Après un demi-siècle de dictatures et de régimes militaires, les 4,2 millions de Guinéens votent aujourd’hui librement pour désigner leur président.
De longues files d’attente se sont formées ce matin devant les bureaux de vote, où la population est appelée à choisir un nouveau chef de l’Etat, avec l’espoir de mettre fin aux crises à répétition qui ébranlent l’ancienne colonie française depuis son indépendance en 1958.
La Guinée a d’abord connu les 26 ans de règne (1958-1984) du « père de l’indépendance », Ahmed Sékou Touré (un civil), « président à vie » qui procéda à des purges sanglantes. Puis le général Lansana Conté s’est imposé pour 24 années (1984-2008) de régime militaire.
Le pays a ensuite vécu d’amères désillusions avec les jeunes officiers putschistes qui ont pris le pouvoir à la mort de Conté, fin 2008. Une junte militaire, responsable selon un rapport de Human Rights Watch, de la fusillade du 28 septembre 2009, au cours de laquelle plus de 150 opposants ont été tués dans un stade.
Deux mois plus tard, le chef des putschistes a été victime d’une tentative d’assassinat par son propre aide de camp, et s’est trouvé écarté du pouvoir. Le numéro deux de la junte, Sekouba Konaté, a alors entamé le processus de retour à un régime civil.
Cet officier avait promis qu’aucun militaire ni dirigeant de la transition ne serait candidat à la présidentielle et il a tenu parole. A l’issue du scrutin, il devra respecter son engagement de remettre le pouvoir aux civils, après 25 ans de régimes militaires.
La plupart des observateurs étrangers s’accordent à dire qu’il y a une volonté d’organiser un scrutin pacifique mais que les partisans de candidats évincés risquent de causer des troubles à l’annonce des résultats.
Les Guinéens ont le choix entre 24 candidats, parmi lesquels figurent une femme. Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo font figures de favoris. Tous deux appartiennent à des ethnies bien représentées en Guinée – respectivement Malinké et Peul.
Les observateurs estiment qu’il est peu probable qu’un candidat l’emporte au premier tour. Un second tour devrait dès lors opposer le 18 juillet les deux personnalités arrivées en tête. Les résultats ne sont pas attendus avant mercredi.
Ce scrutin présidentiel pourrait en tout cas être le premier à être véritablement libre et démocratique. De son déroulement et de son issue dépendra l’avenir économique du pays, premier exportateur mondial de bauxite en grand besoin d’investissements.
Mais il pourrait aussi avoir des répercussions au-delà des frontières de la Guinée et servir d’exemple à une Afrique de l’Ouest marquée ces derniers temps par une série d’élections reportées ou controversées et de coups d’Etat.
Edwige Coupez, avec agence
france-info.com
« Je suis contente de voter librement ! »
Les bureaux de vote ont ouvert dimanche en Guinée peu après 7H00 (locales et GMT) pour la première élection présidentielle libre de l’histoire du pays depuis son indépendance en 1958, après un demi-siècle de dictatures.
Au total, 4,2 millions de Guinéens sont appelés à choisir leur président parmi 23 hommes et une femme, tous des civils.
« Je suis contente de voter librement ! », a déclaré à l’AFP une commerçante d’une cinquantaine d’années, Marième Kandé, mère de cinq enfants, la première à glisser son bulletin dans l’urne dans un des bureaux de vote de l’école Federico Mayor, à Conakry.
Plusieurs centaines d’hommes et de femmes patientaient, en files indiennes, dans la cour de cette école située en bordure de mer, dans le quartier Sandervalia de la capitale. Dans les quartiers populaires de la banlieue de Conakry, les bureaux été envahis par une énorme foule enthousiaste, mais disciplinée, essentiellement composée de jeunes. « Je ne connais pas mon numéro », « où est mon bureau de vote ? », demandaient cependant avec anxiété des électeurs des quartiers de Cosa, ne sachant pas lire dans un pays où les deux tiers de la population est analphabète.
A l’étranger, plus de 122.000 Guinéens devaient voter dans 17 pays.
Ce scrutin crucial a lieu neuf mois après le massacre d’au moins 156 opposants par les forces de défense et de sécurité, dans un stade de Conakry.
« Tous, nous sommes devant le jugement de l’histoire », avait déclaré solennellement samedi soir l’ex-général putschiste Sékouba Konaté, qui préside depuis six mois la transition en Guinée. Cet officier avait promis qu’aucun militaire ni dirigeant de la transition ne serait candidat à la présidentielle et il a tenu parole. A l’issue du scrutin, il devra respecter son engagement de remettre le pouvoir aux civils, après 25 ans de régimes militaires.
La Guinée a d’abord connu les 26 ans de règne (1958-1984) du « père de l’indépendance », Ahmed Sékou Touré (un civil), « président à vie » qui procéda à des purges sanglantes.Puis le général Lansana Conté s’est imposé pour 24 années (1984-2008) de régime militaire.
Le pays a ensuite vécu d’amères désillusions avec les jeunes officiers putschistes qui ont pris le pouvoir à la mort de Conté, fin 2008.Leur chef, le capitaine Moussa Dadis Camara, a été victime fin 2009 d’une tentative d’assassinat par son propre aide de camp, et s’est trouvé écarté du pouvoir.