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Débat Ahmet Suzanne Camara (APR)- Mamadou Massaly (PDS): Mots et Maux d’une jeunesse politique

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Le débat diffusé sur la chaine Walf Tv mettant aux prises Ahmet Suzanne Camara (APR) et Mamadou Mansaly (PDS) était par moments comique et théâtral. On avait l’impression d’avoir en face deux véritables comédiens qui ont profité de l’écran pour se donner en spectacle. On peut parier que tous ceux qui ont suivi ce débat n’ont pas pu s’empêcher de rire aux éclats ou se tordre de rire, tellement la scène était cocasse et hilarante. Mais, c’était quand même inquiétant. On était bien loin de ce qui fait la teneur, l’intérêt et l’importance d’un débat politique sérieux illustré par une confrontation d’arguments savamment construits en vue de convaincre et de susciter l’adhésion sur des points de vue défendus.
Certes, il nous est difficile de contextualiser un tel débat tenu en Wolof. Mais campons le décor et entrons dans l’univers mental des deux protagonistes. Morceaux choisis et Verbatim :
-Sur le classement du Sénégal concernant le rapport Doing Business de la Banque Mondiale et suite à la question de la journaliste Ndeye Fatou Ndiaye, voilà quelques propos échangés entre les deux :
Massaly : « Quelle est la place du Sénégal dans ce rapport ?
Ahmet Camara : je n’ai pas besoin de savoir
Massaly : Je ne connais pas, je veux savoir. Vas-y, dis-le moi !
Ahmet Camara : Je connais ton classement à l’école. Tu étais toujours classé dernier
Massaly : Tu ne connais rien. Toi, tu dois aller te cacher quelque part, prendre une ardoise et une craie, regarder les débats et prendre note de temps en temps ».
C’est le lieu ici de faire deux constats simples mais symptomatiques des soubassements du discours de notre jeunesse politique.
Sur une question aussi importante et cruciale (la place du Sénégal dans le rapport du Doing Business 178e sur 189 pays). C’était une formidable occasion pour ces deux acteurs politiques de se pencher objectivement sur les tares de l’environnement des affaires au Sénégal, leurs causes sociales et leurs conséquences désastreuses, au-delà de toute prise de position partisane. Autant dire, une occasion pour une réflexion profonde sur les difficultés majeures des entreprises sénégalaises, les PME en particulier. Mais hélas ! On a assisté comme d’habitude à des dénigrements, de la dénégation et des attaques ad hominem. Ce qui a ainsi complètement occulté le sens et la pertinence de la question sur le rapport de la Banque Mondiale.
L’autre constat : c’est la propension, qui est une manie des hommes politiques à jouer aux « demi-savants » pour prouver leur compétence en parlant de leurs diplômes, de leurs formations. Au lieu de répondre aux questions et argumenter sereinement, ils se bornent toujours à raconter leur vie de « héros surdiplômé », de « technocrate des Nations-unies» alors qu’on leur demande juste de donner leur avis hic et nunc tout en esquissant des solutions sur des problèmes concernant les préoccupations des Sénégalais.
Malheureusement, certains jeunes des partis politiques ont tendance à reproduire la même odieuse ficelle qui consiste à fustiger leurs adversaires en leur traitant d’incompétents. De telle sorte que dans un débat, tout y passe : Intimidation, menace verbale et physique. Le comble maintenant, c’est l’allusion sur les présupposés orientations sexuelles des uns et des autres. Lamentable !
Cependant il faut reconnaitre que nos deux protagonistes ont eu parfois à dire des choses intéressantes. Seulement, l’ambiance de leur discussion a été viciée et polluée par la nature de leur personnalité va-t-en guerre et leur manque de sérénité. Et la journaliste avait toutes les peines du monde à calmer leurs ardeurs. L’émission a failli terminer dans un pugilat. Il y avait un brouhaha terrible nous rappelant l’image d’enfants qui continuent de jouer dans la cour de recréation, alors que la cloche a sonné depuis longtemps.
C’est tout le contraire du débat Abdou Mbow(APR) et Thierno Bocoum(Rewmi) sur la même chaîne. C’était arguments contre arguments. Dossiers contre dossiers. Fort heureusement d’ailleurs. Enfin, c’est rassurant.

Lamine Souané
Auteur de Sénégal histoire d’une démocratie confisquée,
L’Harmattan, 2012.

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