Dans le débat sur la recevabilité de la candidature du président Wade à la présidentielle de février 2012, d’éminents constitutionnalistes ont apporté leurs éclairages. Le silence de l’un des plus brillants d’entre eux est plus qu’assourdissant. Serigne Diop, le médiateur de la République, n’a pas pris part à la polémique suscitée par l’homme qu’il connait depuis près d’un demi-siècle. Pourtant, il n’en pense pas moins.
Dans le domaine du droit, ce natif de Thiès est dans son élément. Agrégé de droit public et science politique, Serigne Diop est un universitaire de renom. Membre fondateur du Parti démocratique sénégalais (PDS), il entre en dissidence en 1985 et créé le PDS/Rénovation.
Des sources concordantes renseignent que, si le professeur Diop n’a pas émis de positions publiques, il ne manque pas en privé de livrer ses convictions à Wade dont il a été le numéro deux après Fara Ndiaye.
Astreint au droit de réserve, Serigne Diop aurait clairement dit à Wade que sa candidature n’est pas recevable. Au cours d’une discussion houleuse durant laquelle Wade l’a supplié de le défendre, le médiateur lui aurait dit : « Ne me mêle pas à ce débat. Si toi ou un de tes souteneurs m’interpelle publiquement, je dirai la vérité. » A-t-il tenu ces propos qu’une source lui prête ? Une seule certitude : tous les universitaires qui lui ont récemment parlé témoignent qu’il est favorable à la thèse de l’irrecevabilité. Peut-on les croire tant qu’il ne rompt pas son mutisme ?
Ancien ministre sous le gouvernement socialiste, Serigne Diop a commencé à siéger en Conseil des ministres en 1993, comme ministre de l’Emploi, du Travail et de la Formation professionnelle. Il fut ensuite nommé ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, en mars 1995, et garde des sceaux, ministre de la Justice, en 1998.