Au centre de formation du Barça depuis maintenant 7 ans, Bacary Mendes, qui en aura 17 ans en septembre prochain, est en train de suivre le même itinéraire que les Messi, Xavi, Iniesta et autres, qui sont en train d’émerveiller la planète foot. Alors demain le Sénégal aura-t-il aussi «son» Messi ? Croisons les doigts. En attendant, Le Quotidien, entre témoignages et révélations, vous fait découvrir ce jeune prodige sénégalais. Joints à Almeria, en Espagne, où ils résident, les parents de Bacary reviennent sur l’itinéraire de leur fils.
Un prodige sénégalais au centre de formation du Barça
Par Woury DIALLO
De père Bissau-guinéen et de mère sénégalaise, le jeune Bacary Mendes est né le 06 septembre 1993 à Guédiawaye. C’est en 2002 que le bambin quitte le Sénégal pour rejoindre ses parents à Almeria, en Espagne, afin de poursuivre ses études. Vite, la vie du jeune Bacary se transforme en véritable conte de fée. Avant même de plonger de plain-pied dans ses études, il se voit proposer le rêve de tout gamin : intégrer le célèbre centre de formation du Fc Barcelone. «On veut le prendre dans le centre de formation du Barça.» Voilà la proposition d’un responsable du club catalan aux parents du jeune Bakary Mendes. Le dirigeant du Barça l’aurait vu jouer dans son quartier avec une bande de copains. On est en 2003. Le bonhomme venait juste de passer quelques petits mois en Espagne. Juste le temps de s’acclimater et de s’imprégner de la culture ibérique. Seuls quelques mots en espagnol arrachés dans le cocon familial pour échanger avec ses nouveaux copains. Des mots souvent mélangés à la langue de Kocc Barma. Les qualités techniques du gosse avaient fini de séduire l’agent du club catalan convaincu d’avoir trouvé la perle rare.
Après une rencontre avec les parents et l’entraîneur du club d’Almeria où il évoluait, le jeune Bacary rejoint quelques jours plus tard le centre de formation de Barcelone, le plus prisé en Europe. Sa maman, Madame Marie Mendes, jointe depuis l’Espagne, s’en souvient : «Cela s’est passé vite. Un Monsieur l’a vu jouer et en a parlé à son entraîneur et à son père pour qu’il rejoigne le centre de formation de Barcelone. C’est comme cela que les choses se sont déroulées. Depuis, il a pris ses quartiers dans le centre.»
UN AN AVEC MESSI
Depuis maintenant 7 ans, le môme vit entre le centre de formation et la maison familiale. De temps à autre, son père, Quintino Mendes lui rend visite. Un père très «heureux» de voir son fils évoluer dans un centre de formation d’un grand club comme Barcelone. Dans le lot des anciens «exilés», M. Mendes a oublié la langue de Kocc Barma. En Espagne depuis 1995, il parvient à peine à dire deux mots en wolof, avant d’enchaîner avec l’espagnol. «Je ne comprends plus la langue. Cela fait longtemps que je suis en Espagne. J’ai souvent du mal à m’exprimer», soutient Quintino dans un wolof médiocre. D’ailleurs, son fils est logé à la même enseigne. Bacary a aussi oublié le wolof et ne parle que l’espagnol. «Il a oublié littéralement la langue wolof», confirme sa maman. En fait, il est devenu un «vrai Espagnol» au point de susciter la convoitise des dirigeants qui disent beaucoup de bien de lui et qui nourrissent de gros espoir quant à son avenir au centre de formation du Barça.
Souvent comparé à la star espagnole du Barça, Andrés Iniesta, le jeune Bakary, qui évolue comme milieu offensif, a côtoyé des stars planétaires du ballon rond. Il a eu le privilège de passer une année avec l’actuel meilleur joueur du monde, la star argentine, Lionnel Messi, qui honorait sa dernière présence au centre de formation du club Catalan. Un privilège offert à Bacary Mendes, et que ses parents vivent avec beaucoup de fierté et de modestie. «On est très contents de ce qu’il vit au Barça», souffle sa mère. Son entraîneur Fran Sanchez est admiratif : «Il a le don de toucher le ballon avec n’importe quelle partie du pied. S’il ne brûle pas les étapes, il ira loin.»
A. DIALLO, VICE-CONSUL : «UN PRODIGE BEAUCOUP APPRECIé PAR LAPORTA»
Intéressant les dirigeants espagnols, le jeune Bacary Mendes pourrait ne jamais porter le maillot de l’Equipe nationale du Sénégal. Devenu «Espagnol» pour avoir adopté la culture du pays jusqu’à la langue, le jeune homme est loin des terrains sablonneux de Guédiawaye et autres aires de jeu de la banlieue. Seulement l’espoir demeure. Le pays de la Téranga garde encore un maigre espoir de voir demain Bacary Mendes suivre les traces de la bande à Mamadou Niang. Selon certaines indiscrétions proches de l’entourage de la famille, son père aimerait le voir jouer pour le Sénégal. Et en plus du père et dans un souci d’enrôler le jeune prodige d’origine sénégalaise, certains responsables sénégalais seraient à pied d’œuvre pour couper l’herbe sous les pieds des Espagnols. En premier, le vice-consul du Sénégal en Espagne, M. Abdoulaye Diallo. «C’est un gosse que j’admire beaucoup. D’ailleurs tout le monde l’admire ici en Espagne. Il fait partie des jeunes les plus appréciés en Espagne. Il joue milieu de terrain et est très technique. C’est pour cela que nous faisons tout pour le faire jouer avec la sélection du Sénégal», rassure au bout du fil monsieur le Consul. Régulièrement en contact avec les parents de Bacary dont son père, le diplomate sénégalais reste optimiste quant à l’idée de le voir rejoindre une des sélections nationales. «Je pense qu’il y a encore une chance de l’enrôler. Mais, il faudra faire vite parce que c’est vraiment un prodige. On dit beaucoup de bien de lui», renchérit M. Diallo. Pour l’heure, Bacary qui est né au Sénégal, informe le diplomate, «dispose déjà d’un passeport sénégalais. Il a donc la nationalité sénégalaise». Selon notre interlocuteur, l’ancien vice-président du Comité de normalisation du football (Cnf), Saër Seck, avait également effectué quelques démarches auprès des parents de Bacary Mendes pour lui faire porter le maillot national.
En tout cas le jeune garçon, qui aura 17 ans en septembre prochain, vit bien sa formation à la «Massia» (c’est le nom que porte le centre de formation du Barça). Cette fabrique de grands champions comme Lionel Messi, Carlos Puyol, Andres Iniesta, Xavi, Busquets, Pedro et autres. «Entre les entraînements, la formation théorique et le cursus scolaire, le garçon vit avec passion et intérêt son expérience au Barça. Il est bien apprécié, à commencer par le président du club, M. Laporta, qui m’appelle souvent pour formuler ses vœux de succès à Bacary qu’il verrait bien faire une carrière barcelonaise», renseigne le diplomate sénégalais.
Pour l’heure, le prodige a le privilège de partager de temps en temps des galops d’entraînement avec certains joueurs comme son pote, Bojan Kirkic, désormais dans la «cour des grands». Il entretenait également au sein du club catalan de très bons rapports de petit frère avec l’international camerounais, Samuel Eto’o, avant le départ de ce dernier pour l’Inter (Italie). Avec aussi l’autre star brésilienne de Milan, Ronaldinho «dont il admire la technique». Quant à l’ancien international français, Lilian Thuram, au-delà du football, il l’accompagnait dans ses activités axées sur les œuvres sociales ou des campagnes éducatives dans certains collèges de Barcelone. Réputé calme, pondéré et sérieux, Bakary a la chance d’être bien apprécié au sein du club catalan ; et pourquoi pas demain au sein de la Tanière. D’ailleurs, révèle son père, «il est fan de Khalilou Fadiga, mais aussi de Henri Camara».
lequotidien.sn