Dans une émission diffusée par la Télévision Futurs Médias (Tfm) le samedi 11 septembre dernier et rediffusée le lendemain dimanche 12 septembre 2010 au soir, le professeur d’histoire Iba Der Thiam s’est confronté à l’écrivain Elie Charles Moreau dans un débat d’idées. Au moment où le premier propose le passé héroïque de l’Afrique comme la base d’une bonne éducation pour la jeunesse, l’autre plus pragmatique se focalise sur le présent.
Le débat culturel animé par El Hadj Assane Guèye sur la Télévision Futures Médias (Tfm) le samedi 11 et rediffusé le lendemain dimanche 12 septembre 2010 au soir était un vrai choc d’idées. De prime abord, ce débat démocratique a donné l’impression d’une « campagne électorale » dans laquelle chaque « candidat » fait valoir la pertinence de ses idées pour y faire adhérer plus de sympathisants. Le Professeur Iba Der Thiam, visiblement nostalgique du passé glorieux des ancêtres africains, en fait le socle, le soubassement et le pilier pour une bonne éducation de la jeunesse du continent.
Il ressasse avec nostalgie la mémoire du passé, les grandes prouesses des ancêtres, les inventions historiques qui ont marqué la marche de l’humanité vers le modernisme. « C’est l’Afrique qui a inventé les mathématiques, la médecine, la géométrie. L’Egypte a formé tous les grands savants de l’Occident », a souligné Iba Der Thiam. Mais ce rappel n’a guère enchanté Elie Charles Moreau qui le surveillait du coin des yeux avec un rire « ironique » au coin des lèvres. Il rétorque à Iba Der Thiam : « Je ne suis pas contre votre développement, mais je veux dire que l’Afrique a longtemps dormi sur ses lauriers. Ce qui n’a servi à rien. L’Afrique a tout inventé, mais quel en est l’utilité aujourd’hui » ?
A cette étape de la discussion, le contrôle du débat semble échapper un peu à El Hadj Assane Guèye qui écoute les deux hommes échanger pour défendre leurs positions respectives. Iba Der Thiam remonte au créneau et rappelle de plus belle les valeurs culturelles des ancêtres. « Il faut en parler pour susciter la fierté des jeunes. Il faut rectifier le mensonge historique qui fait de l’Afrique un continent sans histoire. L’Afrique a bien histoire que ses fils doivent connaitre », a rappelé Iba Der Thiam. A cela Elie Charles Moreau a opposé une fin de non recevoir. En tout cas, le fait qu’Alboury Ndiaye soit mort au Niger n’est pas un bon exemple à enseigner à la jeunesse. Car il a fuit pour échapper aux canons des Français. Lat Dior était lui aussi un adepte de la terre brûlée. Il n’avait jamais osé affronter de front les forces coloniales.
Quand bien même l’historien Iba Der Thiam s’est défendu dans sa campagne pour la construction d’une Afrique bien encrée sur son passé glorieux, l’écrivain Elie Charles Moreau, bien imbu de sa personne, a tout rejeté en bloc en soulignant que l’Afrique a plutôt besoin d’une action rapide et immédiate basée sur les réalités du présent. Elie Charles Moreau faisant remarquer que l’expression culturel au Sénégal se limite aujourd’hui au « samba mbayanisme » (folklore) a finalement proposé des états généraux de la culture pour recadrer certains dysfonctionnements.
sudonline.sn