DE L’INDECENCE A LA DEMENCE ; DE LA DEMENCE A LA TERREUR.
La honte ! C’est le sentiment le plus partagé actuellement dans notre pays. Il n’y a pas un seul sénégalais conscient qui ne soit pas dans une gêne insoutenable, tant notre démocratie est malmenée par un régime qui ne recule devant aucune ignominie. Tous les ressorts du bricolage et du forfait seront épuisés pour tenter de sauver ce régime, car il est dans un état d’extrême fébrilité. Dans toutes les juridictions internationales, le Sénégal est aujourd’hui ridiculisé : dans l’affaire Karim Wade d’abord, dans celle Khalifa Sall ensuite, la justice sénégalaise est désavouée. Les juridictions internationales se seraient donc liguées contre la justice sénégalaise ! Comment expliquer que la justice sénégalaise soit la seule où Macky Sall gagne les procès contre ses adversaires ?
La seule réponse qui vaille est que le Sénégal est devenu un pays de non-droit, un pays où l’arbitraire fait officie de loi. Qui pouvait imaginer que Macky Sall oserait manipuler la justice et la loi à ce point ? La question ne se pose pourtant pas parce que le personnage a déçu (parler de déception chez Macky est une lapalissade, voire une redondance) : la question se pose surtout pour mettre en exergue l’indolence citoyenne qui lui permet de faire ce qu’il veut. La bataille judiciaire contre l’arbitraire est une forme d’arbitraire, voire une forme de lâcheté. Compter sur la justice sénégalaise pour résister à l’arbitraire de Macky Sall, c’est une démission dangereuse pour la paix et la concorde dans ce pays. Si nous aimons suffisamment ce pays il faut que nous nous décidions à le défendre au péril de notre vie. Si nous aimons suffisamment la démocratie, il faut que nous nous donnions les moyens d’opposer à ses fossoyeurs la même déraison qu’ils utilisent contre elle.
Quand le bon sens, la décence et le souci de l’équité font défaut à la loi, il n’y a plus de place pour la justice. Ce régime a dépassé le stade de l’indécence, il est désormais dans la sphère de la démence. Ce régime est vraiment dément parce que ceux qui l’incarnent sont radicalement incapables de faire preuve de la moindre grandeur. Car pour faire preuve de grandeur il faut avoir en soi un minimum de grandeur. La plupart des hommes révèlent leur petitesse et leur misérable nature lorsqu’ils sont placés dans des sphères élevées. Les grands hommes par contre brillent de leur splendeur quand bien même le sort et l’arbitraire des hommes les auraient plongés dans les pires gouffres. Les médiocres et les faibles tenteront tout pour être grands, mais leur malédiction est qu’ils se rapetissent davantage ils s’efforcent à imiter les grands ou à les rapetisser. Le pire sort qui puisse frapper un homme se d’être persuadé qu’il ne peut être grand qu’en cherchant à nuire à ses prochains, ses alter ego. Un destin qui se construit dans la supercherie et la mascarade politico-judiciaire est plus vile que celui des porcs qui grognent dans la boue pour se nourrir. Nous sommes des êtres humains, nous ne pouvons pas nous permettre certains abus : il n’y a plus rien de proprement humain dans les buts qui exigent qu’on sacrifie sa propre humanité.
C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal que la justice est si ostensiblement assujettie à la météo politique. On a fait des décisions de justice un instrument de chantage politique ! Cet état d’esprit doit être décrypté par tous les acteurs politiques : ce régime sait bien qu’il ne peut pas se maintenir au pouvoir sans tricherie industrielle et éhontée. Ils savent parfaitement que leur médiocrité a révolté et rebuté les citoyens et que la politique de prébende ne suffira pas. La question est dès lors que faire ?
Cette question s’adresse à tous les citoyens que nous sommes, car nous avons un devoir de loyauté envers la république et la démocratie qui sont aujourd’hui en danger. Mais la question s’adresse avant tout aux candidats Khaklifa Sall et Karim Wade : toute compromission avec ce régime serait une trahison de la nation. Macky Sall est capable de tout pour chercher à se maintenir au pouvoir : il faudra donc que ces deux candidats soient prêts à tout pour l’en empêcher.
Karim Wade n’a plus le choix : il est obligé de faire assumer à ce régime les conséquences absurdes de ses turpitudes. Ils l’ont gracié, disent-ils, pour des raisons humanitaires, et l’ont exilé pour des raisons que nous ignorons. C’est à Karim d’assumer sa part du destin : il doit rentrer au pays s’il est sincère dans son ambition pour le Sénégal. Il doit rentrer au pays pour être acheminé à la prison de laquelle il a été exfiltré nuitamment : ce serait le premier coup qu’il donnera dans le combat contre l’arbitraire et la démence politicienne de ce régime. Il ne sert à rien de chercher à dialoguer de manière civilisée avec un dément, parce que précisément il n’a plus de logos. Face à la force arbitraire d’un régime dément il faut focaliser la force légitime du peuple pour organiser une résistance sans merci ni lâcheté. Ce que Abdoulaye et l’opposition d’alors n’ont pas eu face à Diouf, ce serait utopique pour Karim et les siens de croire qu’ils peuvent l’avoir face à cet apprenti sans génie du dioufisme. Karim doit maintenant comprendre que cette histoire de la CREI n’était rien d’autre qu’un épouvantail politique. Il doit faire honneur à la démocratie et à ses partisans en contribuant personnellement à détruire cet épouvantail.
Khalifa Sall doit, sans hésitation donner les moyens nécessaires à ses partisans : il leur faut la légitimité de parler et de faire en son nom, ; mais aussi des moyens matériels pour organiser la résistance. S’il n’y a pas derrière Khalifa Sall de militants capables de faire ce que faisant Barthélémy Dias, c’est qu’il ne mérite pas d’être un leader politique dans ce Sénégal. Ce serait une erreur de compter sur des recours pour stopper la démence politicienne de ce régime. Il ne s’agit plus de débattre avec ces gens, car le seul langage qu’ils comprennent, c’est celui qu’ils utilisent sans retenue : la force. Quand la justice humaine suit les caprices des hommes, la seule vocation des honnêtes gens est la lutte. C’est dans la prison que s’est toujours construit le destin des grands hommes : Cheikh A. Bamba, Kwame Nkrumah, Nelson Mandela, Mahatma Gandhi, Martin Luther King, etc. ont été injustement accusés et jetés en prison ou exilés, mais ça n’a pas empêché leur rayonnement éternel. La seule fin envisageable pour ce régime, c’est la terreur, il faut donc dès à présent être prêt à affronter cette terreur.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal
Membre de la commission Programme et stratégies de l’IPC/FIPPU
Merci professeur pour votre rôle de sentinelle et pour votre engagement que vous menez avec courage. Rien à ajouter à la suite de votre pertinente analyse. Quiconque pense que ce qui arrive à Karim Wade ou à Khalifa Sall sont des actions isolées, menées contre des personnes ou contre un parti politique se trompe lourdement. Ce qui est en train de se passer est attentatoire à la démocratie. Ce sont les actions d’un minuscule groupe de parvenus qui sont en train de foutre la République et l’État du Sénégal en l’air pour des préoccupations bassement égoïstes et matérielles avec la complicité de pans entiers de la justice, de l’armée, de la police et de hauts fonctionnaires. Je le dis et je répète, en plus du devoir de se soulever, il est impérieux que les personnes qui aspirent à solliciter nos suffrages contre ce régime kleptocrate, corrompu et incompétent nous disent, de façon claire, les mesures sévères et coercitives qu’elles comptent prendre contre tous les magistrats, gradés de l’armée ou de la police et hauts fonctionnaires complices de cette situation en cas de survenance d’une alternance en 2019 (radiations, mises à la retraite d’office, expropriation, poursuites judiciaires, etc.). Tant que les magistrats, officiers de police ou de l’armée et hauts fonctionnaires continuent de croire qu’ils peuvent se permettre de tout faire et il suffit de retourner sa veste pour sauver sa tête en cas de changement de régime, la spoliation, la déprédation, la concussion, la corruption et l’injustice continueront à avoir de beaux jours devant eux.
Ibrahima Sadikh NDour
Donc il est professeur et il pense que Karim doit venir se battre
Quel professeur
Décidemment même des moutons exigeraient plus pour se faire diriger
Mais après tout derrière les diplômes et titre se cache tout dans ce Sénégal
Tristesse
Parfois je le demande si dieu n’a pas créé de personnes sans cervelle
Dokhandem, vous êtes le prototype du sénégalais arriéré, léger, superficiel et incapable de comprendre l’évolution du monde. L’auteur qui disait que le sous-développement est d’abord une affaire de mentalité avant d’être une situation économique, sociale et financière voit ses propos illustrés par votre malheureuse intervention. Le Professeur Kitane défend des valeurs et des principes qui peuvent être incarnés par n’importe qui parmi nous : le droit d’avoir des élections libres, transparentes et honnêtes où tout(e) citoyen(ne) est libre de concourir dans le strict respect des lois et règlements (et non selon leur interprétation élastique). Ces principes et valeurs bafoués et violés ont, aujourd’hui, un visage : Karim Wade et Khalifa Sall. Demain, ils pourraient être incarnés par d’autres personnes (vous, moi, ou un autre). S’attarder sur les noms de Karim Wade et de Khalifa Sall alors que le Professeur Kitane cherche à attirer l’attention sur les dangers qui pèsent sur la République démontre, soit votre inconsistance intellectuelle, soit votre malhonnêteté intellectuelle. Ou les 2 à la fois. Pauvre répondeur automatique !!! Finalement, vous nous pompez l’air !!! Si vous ne pouvez pas débattre de façon civilisée et tolérante, si vous êtes incapable d’échanger avec force d’arguments même avec des personnes avec qui vous ne partagez rien, alors épargnez-nous de vos commentaires débiles. Wa Salam.
Ibrahima Sadikh NDour
Quand on lit un tel texte et qu’en bas le signataire se révèle être un professeur enseignant dans un de nos lycées, on ne peut que s’étonner et se demande, s’interroger sur la qualité de son enseignement à des jeunes enfants innocents. Est-ce que des inspecteurs continuent le travail d’inspection dans nos écoles ?
Deug, ce que vous faites relève d’un procès en sorcellerie. Comment pouvez-vous, scientifiquement, vous faire une idée sur la qualité des enseignements d’une personne dans un champ disciplinaire précis (philosophie en l’occurrence) à partir d’un article général destiné à un large public ? Vous-même avez commis une faute assez grave (« se demander » au lieu de « se demande ») dans votre commentaire composé de 2 phrases. Est-ce à dire que vous ne faites pas un travail de qualité dans votre emploi de tous les jours ? Non, rien ne permet de faire une telle assertion. Renseignez-vous auprès des personnes qui ont l’habitude de siéger dans les comités de lecture de revues, de magazines ou de simples journaux. Vous vous rendrez compte, alors, que les papiers soumis par de nombreuses « sommités » intellectuelles et universitaires sont truffés de fautes. La version définitive qui fait l’objet de publication est le résultat, en général, de plusieurs corrections et ajustements (parfois effectués par des correcteurs professionnels). Ce que le professeur Kitane a écrit est clair, concis et facilement compréhensible. C’est cela qui importe.
Ibrahima Sadikh NDour