L’ancien leader du Pit, Amath Dansokho était l’invité de Moustapha Diop à l’émission «Opinion» sur Walf Tv. Le coordonnateur de l’Opposition a fait des révélations graves sur le président Wade. A propos de la candidature unique de Bennoo, il a maintenu le suspens.
CRISE DES MEDIAS
«Il faut dire que les medias, les organes de presse indépendants et privés jouent un très grand rôle dans notre société. On l’a vérifié en 2000 et on le vérifie aujourd’hui encore. La disparition des organes de presse, c’est triste et grave. Je lis toute la presse et dans le détail. Nos libertés sont mises en cause fondamentalement à travers les déboires de la presse indépendante. La faute c’est sans doute que, vous êtes victimes de cet Etat qui impose des taxes. Parce que simplement, nous avons un Etat dispendieux qui ne rationnalise pas ses dépenses. C’est un Etat qui vit toujours de surtaxe sur les produits de base de la presse. Le papier est cher, et les autres intrants le sont tout autant. Et naturellement le lectorat est assez limité quand même. Walf et Sud ont joué un rôle de façon quasiment déterminent notamment par la publication des résultats dès qu’ils ont été affiché, situation qui a bien indisposé le défunt pouvoir qui ne voulait pas que les choses se passèrent de la sorte. C’est ça qui a limité la possibilité de travestissement de l’expression du suffrage. Les rapports assez tendus entre Wade et Walf n’annoncent rien de bon. Je suis convaincu que l’existence de la presse indépendante est très déterminent. Avant le 23 juin, la journée du 19 mars avec le rôle de Walf a beaucoup pesé dans la balance en faveur des protestations. Un rôle qui a été réédité encore avec plus de force le 23 juin 2011. Wade ne veut pas que cela se réédite. Mais nous dispositions de forces pour lui barrer la route.
Wade a-t-il compris le message du 23 juin 2011 ?
Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Je conversais avec Abdoulaye Wade assez régulièrement sur sa sollicitation et sur ma demande. Notre parti a pour règle de discuter avec le pouvoir en place. Je le faisais avec Diouf, avec Wade je l’ai fait d’autant plus qu’il est élu avec mes voix, avec ma contribution déterminent en tout cas. Nous avions le droit de lui dire de faire attention. Mais il n’entend pas. Nous sommes disposés au dialogue. Sa surdité est née dès qu’il s’est fait une religion que c’est son fils qui doit lui succéder. C’est pourquoi quand l’opposition demande à discuter avec lui, il dit «d’accord», mais dès le lendemain il prend une mesure pour casser cet accord. Il n’a pas abandonné cette idée, à preuve certains journaux ont révélé qu’avant son départ à la Mecque, il a confié le directoire de campagne à son fils. S’il a la chance de forcer sa candidature, il mettra un dispositif qui fera que son fils sera au pouvoir parce qu’il n’a confiance en personne.
Ce n’est pas la même chose. J’ai d’excellents rapports avec tous les chefs religieux du Sénégal. Quand j’étais en bonne forme il n’y a pas eu une manifestation à Touba à laquelle je n’ai pas pris part. J’ai dit devant la maison du Khalife général des mourides, en 2005 après la cérémonie «je viens à Touba parce que le peuple Sénégalais est là». Les fondateurs ont fait des choses que personne n’a encore pu réaliser. Aucun politique n’a fait ce que ces hommes religieux ont fait.
J’ai une opinion assez balancée parce qu’ils ne sont plus tous au même registre. Mais ils sont en bonne intelligence avec le pouvoir en place. Et ça, il y a un point de doctrine. Quand on va les voir, Ils disent toujours, soyez patients, c’est DIEU qui donne le pouvoir. Ils sont dans des contraintes, et il faut les comprendre. Je ne le partage pas, mais ils ont des contraintes. C’est une réelle contrainte. Dans le cas d’Abdoulaye Wade, nous avons forcé. Quand nous sommes allés à Touba pour un meeting, j’ai insisté pour qu’on aille voir Serigne Saliou Mbacké. Il a pris nos mains, il a fait de longues prières et il finit par dire : «je crois, avec la grâce de Dieu et la bénédiction de mon père, votre compagnonnage sera bon pour le Sénégal. Je venais de renouer avec Wade en 1996 après presque 8 ans de querelles. Mais j’ai dit à Serigne Saliou Mbacké quand Wade a voulu tué Talla Sylla, nous allons marcher parce que Wade nous avait interdit une marche la première fois, et la 2e fois nous allons marcher. Je lui ai dit, vos prières de 1996 sont exaucées parce que nous avons gagné. Mais Wade à tout foutu en l’air. J’ai ajouté que Wade est maintenant le compagnon des assassins, des bandits. Serigne Saliou Mbacké a dit : «Amath ne dit pas de contrevérités. On m’a posé la question de savoir si je venais à Touba pour les élections. Je dis non. Et je défie tous les marabouts de Touba de me prouver le contraire. La politique de Wade c’est la corruption. Depuis 1988, le Ndigueul n’a jamais été suivi. Autant les populations sont attachées à leur cité religieuse, autant elles ont le pouvoir de refuser d’être orientées dans leur vote.
Un homme en perdition, au milieu des flots, même quand il voit un brin de pailles passait, il est obligé de s’y accrocher. Il sait parfaitement qu’il est perdu, mais il se dit que j’ai de l’argent et il dépense. Les gens ne voteront pas pour lui. Il le sait. Ces milliards qu’il est en train de distribuer avec une telle irresponsabilité c’est au détriment des Sénégalais. Toute la politique de Wade c’est de l’injustice. C’est ça la religion de Wade. C’est une religion où les sociétés humaines sont considérées comme des jungles. C’est notre parti qui est le premier à l’investir avant le PDS. Je disais dans le rapport que j’ai présenté à notre bureau politique qu’après les élections, le Sénégal va connaitre un séisme de reclassement politique, de redistribution des rôles, et on n’en a jamais connu. Et je disais, notre parti ne doit jamais oublier une seule seconde le compagnonnage d’extrême droite en face d’Abdoulaye Wade. C’est pourquoi je n’ai pas perdu mon temps là-bas. Dès le 2e conseil des ministres, on a commencé à s’affronter quand il voulait prendre des décisions extravagantes. Quand je suis là-bas, il ne se considérait pas comme un président, il se considérait ministre ; il fallait qu’il parte.
ACCUSATIONS DE MATAR GUEYE
Tout ça ce sont des gens qui sont désespérés. Ils se sont engagés dans une aventure dont ils savent exactement qu’ils sont perdants. Je rappelle qu’Abdoulaye Wade est venu en conseil des ministres pour dire: «on m’a dit qu’il y a des homosexuels dans ce gouvernement». Quelques temps après il vient dire qu’on lui a appris que dans le gouvernement, il ya des femmes qui sont des prostituées. Quand on a arrêté Maniang Kassé, il y a eu des menaces, et ils se sont arrêtés. Et c’est Sarkozy qui l’a appelé pour lui dire de cesser. Depuis, la recréation est finie. Ces gens sont libres. C’est le mouvement du M23 qui est comme ça, on n’y peut rien, ils sont libres. Ces homosexuels, ils là ils travaillent, ils éduquent leurs enfants…Qu’est ce qu’on veut d’eux. Le jugement dernier, ce n’est pas à eux de le faire. Dans la religion musulmane, personne ne leur a chargé de régler cette question. Même le prophète (Psl), Dieu ne lui a pas chargé d’appliquer une sentence. Matar Guèye n’a qu’à regarder autour de lui.
M23
C’est un Mouvement très large comme Bennoo où il y a toutes les sensibilités, toutes les obédiences politiques de parcours différents. Vraiment c’est compliqué. Pour ce qui nous concerne aujourd’hui qui est la lutte pour le départ de Wade, il y a un accord de fond. Et ceux qui espèrent que tout ça va sauter se trompent. Pour l’essentiel, c’est le sursaut du Sénégal.
Ce sont des hommes de science, des patriotes qui font un travail vérifié et vérifiable sur le plan international que nous avons consultés. Pr Sourang a été viré de son poste parce qu’il ne voulait pas marcher sur le schéma électoral qu’ils avaient constitués. Parce qu’ils ont dit comment ils vont voler. Aliou Sow l’a dit à la commission technique des finances à l’Assemblée Nationale en 2009. Je m’excuse de parler de lui parce que sa femme est très gentille avec moi, une femme remarquable, très belle. Mais Aliou Sow a dit aux gens, voilà comment nous allons gagner les élections ; c’est à Touba parce que c’est un bassin électoral. Wade a donné 500.000.000 CFA pour qu’à Touba, les gens s’inscrivent. Il n’a jamais gagné à Touba. Le vote est spécial. Le boycott l’a prouvé avec plus de 70%. Ils souffrent de la politique de Wade.
Candidature de Wade
Si le Conseil Constitutionnel accède à la demande de Wade, il y aura des conséquences très graves. Si les 5 sages sanctionnent positivement cette exigence déloyale et illégale, ils feront face au peuple. Ça serait une honte. C’est le peuple qui réglera cette question comme il l’a fait avec d’autres. Nous sommes inquiétés. L’homme est une marchandise pour Wade. C’est naturel. C’est lui qui est à la commande de la corruption cancéreuse qui a détruit ce pays ; les cas sont multiples. A Kédougou, Wade a obligé cette société a financé les collectivités locales de Kédougou. Cet argent est versé depuis plus de cinq ans. Mais il a fait main basse sur cet argent. Les populations de Kédougou n’ont que 150CFA par tête d’habitant. Il fait comme si c’était sa propriété.
La population n’acceptera pas. Nous avons conçu des organes pour ça. Il n’y aura pas d’élection. Dès 2003, il m’a invité au palais. J’y suis allé avec Sémou Guèye. On lui a dit : «Qu’est ce que vous avez à vous reprocher par des querelles de tendances dans le PDS. Vous avez le pouvoir, vous l’avez conquis de la plus belle des manières possibles. Personne ne vous contestera. Mais votre tâche aujourd’hui c’est de vous mettre au dessus de la mêlée. Mais quand ça rentre ici, ça sort par là. Il m’a proposé d’être Ministre d’Etat, avec porte feuille et conseiller politique spécial en avril 2010. Il m’a dit, Amath tu reviens dans le gouvernement. C’était la 10e fois qu’il me proposait cela depuis ma sortie du gouvernement. Il nous a insulté tous en disant que personne ne peut le remplacer au Sénégal. Il sait qu’il va mourir, c’est pourquoi il veut à travers ses gênes gouverner le pays (Karim Wade). Il ne veut pas de tous ces gens parce qu’il a fait des choses tellement graves c’est pourquoi il ne veut pas des autres. C’est seulement son fils qui peut le tirer d’affaire. Il sait que tout est irrégulier
SITUATION Bennoo
Nous travaillons à la candidature de l’unité, et le moment venu, cette question sera tranchée. Personnellement, j’ai une opinion, mon parti a une opinion, mais j’ai une obligation de réserve. Je n’en parle pas. Ma position ne m’autorise pas à faire des déclarations de quelques natures qu’il soit. Nous avons rassemblé l’essentiel de l’intelligence patriotique sénégalaise. Nous avons des compétences extraordinaires, nous avons appris à vivre ensemble, c’est un grand capital pour le Sénégal de sortir le pays de cette grande angoisse.
SITUATION EN Libye
J’ai serré la main à Kadhafi en 1970, premier anniversaire de la révolution libyenne. On ne pouvait pas voir le visage de Kadhafi, mais on a pu constater des bouleversements. Mais Kadhafi s’est contrasté, il n’a pas fait ce qu’on attendait de lui. Son argent, le peuple en a bénéficié, mais il était fou. Et Wade a été un de ceux qui ont aggravé sa folie. C’est lui qui l’a encouragé pour se proclamer roi des rois à l’OUA. C’est son conseiller. Wade dit qu’il n’a rien fait ici, oui, parce qu’il prenait cet argent pour le mettre dans ses poches. Il a eu beaucoup d’argent de Kadhafi. Où est l’Université du futur africain. Quand il y a eu l’histoire de l’Irak il était l’un des rares chefs d’Etat d’Afrique à demander à envoyer ses troupes.
SURTAXE DES APPELS INTERNATIONAUX ENTRANTS
Je suis contre ! Ceux qui appellent le plus ce sont nos compatriotes émigrés. Que Momar Ndao nous dise ce qu’il a à faire dans ce type de question…le pouvoir cherche de l’argent pour financer la campagne de Wade. Evidement, Wade cherche toujours de l’argent. Wade est boulimique. Il veut casser cela…tout ça sont des rigolades…C’est un tricheur né…il prépare une crise majeure par laquelle…il obtiendra. Il ne prépare aucune élection.
Je ne suis pas pour l’arrestation de Wade. Est-ce que le peuple nous le permettra ? Je ne suis pas dans cette logique. Il nous a fait beaucoup de mal, mais qu’il nous laisse redresser notre pays, qu’il renonce. Mais le gouvernement qui va venir statuera sur cette question.