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Débats autour de la Répartition des sièges au «Conseil National de Transition au Mali (Par Ibrahima Séne)

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Les  nostalgiques d’un système politique monopolisé par les Partis politiques dans un régime de délégation de pouvoir,  sont montés au créneau pour s’opposer à la répartition des sièges au sein du CNT, retenue par le gouvernement de Transition, à cause de la perte de ce monopole qu’elle a engendrée.

 Au Mali, le monopole des partis sur la gestion des affaires de l’Etat s’est perpétué avec l’avènement du multipartisme, le financement des partis politiques avec des fonds publics et l’institution d’un « Statut de  l’Opposition », qui lui confère des avantages financiers et protocolaires qui attisent l’appétit des hommes politiques.

C’est ainsi que le dialogue politique censé produire des consensus pour apaiser le climat politique, a été réduit, sous le Président Alpha Omar  Konaré( AOK), et sous le Président  Amadou Toumani Touré (ATT),  à un dialogue entre partis politiques pour dégager des consensus pour gouverner le pays, accentuant ainsi le monopole exclusif des partis politiques sur la gestion des affaires de l’Etat.

C’est cet état des faits  qui s’est développé durant le premier mandat d’Ibrahima Boubacar Keïta (IBK), dans le cadre de la lutte contre le projet de révision de la Constitution pour y intégrer les dispositions des  « Accords d’Alger » pour la paix.

C’est ainsi que s’est imposé la nécessité d’un « Dialogue National Inclusif « (DNI), avec la participation , à côté du pouvoir et d’une partie de l’opposition, des organisations de la société civile, des syndicats, et des organisations religieuses, de jeunes et de femmes, dont les conclusions préconisaient entre autres, la mise en place d’un gouvernement de large rassemblement pour mettre en oeuvre les orientations retenues.

Cependant, le réflexe de monopole  des Partis politiques sur les affaires publiques a prévalu avec la formation d’un gouvernement élargi à certains partis politiques de l’opposition, qui s’est vite avéré incapable de mettre en œuvre les recommandations de la DNI pour sortir le Mali de sa crise  sécuritaire, politique et économique.

Ce réflexe est entretenu par le régime Présidentiel en vigueur, qui produit un cumul excessif de pouvoirs entre les mains d’un Président de la République élu au suffrage universel, qui est en même temps le Chef de l’Exécutif qui définit la Politique de la Nation,  nomme à tous les emplois civils et militaires, et qui n’est responsable  que devant le peuple en fin de mandat.

Ce qui lui donne  un pouvoir personnel durant son mandat, qui en fait un  autocrate aux antipodes de la  démocratie.

Le régime d’IBK  a  incarné, jusqu’à la caricature par la corruption, la gabégie et la soumission au gouvernement Français, le système de monopole de la gestion des affaires de l’Etat par les Partis politiques, entretenu par le régime Présidentiel.

C’est tout  cela qui a donné naissance au  M5- FRP,  un puissant mouvement de rejet de ce régime.

Ainsi, c’est la lutte héroïque menée par le M5- FRP,  qui a créé les conditions de l’intervention de l’Armée pour faire partir IBK, et ouvrir une période de Transition.

Cependant, c’est face aux nouvelles Autorités militaires qui, d’entrée de jeu, ont inscrit leur intervention dans le cadre de la lutte menée par le M5-FRP, et qu’elles reconnaissent n’avoir fait que la  parachever, que les divergences se sont publiquement manifestées en son sein.

Les nostalgiques du monopole des Partis politiques sur les Affaires publiques ont exigé, de concert avec celles de la CEDEAO, de l’UA et des Nations Unies, le départ des militaires du pouvoir et le retour du pouvoir des civils ; tandis que ceux qui ont voulu en finir avec ce monopole, ont soutenu le pilotage de la Transition par les nouvelles Autorités militaires.

 C’est ainsi que le M5-FRP s’est divisé en trois blocs, avec le départ de sa composante religieuse islamique et laïque, et les partis de gauche regroupés dans le MDP qui soutiennent les Autorités militaires pour piloter la Transition.

C’est  ce clivage au sein de M5-FRP qui est  en cours avec les décisions prises par le gouvernement de Transition pour organiser le  « Conseil National de Transition », (CNT) qui est un organe législatif à la place de l’Assemblée Nationale dissoute.

C’est ainsi que les partis politiques y sont représentés par 11 issus de leurs rangs, au même niveau que les organisations syndicales, qui y sont 11 ;  tandis que les organisations de la société civile y sont au nombre de 9.

A noter que  le total de ces forces vives de la Nation y est  au nombre de 31, contre 22 pour les militaires, alors qu’au sein du M5-FRP  des voix s’élèvent pour décrier son accaparement par les militaires.

Cette composition du C N T jette ainsi  les bases de l’édification d’un État National Démocratique, Citoyen, et Inclusif avec, entre autres, la participation de personnes en situation d’handicap.

 Par contre,  les nostalgiques au sein du M5-FRP  campent sur leurs  revendications de 40 postes sur les 121, et la Présidence du CNT, afin de perpétuer le système de main mise des partis politiques sur les organes de gestion du pays, hérités d’IBK.

C’est avec cet objectif que les nostalgiques  au du M5-FRP ont été rejoints par l’écrasante majorité des partis politiquesy compris ceux qui viennent d’être renversés, pour créer un front commun, contre une telle répartition de la représentation au sein du CNT.

Ces nostalgiques  au sein du  M5-RFP ne se rendent  même pas compte, que ce système est aujourd’hui fortement discrédité, dans le sillage de la financiarisation de la vie politique du pays, depuis l’institution du financement  des partis politiques sur fonds publics, et d’un « Chef de l’Opposition ».

Ces changements dans la vie politique au Mali, introduits par la France, l’UE et le NDI du Parti Démocrate des Etats Unis,  ont changé la perception que ce  peuple avait de ces Partis politiques et  de leurs actions politiques.

D’organisations qui tiraient leur légitimité dans leurs projets d’émancipation du peuple, elles sont devenues des organisations dont la raison d’être est d’accéder aux privilèges, même étant dans l’opposition.

Ils ainsi ont transformé leurs Partis politiques en machines électorales pour réaliser leurs ambitions de conquêtes du Pouvoir

Ils sont ainsi perçus comme des organisations qui sollicitent le suffrage du  peuple pour se servir,  et non plus pour le  servir.

C’est cette mutation qui a perverti le jeu électoral  en érigeant en norme, l’achat des voix pour engranger le maximum de sièges, afin de bénéficier du financement public et des avantages liés au « Statut de Chef de l’opposition ».

Le sort des populations est devenu le cadet de leurs soucis, face à leur quête effrénée d’accumulation de richesses à travers l’exercice du pouvoir à tous les niveaux de représentation.

C’est ce système qui, durant les dix ans de règne du Président Alpha Omar Konaré, suivi des 10 ans de règne du Président Amadou Toumané Toure, qui a fini par pourrir sous le premier  mandat de 5 ans du Président Ibrahima Boubacar Keïta (IBK), et qui a fait sa perte un an seulement  après sa réélection pour un second mandat de cinq ans.

Le M 5 –FRP qui a su mobiliser le peuple Malien pour créer les conditions de la chute du Président IBK,  était une organisation qui regroupait  des partis politiques et des organisations de la société civile, de jeunes et de femmes sans partis politiques.

Ce fut un mouvement  républicain, démocratique, citoyen et laïc,  qui avait en bandoulière, la chute du régime d’IBK,  la paix civile et la réconciliation nationale, malgré la participation  décisive des organisations religieuses dans les manifestations de rue, au point que la France l’accusait de rouler pour faire du Mali une République islamique.

 Ce CNT est donc une forme plus démocratique de représentation du peuple dans les organes de gestion de l’Etat, que la forme de gestion exclusivement partisane de l’Etat.

Le CNT devrait don, profiter de la réforme de Constitution dont il a la charge pour institutionnaliser cette forme républicaine, démocratique et citoyenne d’accès au pouvoir à tous les niveaux de la représentation locale, régionale et nationale.

Ainsi, ces différentes composantes sociales identifiées au sein du CNT, devraient élire au suffrage universel, à chaque échelon, leurs représentants dans les Conseils Municipaux, les Conseils Régionaux, et au niveau de l’Assemblée nationale, baptisée «  Conseil National Démocratique et Citoyen »,  de la « République  des  Conseils du Mali », qui désigne un Premier Ministre doté du Pouvoir Exécutif, donc, responsable devant lui, et révocable à tout moment par la majorité de ses membres.

 Ainsi, le Président de la République ne serait plus élu au suffrage universel direct, mais au suffrage indirect par la majorité du « Congrès » constitué  du « Conseil National Démocratique et Citoyen, et le SENAT.

De cette manière, prendrait fin tout régime de Pouvoir personnel, pour restituer au Peuple Malien, toute sa Souveraineté pleine et entière.

Réussir ce tournant historique va faire du peuple Malien, le premier exemple  de la transformation des régimes partisans autocratiques, en République Démocratique et Citoyenne, qui est en gestation dans tous les pays d’Afrique, ainsi que dans les pays des grandes puissances de ce monde.

C’est la Révolution Démocratique du XXIème Siècle, qui restitue aux peuples leur pouvoir souverain de contrôle démocratique sur leurs Elus et leurs Grands Commis de l’Etat, qu’ils peuvent révoquer à tout moment durant leur mandat ou leur fonction,  pour  les   soustraire des influences de tous les lobbies, notamment du Grand Capital.  

     Ibrahima SENE PIT/SENEGAL

       Dakar le 17 Novembre 2020

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