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De la défense du travailleur à la promotion de soi-même. (Par Alassane k. Kitane)

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Le syndicalisme sénégalais a écrit ses lettres de noblesse dans tous les corps de métier et dans toutes les professions. Le syndicalisme a contribué à la production de politiques sociales (indemnités, augmentations de salaire, protection sociale, mutuelle de santé, etc.) et à lutte pour les acquis démocratiques ( démocratisation du système des affectations, pluralisme, démocratisation des avancements, les États-généraux de l’éducation, etc.). Il y a eu de véritables héros avec des avancées indéniables et salutaires. A titre indicatif, dans le domaine de l’enseignement, le Sudess, l’Uden, le Saes, le Cusems, le Saems, etc., ont abattu un travail que seules la légitimité et l’abnégation des leaders pouvaient permettre.

Aujourd’hui le syndicalisme est train de battre de l’aile, malgré les check-off et parfois la subvention du gouvernement : les travailleurs ont de moins en moins confiance aux syndicalistes. On me dira que c’est un phénomène universel de la démocratie : dans le domaine politique il y a une rupture de confiance entre les citoyens et les hommes politiques. Mais la comparaison est préjudiciable au syndicalisme où normalement il n’y a pas d’enjeu du pouvoir et de prébendes. Au contraire, le syndicalisme, dans son esprit, fait partie des contre-pouvoirs les plus puissants et les plus légitimes.

Cependant tout porte à croire que le virus de l’embourgeoisement des leaders est la cause principale de leur perte de légitimité. Quand le niveau de vie d’un syndicaliste devient ostensiblement élevé alors que les travailleurs continuent de croupir dans la misère, il y a d’abord doute, ensuite suspicion, et enfin rupture de confiance. On ne peut pas défendre des « pauvres » et devenir riche de façon si rapide et ostensible !

Comment comprendre qu’un syndicat qui dit se battre pour la liberté et l’épanouissement de ses membres refuse de respecter ces mêmes libertés. Combien d’entre nous font l’objet de plusieurs check-off alors qu’ils ont dûment déposé une main levée au niveau des finances ? Pourquoi un syndicat devrait-il s’arroger le droit ne pas laisser un travailleur aller chercher mieux ailleurs ? Comment un syndicat peut-il être si chauvin envers d’autres syndicats de travailleurs ?

L’émiettement du mouvement syndical n’est pas toujours dû à des questions idéologiques ou techniques, c’est clair qu’il y a des enjeux totalement étrangers au syndicalisme. Les lobbies financiers et les pouvoirs politiques ont toujours préféré corrompre des leaders syndicaux plutôt que de satisfaire les revendications des travailleurs. Car en corrompant certains leaders, ils gagnent deux fois : d’abord le refus de satisfaire les travailleurs ; ensuite le discrédit jeté sur le syndicalisme lui-même.

Alassane K. KITANE

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