Il y a un an, ici même à Stuttgart, un groupe de femmes chrétiennes sénégalaises de Francfort, avaient décidé d’offrir le repas à tous les participants, venus des différents coins de l’Allemagne, pour assister à une conférence que je donnais sur « le comportement du musulman dans un environnement non musulman ». Ces vaillantes dames avaient fait le marché, la cuisine et servi à la fois le déjeuner et le dîner à tous les participants ; geste magnifique traduisant, dans les faits et de la manière la plus éloquente, cette cohabitation harmonieuse plusieurs fois séculaire entre chrétiens et musulmans, dans notre pays.
Une semaine après, au cours de l’émission Opinion de Walfadjri radio Tv du 3 janvier 2009, je fustigeais la manière dont le Sénégal était, à l’intérieur, abîmé et sa renommée internationale enlaidie par le régime de l’alternance. Mais j’étais à mille lieux de penser qu’un an après la capacité de nuisance de ce régime allait tenter d’atteindre ce qui constituait notre exceptionnalité : la coexistence dans une communion presque parfaite de toutes les confessions confrériques et croyances religieuses de notre pays.
En effet, la tension qui sévit au Sénégal depuis le début du mois de Décembre est le produit de la démesure – vice majeure de la détestable et insupportable présidence libérale évanescente et bornée – aveuglée par sa puissance, ignorante de ses limites et faiblesse, sans foi ni loi, autres que la cupidité et le cynisme.
Abdoulaye Wade, par ignorance et perfidie, a touché à l’une des questions les plus sensibles de notre société. Il est en passe d’abîmer ce que le Sénégal avait de plus cher : l’harmonie entre les confessions.
Depuis son accession à la magistrature suprême, le Président Wade ne s’est engagé dans aucune des voies que les sénégalais lui avaient tracées ; qu’il s’agisse du renforcement des bases de l’Etat de droit, de la transparence dans la gestion des affaires du pays, de la mise sur place d’une politique agricole qui combatte réellement la pauvreté en milieu rural ou du renforcement de la cohésion nationale par le règlement du problème Casamançais, de la neutralité de l’état laïque, et du respect de toutes les confessions et confréries religieuses ; situation que son Eminence le Cardinal Adrien Sarr décrit d’une manière on ne peut plus éloquente à l’occasion de la cérémonie de présentation par le clergé catholique des ses vœux de nouvel an, « Le Sénégal dit-il, vit dans un contexte économique social et religieux qui est loin d’être des meilleurs : hausse des prix de denrées de première nécessité, délestage avec leurs dégâts collatéraux, insécurité dans nos villes, inondations dans nos banlieues, précarité dans le monde rural, violences verbales, physiques et morales, atteintes au respect des confessions etc.’’
Et c’est « cette atteinte au respect des confessions » qui risque d’être la goutte d’eau qui fait déborder le vase ; non pas qu’elle soit nouvelle, mais elle a atteint une ampleur inquiétante, et pris un relief particulier. En effet dans un pays comme le Sénégal, multi confrérique et multiconfessionnel, on peut aisément adhérer au principe de neutralité de l’Etat et d’une posture équidistante vis à vis des différentes confréries et confessions. Il ne s’agit pas d’un débat idéologique sur la laïcité, mais d’une question de gouvernance technique du Sénégal tel que l’histoire nous l’a légué.
A toute chose malheur est bon ; cette dérive verbale du Président de la République exige de notre part une réaffirmation de notre solidarité, sans ambigüité avec nos concitoyens chrétiens.
Mais au-delà, cette manifestation de solidarité nous donne l’opportunité d’engager à l’échelle nationale le débat de fond, sur la manière de gérer techniquement le Sénégal dans sa diversité ethnique, régionale, linguistique, confrérique et religieuse. Un débat sans lequel il sera difficile pour le Sénégal de réussir son développement avec toute la rigueur requise.
Oui, tous les sénégalais ont un devoir de gratitude et de solidarité à l’endroit d’une communauté respectée, modérée, efficace et sérieuse dans ses réalisations, qui a su concevoir une politique sociale au service de toute la nation sans distinction de race, d’ethnie et de religion dans les domaines de l’éducation, de la santé ou dans tant d’autres domaines comme la micro finance avec l’exemple de CAURIE (CARITAS) qui est l’une des illustrations les plus éloquentes de l’action de l’Eglise pour la cohésion nationale (Projet catholique dont 97 % des bénéficiaires sont des musulmans).
L’Eglise, dans le passé avec le Père Emmanuel fondateur de l’école de Saint Michel, le Père Pinault du centre Lebret, comme aujourd’hui la lettre pastorale publiée par les évêques le 30 novembre 2000 sous le titre « quel Sénégal pour le 3e millénaire ? », a su dérouler une action sociale très riche au Sénégal, dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la lutte contre toute sorte de pauvreté ; de l’indépendance à nos jours.
Elle concerne plus particulièrement l’action du Père Louis Joseph Lebret, dominicain, dont la compétence d’économiste, la valeur spirituelle, la vision prophétique des défis à relever par les pays africains, sa délicatesse ont marqué les esprits. Sa vie illustre l’étonnante complicité entre un prêtre français et les jeunes acteurs de l’indépendance, comme en témoigne Léopold Sédar Senghor : « Le père Lebret était pour moi bien plus que notre ministre de l’économie. Il a été notre maitre à penser en matières économique. Il fut mon ami. Nous étions en profonde communication de pensée. Sa mort en 1966 a été une perte pour la France, mais surtout une perte pour le Sénégal ». Et Mamadou Dia de poursuivre : « Le père Lebret était pour moi bien plus qu’un expert. Il était un témoin de l’héroïsme contemporain. Oui la présence du père Lebret est inscrite dans les cœurs et dans cette terre sénégalaise qui a la mémoire fidele ».
L’action de son éminence Adrien Sarr s’inscrit dans cette dynamique.
C’est fort de cet enseignement que nous tendons la main à nos frères chrétiens et partageons leurs meurtrissures infligées par la plus haute autorité de ce pays.
Nous rentrons d’une Conférence du Parlement des religions pour la Paix. Nous avons pu y voir ce spectacle magnifique de toutes les religions du monde animées par la même ferveur et tendues vers la quête frénétique de la paix. C’est un sujet de fierté que devant 8000 participants, le Sénégal petit pays, grand peuple ait été cité comme modèle grâce à l’exemplarité de la cohabitation de ses confessions et confréries. Il est impératif de maintenir cet acquis, l’un des plus appréciables de nos atouts… et à tout égard !
Mais au-delà de notre devoir de solidarité, il se pose la question de savoir comment dans une société où coexistent les citoyens qui ne croient pas et ceux qui croient ; parmi ces derniers les uns croient en un Dieu unique et les autres en plusieurs.
Comment donc organiser dans une telle société la cohabitation harmonieuse de ces différentes composantes en tenant compte des équilibres nécessaires ?
Au Sénégal, la laïcité n’est pas comme sous d’autres cieux (France et Turquie) d’essence antireligieuse ou anticléricale ; ce n’est pas un plaidoyer en faveur de la tolérance, mais pour le respect réciproque des différentes confessions.
« Nous ne demandons pas à l’Etat de tolérer, avec tout ce que ce mot suppose de dédain, de distance et de hauteur ; mais de respecter les différentes confessions, avec ce que cela implique de considération vraie, donc concrète, donc technique, quant aux moyens dont ces ensembles ont besoin pour s’exprimer en pleine liberté que seule la laïcité peut garantir. Ainsi, la laïcité diffère de la tolérance parce que de toutes les croyances traitées selon cette règle de respect, elle refuse de porter des jugements ou d’en privilégier aucune. Le respect est un principe stable : il n’est pas affaire d’affect mais de structure. Et sa structure consiste, comme pour les Eglises hollandaises et américaines des 17e et 18e siècles, à poser, entre les croyances, un principe d’équidistance vis á vis du centre du pouvoir. Jamais une confession ne sera, en régime laïc, autorisée à prendre le pas sur une autre confession » comme l’explique, d’une manière qui fait singulièrement, penser à la situation du Sénégal Bernard Henri Lévy dans : ’’Le cadavre à la renverse’’. La laïcité diffère de la tolérance en ce que, tenant les confessions à égale distance du pouvoir politique, elle se doit à l’inverse de tenir le pouvoir politique à égale distance des confessions. Ce principe de respect est une donnée constante de l’ordonnancement constitutionnel qui figure en bonne place dans les Constitutions du 24 Janvier 1959, 30 Août 1960, et 07 Mars 1963. Ainsi la laïcité repose sur un socle juridique solide.
Mais l’alternance a montré que ce socle est dangereusement exposé à une érosion des plus lourdes et organisé au plus haut sommet de l’Etat : fait que nous dénonçons depuis dix (10) ans.
Il nous peine, dans un pays tel que le Sénégal – où l’Etat est supposé être neutre, et où la laïcité fut l’objet d’un ordonnancement constitutionnel depuis la première Constitution de 1959 – qu’on en soit aujourd’hui réduit à compter le nombre de ministres tidjanes, mourides ou chrétiens. Alors que dans le premier gouvernement après l’indépendance dirigé par un catholique, Léopold Sédar Senghor, sur seize ministres six étaient catholiques, choisis non pas pour leur appartenance confessionnelle mais pour leur compétence, leur efficacité, leur rigueur morale et leur sens de l’intérêt public.
L’alternance a marqué une pratique dangereuse qui ira s’aggravant, tout au long du mandat d’Abdoulaye Wade. C’est une forme ouverte d’allégeance du politique au religieux, et disons le sans ambages, une allégeance de l’Etat, par le sommet, son chef, à une confrérie, le mouridisme. Il convient de préciser cependant que nous n’avons rien contre les mourides qui sont nos cousins, nos amis, nos parents issus de la même lignée matriarcale. S’y ajoute que ce sont, également nos condisciples dans les mêmes Daaras, les mêmes écoles primaires et secondaires, les mêmes universités et Grandes écoles de Azhar à HEC en passant par MIT Harvard, la Sorbonne…
Nous apprécions chez nos parents mourides l’engagement, la discipline, l’oubli de soi et le dévouement sans faille à la cause de leur tarîqa.
A cause de cela toute tentative qui viserait à opposer tidjanes et mourides est d’avance vouée à l’échec !
Nous n’acceptons pas par contre que le chef de l’Etat qui a un devoir de neutralité, affiche ostensiblement son appartenance à une confrérie qui n’en demande d’ailleurs pas autant : déclarations incongrues, importunes et intempestives entrainant des frustrations aux conséquences incalculables. La Situation de la Côte d’Ivoire du Rwanda, de l’Irak, du Liban, de l’Irlande du Nord, du Kenya et de la Guinée Conakry devrait donner, en cette question, à réfléchir. Les personnes responsables de ce pays, à commencer par les hiérarchies confrériques, les acteurs de la vie politique et de la société civile doivent s’opposer à cette violation constante de la Constitution que le Président de la République est censé défendre en tant qu’il incarne l’unité nationale (article 42 de la Constitution) dont il est le gardien (article 38).
Les politiques, depuis l’époque coloniale, conscientes de la prégnance du fait religieux et de sa puissance matérielle n’ont eu de cesse de tenter de l’affaiblir, en opposant les membres d’une même confrérie, d’une même famille, de différentes confréries entre elles ou même les religions entre elles. Si les leaders religieux ou simples gens de foi en arrivaient à accepter leur instrumentalisation politique, ils y perdraient jusqu’à leur âme.
Il y a aujourd’hui, une menace réelle pour la stabilité du pays et l’avenir de la démocratie. Nous invitons le Chef de l’Etat à s’inspirer de la position très sage de John Fitzgerald Kennedy, superbe homme d’Etat. Lors de la Convention des prédicateurs évangéliques à Houston en septembre 1960, donc en pleine campagne électorale, il déclarait : “Mon catholicisme est une affaire strictement privée et que je ne permettrais pas au Pape de me dire ce qu’il faut faire dans mes activités publiques. La question fondamentale pour moi ce n’est pas en quelle sorte d’Eglise je crois, mais à quelle sorte d’Amérique je crois : une Amérique où la séparation de l’église et de l’Etat est absolue : une Amérique où il n’y aura pas de discrimination en faveur ou au détriment d’une confession particulière. Je ne suis pas le candidat catholique à la Présidence, je suis le candidat du Parti démocrate à la présidence qui se trouve être catholique. Je ne parle pas au nom de mon église sur les affaires publiques, et mon église ne saurait parler à mon nom”. (God is back, how the global rise of faith is changing the world. John Micklethwait and Adrian Wooldridge.)
Par ailleurs, El Hadj Omar Foutiyou n’a jamais cessé de flétrir le silence des hommes religieux lorsque des questions d’intérêt national étaient en jeu. C’est en ces termes qu’il condamnait le mutisme des guides religieux devant la traite négrière : “ Nul ne peut être aussi ignorant et arrogant que les criminels et les pêcheurs qui légalisent le commerce d’hommes libres par un acte de jurisprudence Islamique. Vendre des esclaves à des européens ou à d’autres est totalement prohibé et contraire à la religion. Mais malgré cette prohibition, des individus qui prétendent être des savants en Islam, sans parler des ignorants sont en compétition dans cette détestable transaction. Pire encore, tu ne verras personne la condamner. Personne parmi les ulémas et les émirs (les autorités temporelles comme religieuses) n’a essayé de mettre un terme à ses pratiques reprouvées par la morale. Ils agissent comme s’ils n’ont pas un devoir de dire haut et fort ce que la religion enseigne.” Omar Dia juillet 1973 A Case Study of El hadj Omar Al Foutiou’s Philosophy of jihad and it’s sufi bases
L’histoire se répétant, cette attitude des religieux par rapport à la traite négrière ne rappelle t-elle pas curieusement l’ignoble justification que certains néo marabouts mercenaires ont donné à la statue de la Renaissance ?
Alors que l’Eglise catholique dans ses Lettres pastorales, est de plus en plus incisive, quand elle analyse la situation du pays, la tiédeur et la mollesse – pour ne pas dire l’insouciance – des hiérarchies confrériques, incapables de peser les enjeux et de dégager une perspective et une vision claire, laissent une bonne partie de nos concitoyens perplexes, pour ne pas dire ’’en trouble’’.
Tous les observateurs ont mentionné le rôle que les ordres soufis ont joué dans la stabilité de la société sénégalaise d’aujourd’hui. Dans ‘’ABC de l’Islam” Mohamed Arkoun professeur émérite d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne (mon ancien maître) remarque que « dans certains cas comme le Sénégal, deux confréries (tijdane et mouride) sont enracinées depuis si longtemps qu’elles conservent des fonctions de première importance dans les rapports entre l’Etat et la société civile. Ces deux confréries dont l’histoire remonte dans le passé, n’ont pas connu les vicissitudes politiques qui ont marqué et disqualifié beaucoup d’autres ailleurs. Elles conservent donc une autorité morale et spirituelle qui rehausse la légitimité qu’elles peuvent éventuellement conférer à l’Etat et le sens des valeurs qu’elles maintiennent dans la société ».
Les sénégalais sont en droit de se demander si aujourd’hui, les confréries du Sénégal ne sont pas menacées de disqualification au vu de la manière torve et hideuse dont elles sont instrumentalisées par le régime libéral : toutes les confréries seront, à ce jeu, désacralisées et décrédibilisées. Pour combien de temps ’’encore vont-elles conserver cette autorité morale et spirituelle’’, dont parlait Arkoun. N’est il pas temps de se ressaisir et d’opérer à l’instar de la hiérarchie catholique, les ruptures nécessaires qui feront dire au Cardinal Théodore Adrien Sarr, au nom de sa Communauté :
« Meurtris et humiliés, nous l’avons été par les risques de divisions que de tels propos pourraient engendrer dans une communauté nationale caractérisée par une entente exemplaire entre Chrétiens et Musulmans. Meurtris et humiliés, nous l’avons été par le désintérêt que le Chef de l’Etat vient de manifester envers une communauté engagée pour le mieux-être de tous les sénégalais, sans aucune discrimination philosophique ou religieuse.
Meurtris et humiliés, nous l’avons été par l’amalgame que le Chef de l’Etat a établi entre le monument de la Renaissance Africaine et les représentations qui se trouvent dans nos Eglises ».
Cette réaction du Cardinal répond à la question insistante qui taraude notre conscience et traverse nos débats : quelle relation la foi religieuse, dans sa dynamique essentielle, doit-elle entretenir avec la gestion et l’organisation de la société sénégalaise ? Les religions ont-elles une mission d’orientation globale des hommes et des femmes comme citoyens libres et socialement organisés ? Les religieux ont-ils un rôle spécifique à jouer dans la construction du Sénégal ou doivent-ils se limiter aux cultes ? Vu la prégnance du fait religieux dans la société, quelle conscience politique attend-on du marabout ou du prêtre pour sortir le Sénégal de sa crise actuelle ?
Pour répondre à ces questions, certains s’enferment dans une critique superficielle et stérile de l’attitude des religieux face à la politique. Cette critique n’est sans doute pas sans fondement objectif. En effet, trop de mensonges, trop de négligences, trop d’intérêts partisans, trop de compromissions ont fini de présenter une image négative de certains guides religieux / politiciens. Il y a une indignité à sacrifier la vérité ou trahir la parole de Dieu sur l’autel de je ne sais, quels avantages et privilèges matériels périssables.
Pourtant Cheikh Ahmadou Bamba, dans son immense : Massalikul Jinaan nous mettait en garde contre cette dérive :
« Car c’est un fait évident que la plupart des « Cheikh » de notre époque sont des fourbes, des coquins » (Vers 1434).
« Il y en a parmi eux qui ont une propension à dominer, cherchant sans scrupule, à subjuguer les esprits par leurs ascendants ». (Vers 1345)
« N’accorde point ta confiance à quiconque se présente sous les apparences d’un cheikh à notre époque » (Vers 1467).
« Tu vois certains faux chefs religieux (assoiffés de fortune et de prestige) la tête enturbannée et la figure soigneusement voilée » (Vers 1449).
« Ces aigrefins-là évoquent très souvent Dieu par leur langue alors que leur cœur reste parmi les plus corrompus de ce monde » (Vers 1451).
Son Eminence le cardinal Adrien Sarr a confirmé à travers son discours de vœux de fin d’année qu’un guide religieux est un homme habité par le souffle des textes sacrés, porté par la passion du bonheur de son peuple, engagé dans tous les grands débats de la vie sociale, et constamment préoccupé par la fécondité et l’actualité des enseignements de son Prophète dans le développement de l’homme. La vraie charité est politique en ce sens que nous devons dépasser les actes individuels de générosité pour trouver des solutions durables aux maux de la collectivité, détecter les véritables causes de la misère humaine, de l’injustice et travailler à y remédier.
Le guide religieux a un devoir de témoignage, de présence, d’incandescence spirituelle dans un pays qui, ici et maintenant, a soif d’éthique et de justice. C’est le modèle que les chefs religieux nous ont laissé, de Thierno Souleymane Baal à nos jours, en passant par Thierno Abdel Kader Kane, El Hadj Oumar Foutiyou Tall, Maba Diakhou, El Hadj Malick Sy, Mame Serigne Touba, Cheikh Abdoulaye Niasse, Mame Boucounta Ndiassane et Mame Limamoulaye. Et nous avons déjà montré à travers l’action du père Lebret et aujourd’hui celle du cardinal Adrien Sarr et dans des œuvres sociales que l’Eglise n’est pas en reste.
En ces festivités marquant l’aube de cette année nouvelle qu’Abdoulaye Wade a failli gâcher, voici le vœu que nous formulons : dafa dooy, na deem. Oui, il convient de quitter cet autre ’’effet de serre’’ ; mental celui là qui échauffe nos cervelles et les abrutit d’angoisses collectives. Na deem.
En exprimant ce vœu, je prends la pleine mesure de la gravité de tels propos venant d’un chef religieux à un chef d’Etat démocratiquement élu et dont le mandat n’est pas arrivé à terme. Mais l’intérêt supérieur de la nation exige qu’il parte et s’il y a des sénégalais qui aiment encore Abdoulaye Wade, le meilleur conseil à lui donner c’est qu’il se retire, et le cadeau le plus précieux, le cadeau qu’il peut offrir à son peuple chéri, c’est qu’il se retire. Ce ne sera pas une première dans l’histoire. En effet, le général De Gaulle malgré son immense légitimité historique était contraint de partir lorsque sa crédibilité était atteinte lors d’un référendum qu’il avait organisé et perdu. Sa dignité exigeait qu’il parte et il n’a pas hésité une seule seconde. Léopold Sédar Senghor a quitté ses responsabilités au milieu du guet. Lorsque l’usure du pouvoir l’éloignait de son peuple, il est parti.
Là, nous demandons au Chef de l’Etat par amitié :
Na deem, pour nous permettre de bâtir une nouvelle société, au bonheur partagé et à la saveur humaine retrouvée, une société républicaine, réellement démocratique et souveraine, dans une Afrique solidaire, intégrée et ouverte.
Na deem, pour un Sénégal régi par une gouvernance fondée sur l’éthique, l’enracinement dans les valeurs morales, la démocratie participative, la concertation, le respect des institutions, des libertés individuelles et collectives.
Na deem, parce que nous sommes déterminés à ne plus subir, à nous regrouper maintenant plus que jamais, à prendre parti. Nous le devons à notre peuple. C’est la finalité de notre existence sur terre, comme nous l’enseignent le Coran et la Bible qui nous rappellent que la foi n’est ni évasion, ni fuite des réalités, mais engagement dans ce monde qu’il convient de rendre, à chaque instant, plus humain, plus juste, plus fraternel et donc plus divin.
« L’esprit du Seigneur est en moi, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour de la vue, renvoyer en liberté les opprimés ». L.C.U 18
« Certes nous avons honoré les hommes, nous les avons portés sur terre et sur mer ; nous leur avons procuré d’agréables nourritures, nous leur avons donné la précellence sur la plupart de nos créatures ». Coran sourate 17, verset 70.
Que Dieu bénisse le Sénégal et le préserve de toutes entreprises maléfiques.
Mansour Sy Djamil
« ça suffit, qu’il parte* !!! »
bayilen mesageyi nityi gisko mogeun ngenkoy efase wad dafawara dem doyna nadem nadem nadem