ont eu recours à la voix, aux gestes et au dessin, (on est quelque part tous des artistes !). Puis, par manque de temps, et par enrichissement de notre univers encyclopédique, notamment symbolique et abstraite, on est passé à la stylisation (la simplification) des formes. Pensez aux hiéroglyphes et aux langues logographiques comme le chinois ou le japonais …..

La célébration de l’art avec la Biennale de Dakar est une sorte de retour sur notre parcours, une réflexion sur notre soi, sur le chemin parcouru en tant qu’individus, peuples ou continent(s), car la conscience est la garantie de l’action durable. Toutefois, je suis contre la contemplation narcissique et stérile, la théorie parnassienne de l’art pour l’art, ne me correspond pas. Quand Senghor parlait d’enracinement et d’ouverture, il était question de mieux savoir qui on est, d’où l’on vient, afin de mieux avancer, de ne pas tourner en rond. Donc je ne suis pas pour une Afrique qui serait un musée, un espace fossilisé et statique, ni pour des artistes refermés sur eux. Je suis pour l’art pris comme une énergie, une philosophie qui permette sans cesse de se réorienter, de se remettre en cause, afin de mieux avancer dans tous les domaines. Toute action qui n’est pas nourrie de l’authenticité du soi est dépourvue de constance, et vouée à l’échec, comme un chantier exécuté sans la réflexion ou la planification qui permettent de le circonscrire.

« Be yourself; everyone else is already taken ». J’ai choisi cette citation de Oscar Wilder pour attirer l’attention. Mais une fois que je l’ai, je vous dirai que notre sagesse doxique (Amossy) ou ethnotextuelle (Barry) n’a rien a envier à l’Occident puisque Wolof Ndiaye avait déjà dit « ku wacc sa andd, andd bu’oo dem fekk fa borrom ».

J’ai confiance que la Biennale est non pas une oasis déconnectée du monde, mais un levier d’une énergie saine et authentique au service de l’action. J’en profite pour saluer Alboury Loum, Professeur à l’École Nationale des Arts, qui a fait un chemin remarquable tout en restant fidèle à son canevas. On était ensemble au CEMT au Baol, avec El Hadji Malick Seck (le polyvalent MASS) qui a bien diversifié sa passion originelle. De mon côté, je fais toujours de l’art pour me ressourcer. Mais même si je me suis tourné plus vers le discours, je garde mon âme d’artiste dans tout ce que je fais. Mon prof de Math, un jour, préoccupé par mon blocage devant les chiffres, me dit : « quand on est intelligent, on l’est même pour balayer ». C’était une manière subtile de me dire que je faisais preuve de mauvaise volonté ou de paresse dans sa matière. Il avait bien raison. Quand on est artiste, on doit l’être dans tout ce qu’on fait. Moussa Ngom, le chanteur, disait : « artiste du daan’u ».

Pour un développement soutenu, la conscience idéologique ne devrait pas être un ornement en politique.
La conscience religieuse ne devrait pas non plus être consignée entre les quatre murs de la mosquée, de l’église ou du temple.
Elle doit être la colonne vertébrale de nos actions. Il va de soi que cette conscience est une lumière, mais elle doit éclairer le Savoir qui est un joyau.

Je signalais que ma vision de l’art n’est pas celui qui se fait sous le sceau de l’isolement, détaché de la réalité. Il ne devrait pas non plus être vu comme un raccourci pour une réussite sociale facile. Pour réussir dans l’art, il faut persévérer. Le raccourci est un leurre, car l’inconstance est au rendez-vous, et la chute, au tournant.

Je finis en citant Pablo Picasso, le maître du cubisme. Sommairement, le cubisme est un courant qui, sur le plan formel, désarticule les facettes des volumes pour les exposer sur une surface plane. Picasso, face au nombre de jeunes artistes qui l’imitaient dans le but de profiter du succès que le cubisme avait, a mis en garde contre les raccourcis. Et son conseil est : « avant de déconstruire, il faut savoir construire ».

Il semble aujourd’hui que pour faire parler de soi, il faille transgresser l’ordre. Je parlerai, moi, de transcender au lieu de transgresser, car il faut maîtriser l’essence d’un objet avant de prétendre prendre des libertés et le porter sous de nouveaux cieux.

Salut les artistes!!
J’espère avoir l’honneur d’être physiquement avec vous, aux prochaines éditions.

Malé Fofana PhD
Université de Sherbrooke/Bishop’s University
Communication, Didactique et analyse du discours

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