Finalement, il n’y a pas que le Mouvement du 23 juin (M23) et la Cap21 pour mettre la pression sur les cinq sages du Conseil constitutionnel. Leurs sermons de l’Aïd-el-fitr ont aussi été de bonnes occasions pour certains imams de rappeler la responsabilité qui pèse sur les épaules de Cheikh Tidiane Diakhaté et Cie qui devront dire, dans quelques mois, si oui ou non la Constitution permet à Wade de briguer un troisième mandat.
Les quelques religieux qui ont jusqu’ici eu à prendre la parole sur le débat autour de la recevabilité ou non de la candidature de Wade n’ont pas voulu afficher une position nette et précise. Il s’agit, d’ailleurs, principalement de marabouts. Et les autres religieux qui se sont prononcés sur la question sont soit proches de l’opposition ou encore des soutiens connus de Wade.
Mais la prière de l’Aïd-el-fitr célébrée mercredi a été une bonne occasion pour certains imams de dire ce qu’ils pensent de cette affaire. Mais ils ont pratiquement tous tenu à rappeler au Conseil constitutionnel la responsabilité qui est la sienne. Après la prière qu’il a dirigée à la mosquée de Pikine Gazelle, Imam Massamba Diop, par ailleurs directeur exécutif de l’Ong Jamra, s’est prononcé sur la question. « Nous demandons au Conseil constitutionnel de prendre ses responsabilités et de les assumer tout en disant le droit. Car quoi qu’il en soit, ils auront des comptes à rendre à Dieu », a laissé entendre Imam Massamba Diop. Qui demande à ce qu’on laisse aux Sénégalais la liberté de choisir la personne qu’ils veulent à la tête de leur pays. « Personne n’a le droit d’imposer un président », a-t-il poursuivi.
Mais, c’est l’imam Tafsir Babacar Ndiour de Thiès qui est allé encore plus loin. L’imam de la mosquée de Moussanté où a prié Idrissa Seck, a tenu à rappeler aux cinq sages du Conseil constitutionnel le cas de leur collègue ivoirien Paul Yao N’dré dont la décision de proclamer Laurent Gbagbo président a fait basculer la Côte d’Ivoire dans la violence postélectorale. « Qu’est-ce qui a entraîné la Côte d’Ivoire dans le chaos ? », s’interroge l’imam. Avant de poursuivre : « C’est Paul Yao N’dré qui est à l’origine de ce chaos pour avoir menti dans son jugement, pour n’avoir pas dit la vérité. Résultat : des milliers de morts, des personnes déportées, un président déchu et sa famille en prison. » Et de déplorer : « La vérité n’a pas été dite. »
Poursuivant Imam Babacar Ndiour ajoute : « Le juge n’a pas de chef. La vérité doit être son seul chef. La justice doit être impartiale et indépendante. N’est pas juge qui veut. Et juger, c’est une grande responsabilité. La vérité doit être dite telle quelle, sans parti pris. Un jour où l’autre, on devra rendre des comptes devant le Bon Dieu. »
Les imams orientent leurs sermons sur le Conseil constitutionnel et les lutteurs
NETTALI.NET – La prière de la Korité a été mise à profit par les imams pour mettre la pression sur les membres du Conseil constitutionnel et sur certaines pratiques au niveau de l’arène. Les imams ont rappelé aux « 5 sages » que quel que soit ce qu’ils feront, ils retourneront à Dieu et devront s’expliquer avec lui. Ils ont prié pour un Sénégal de paix, de stabilité et de prospérité.
« Korité 2011 : les imams appellent à des élections apaisées », titre « Le Soleil ».
« Les imams s’étaient-ils passé le mot ? En tout cas, actualité oblige, les sermons de l’Aid El-Fitr ont été presque unanimement centrés sur la préservation de la paix et de la concorde nationale. Comme dans une ritournelle, de la mosquée mouride Massalikoul Djinane où le président Wade a sacrifié à la tradition, aux confins de Fatick et de Tambacounda, en passant par la Grande mosquée où le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a prié comme à l’accoutumée, le ton était le même : entente, respect de l’autre, transparence et acceptation du verdict divin et des urnes. Partout, les hommes de Dieu ont appelé au sens des responsabilités et prié pour un Sénégal prospère et stable », écrit « Le Soleil ».
« Le Populaire » note qu’à Massalikoul Djinane, l’imam a fait un « sermon-réquisitoire contre le Pds et la Cap 21 ».
« Les propos discourtois des acteurs politiques lors de récents déplacements dans la ville sainte vivement dénoncés. Rappel a l’ordre clair du khalife général des mourides, par la voix de l’imam de massalikoul Djinane : plus de retenue, sens de la mesure, considération et respect vis-à-vis de Touba », rapporte « Le Populaire ».
« L’Observateur » ajoute que « Wade (est) savonné (et) le Conseil constitutionnel sermonné ».
Dans « Walfadjri », Imam Massamba Diop, s’adressant aux membres du Conseil constitutionnel déclare : « Vous aurez des comptes à rendre à Dieu ».
« Walf Grand-Place » indique que lors de la prière de l’aïd-el-fitr, les imams ont également fait un « sermon contre la pratique de la lutte ». La lutte, soutiennent certains prêcheurs dans « Walf Grand-Place », ne peut pas être licite en Islam. « Walf Grand-Place » note que les imams ont aussi lancé une « fatwa contre les « comédiens qui jouent avec l’Islam ».
« L’Observateur » fait remarquer que, « arrivé en retard à Massalikoul Djinane, Wade en sort aphone ».
Ce qui fait dire à « Walfadjri » que « Wade sert un silence assourdissant ».
« Chose rarissime, le chef de l’Etat a refusé, hier, de s’adresser à la presse à la fin de la prière de Korité à la mosquée mouride Massalikoul Djinane de Colobane. Abdoulaye Wade, qui a toujours sacrifié à cette traditionnelle entrevue avec les journalistes sur les questions politiques, socioéconomiques, selon qu’elles font l’actualité, a contre toute attente gardé le silence radio », indique « Walfadjri ».
« Sud Quotidien » informe que « les ex-agents de l’ex-Sias ont suspendu, mardi 30 août, leur grève de la faim, suite à une médiation du coordonnateur et du porte-parole de la Cap 21, Iba Der Thiam et Mame Mactar Guèye ».
« Informés par les correspondants de presse de la Banlieue de la détresse de ces vingt-deux hommes et seize femmes, affaiblis par six jours de grève de la faim, et qui paraissaient abandonnés à eux-mêmes, les deux responsables de la Cap 21 ont été, sur insistance du Pr Iba Der Thiam, reçu nuitamment au Palais de la République, où le chef de l’Etat, en dépit des préparatifs de son voyage, pour la Conférence internationale sur la Libye, devant se tenir à Paris, a eu l’amabilité de les recevoir, sans protocole, pendant plus d’une demi-heure », relève un communiqué de presse en date du 30 août publié par « Sud Quotidien ».