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De Dondou à Dakar : L’itinéraire tout en musique d’une femme Cuballo

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C’est sur les berges du Fleuve Sénégal que s’est forgé son destin. Penda Sarr, la native de Dondou dans la région de Matam poursuit tranquillement son chemin dans le paysage musical sénégalais. Apres avoir gagné le droit de s’adonner à la chanson, elle continue de captiver le public avec une voix toute particulière. Son nom est celui d’une femme que peu d’hommes ont osé défier. Penda Sarr la native de Dondou marche sur les traces de son homonyme, célèbre femme savante du village de Ngaolé. De son village natal de Dondou perché sur les bords du Fleuve Sénégal, elle a suivi en tout point un destin singulier. Femme de caractère, elle n’a pas hésité à se lancer sur une voie que peu de femmes avaient eu le courage d’emprunter avant elle. En effet chez les Cuballo, ethnie de pêcheurs et chasseurs des bords du Fleuve Sénégal, chanter ne saurait être l’activité d’une femme. Mais en marchant sur les pas de Guelaye Ali Fall, Penda a su s’affranchir des chaînes de la tradition tout en restant ancrée dans ses mailles. La chanteuse à la belle voix aigue affiche aujourd’hui sa sérénité, malgré une carrière encore modeste. «Mes premières chansons, je les ai entonnées dans mon village comme il se doit. Petit à petit, la renommée a fait que j’ai commencé à être sollicitée dans d’autres villages du Dandé Mayo», raconte la femme épanouie à la quarantaine bien sonnée.

Rencontre avec une fée
Debbo Dondou ou Cammallé, com­me on l’appelle, ne pouvait avoir un autre destin. Dès sa naissance, c’est une authentique fée humaine qui se penche sur son berceau. L’his­toire est imprimée dans sa tête et elle la raconte très volontiers. «Le jour de mon baptême, une femme artiste qui s’appelait Penda Boudal est passée dans notre village. Elle était très con­nue dans la contrée. Elle est venue demander le nom du bébé. Quand on lui a dit que c’était Penda Sarr, elle m’a prise dans ses bras et a dit :’’ Dieu fasse qu’elle soit une artiste comme moi.’’ De ce jour, je n’ai cessé de chanter avec mes petites ca­marades d’abord la nuit à la veillée, et plus tard lors des cérémonies familiales. Et quand je me suis mariée à l’âge de 13 ans, je n’ai pas cessé de chanter pour autant. Toutes les activités quotidiennes, je les faisais en chantant.» Ce don inné de la nature la conduite à se tourner vers d’autres horizons. Au début des années 90, elle s’installe dans la capitale, déterminée à vivre de son art. Le hasard faisant bien les choses, elle découvre que sa voisine n’est autre que la grand-mère de Youssou Ndour. Un voisinage qui ouvre la porte à une fructueuse collaboration avec le roi du mbalax tombé sous le charme de sa voix et qui la recommande à Malal Talla. Une belle voix au timbre particulier qui la propulse au devant de la scène avec la chanson Sow Poullo de Malal Talla alias Fou Malade qui apporte une touche particulière et séduit le public du hip hop. Elle marque et reste dans les esprits des Sénégalais. C’est le début du succès et de la notoriété pour celle qui avait fini de faire l’unanimité dans son pays d’eau et de légende.

Un chemin tout tracé
Une autre rencontre marquante, celle avec le lead vocal du Dandé Le­niol. Cette fois, c’est une cassette qui est mise sur le marché. Avec des titres comme Mali sadio, mbegnou gana, bibbé leydam, Yidbé et Seyla­bé, Pen­da Sarr confirme tout le talent qu’on lui connaissait. «Je chante aussi les femmes, je leur dis de prendre leur place et de jouer le rôle qui est le leur dans ce pays, que ça soit aux champs ou ailleurs», explique-t-elle.

Avec de nouvelles perspectives qui s’ouvrent à elle, c’est le temps de découvrir d’autres cieux, de tenter d’autres expériences et de porter loin cette musique qu’elle juge «universelle et que tout le monde chante désormais». Aux côtés de la styliste Oumou Sy, elle fait le tour de l’Europe et de la sous-région. «Je suis allée en France, en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, au Mali et au Bur­ki­na. Quand Oumou Sy présentait ses tenues traditionnelles, moi j’y mettais ma voix en chantant nos traditions.» Son style soft et sans trop de percussions lui ouvre la voie d’un succès grandissant. Autodidacte, elle se réclame de ses origines et privilégie le son du xalam et son exceptionnel timbre de voix. «Ma voix est un don de Dieu. Beaucoup de gens me de­mandent si je n’ai pas une origine malienne ; mais non, j’ai cette voix depuis ma naissance», explique-t-elle modestement avant de préciser qu’elle s’inspire de tout, car ne voulant pas rester cloisonnée. «Moi, je ne parle ni wolof ni français, et je n’ai jamais été à l’école. Mes chansons je les compose toute seule suivant l’ins­piration du moment.» Aujourd’­hui, au moment de franchir une nouvelle étape dans sa carrière, elle envisage de marquer de son empreinte le paysage audiovisuel sénégalais. «Je pen­se sortir très bientôt un nouveau pro­duit ; mais avant cela, je dois tourner un nouveau clip tiré de ma dernière cassette», annonce l’artiste. A l’heure du bilan, elle s’en remet à Dieu. «Je ne me plains pas. Je travaille et ce que je gagne me suffit. Mais ce n’est pas le plus important. L’amour et l’estime de mon public me semblent être plus importants.»

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