Le café philo de l’espace Timtimol (sis à la zone B) a choisi mercredi de débattre sur le ‘Mensonge’.Cette rencontre fut une occasion pour discuter sur cette notion réfutée par l’éthique.
Qui n’a jamais menti ? C’est la question par laquelle démarre le philosophe Lamine Sylla, animateur des rencontres dénommées ‘Café-philosophique’ de l’espace Timtimol.
Le public est sans voix. Sylla explique que ‘l’homme trouve le besoin de mentir parce qu’il est inspiré par la peur, le mépris, l’appât du gain, l’amitié, l’amour (le désir d’être aimé), etc.’
Pour lui, la cause du mensonge est ‘un amour de soi, l’homme ment pour ne pas paraître ridicule’.
Dans toutes les sociétés humaines, on fait l’apologie de la sincérité. Le mensonge est ‘esthétiquement et éthiquement condamnable’.
Entre ces deux positions, Lamine Sylla opte pour l’intermédiaire pour prendre l’attitude d’Aristote. Citant ce dernier, il dit que ‘si nous regardons deux corps de femmes, est-ce que le corps nu et plus désirable que le corps voilé ?’, s’interroge-t-il.’Ni l’un, ni l’autre’, répond le philosophe. Le corps nu devient banal autant que le corps voilé. Selon l’animateur Sylla, il faut chercher le juste milieu.L’exhibitionnisme obscène de la vérité est condamnable, comme passer son temps à dissimuler la vérité. Si on part du contexte de l’éducation, l’homme est un animal menteur. Eduquer, c’est socialisé, humanisé. Mais, dans cette démarche, en éduquant l’homme transforme l’enfant.
Deux camps opposent les philosophes sur la notion du mensonge. Ceux qui défendent le mensonge. Car pour eux, ‘toute vérité n’est pas bonne à dire’. Et ceux qui disent qu’il est ‘haïssable’.
Pour les premiers cités, le mensonge est pieux dans certaine situation par exemple ‘pour ne pas blessé ou pour sauver quelqu’un’, cite Sylla en se référant au philosophe russe, Vladimir Jankélévitch. Mentir devient un facteur d’unification, là où une vérité crée un conflit ou un malentendu.
Le mensonge a aussi une dimension culturelle. Dans chaque culture, ‘on retrouve une trace de mensonge’, dit-on. D’une société à une autre, l’homme s’adapte à une autre culture, mais dans le mensonge. Au Sénégal, par exemple, dans les mariages mixtes ‘parfois, on se convertit à l’Islam sans conviction pour épouser une fille’.
‘Il est une vérité culturelle’, ajoute un intervenant.Le cas du cousinage à plaisanterie entre Sérère et Djola ou Pulaar ‘qui consiste à se railler en inventant des histoires’, peut-être aussi cité selon lui.Le mensonge devient une construction qui soude la communauté et coupe le gène social.
Le mensonge s’institutionnalise en citant Machiavel, pour qui, ‘c’est la représentation que le peuple a du Prince qui compte c’est-à-dire l’apparence et non ce qu’il est. Le peuple sait qu’on lui ment et il l’accepte’, renchérit Lamine Sylla.
Pour ceux qui réfutent le mensonge comme le philosophe allemand, Frederik Nietzsche qu’il cite, l’enfant est purifié de tout mensonge. Mais, il change à cause des réprimandes, des interdits par le faisceau social du mensonge.
‘Le discours fait au mort est un mensonge dont la société juge acceptable’. Cette approche tend plutôt à apaiser la conscience des vivants, précise-t-il.
Le mensonge devient une maladie ‘entre huit et neuf ans’, l’âge où l’enfant discerne la réalité de l’imagination. Selon une psychiatre présente à la rencontre, ‘on parle de mythomanie, quand, celui qui ment croit être dans la vérité. Cette pathologie s’explique par un trouble vécu dès l’enfance. L’environnement familialement joue un apport directement sur le comportement’, explique-t-elle.
Pour Moustapha Sène, professeur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information et de la communication (Cesti), le meilleur moyen de ne pas mentir ‘c’est en fin de compte de se taire’.
Coudédié KANE (Stagiaire)