Le célèbre joueur de kora, Soriba Kouyaté, s’est éteint, mercredi matin, d’un arrêt cardiaque dans une clinique parisienne. Reconnu comme l’un des meilleurs instrumentistes de sa génération, il venait d’enregistrer un nouvel album avec le « Kora Jazz Trio ». Il sera inhumé mercredi au cimetière musulman de Yoff.
Paris (FRANCE) – Il est 14 heures passées, le temps est glacial, mais de nombreuses personnes ont tenu à faire le déplacement, en ce dimanche 17 octobre, pour rendre un dernier hommage à Soriba Kouyaté.
Devant la maison funèbre, en face du cimetière du Père Lachaise, des artistes ont bravé le vent et la pluie pour dire adieu à ce virtuose de la kora parti très tôt sur la pointe des pieds, sans crier gare : Sixou Tidiane de Touré Kunda, Jean Philippe Rykiel, Ousmane Wade du Misaal, Seydou Guèye de Safoul Productions et bien d’autres amis, toutes nationalités confondues. Ils étaient abattus et surpris par la perte subite de Soriba Kouyaté, âgé de seulement 47 ans, qui s’était fait distinguer par sa parfaite maîtrise de son instrument.
Son doigté était magique, unique. Il était ouvert à tous les styles dans lesquels il adaptait des notes savoureuses de kora, cet instrument traditionnel mandingue qui n’avait pas de secret pour lui et qu’il maniait avec classe, ferveur et une passion presque religieuse. C’est ce qui lui a valu de jouer dans de grandes scènes et d’enregistrer des œuvres avec des musiciens de renom tels que Youssou Ndour, Salif Keïta, Peter Gabriel, Dizzy Gillespie, Harry Belafonte, Diana Ross, Ray Lema…. Sa musique a également illustré des films de grands cinéastes comme Spike Lee.
En 1995, Soriba Kouyaté a enregistré « Djigui » (l’espoir), son premier album dont le succès éclatant lui ouvre les portes du show-biz international. Quatre ans plus tard, il revient avec « Kanakassi », puis « Bamana », en 2001, et « Live à Montreux » en 2003. Il y a quelques jours, il a terminé à Paris l’enregistrement de son dernier album avec le « Kora Jazz Trio », aux côtés de Moussa Cissoko, Djéli Moussa Diawara et Abdoulaye Diabaté.
Le cd sera en vente prochainement, nous a confié son frère Mouhamed. Comme s’il avait pressenti son décès, Soriba Kouyaté confiait à ses proches, il y a quelques jours, qu’il léguait à sa mère tous les droits de ses œuvres. Divorcé, il n’a pas laissé d’enfant. Avec sa mort, le Sénégal perd un artiste hors pair, humble, serviable et toujours disponible pour aider son prochain.
On garde de lui son éternel sourire et ses belles notes de kora qui continueront encore longtemps à nous bercer dans nos moments de joie ou de solitude. Sa dépouille mortelle est arrivée, hier soir, à Dakar et il sera inhumé mercredi au cimetière musulman de Yoff. Les condoléances seront reçues chez sa mère à la rue 6 X 23, dans le quartier de la Médina qui l’a vu grandir. A sa famille éplorée, la rédaction du « Soleil » présente ses condoléances les plus attristées. Qu’Allah le Tout Puissant l’accueille au Paradis.
Correspondance de Ousmane Noël MBAYE
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