Thiaroye, Yeumbeul, Boune et Keur-Massar pris dans l’enclavement…
Les inondations ne sont pas les seules affres que font endurer les pluies aux populations de la banlieue. Ces dernières souffrent terriblement d’un enclavement né de la désertion par les transports en commun de leurs principales routes à cause de leur impraticabilité. Le droit d’aller et venir pour vaquer librement à leurs activités, les populations de ces localités en sont privées du fait de l’état de dégradation avancé de leurs routes qui sont évitées désormais comme la peste par les véhicules de transport en commun que sont les minibus Tata et les bus Dakar Dem Dikk, dans certaines zones. En effet, la plupart des routes se trouvant entre Thiaroye et Keur-Massar ne le sont plus que de nom, avec partout des nids-de-poule. Thiaroye-Yeumbeul, Fass Mbao-Yeumbeul, Fass Mbao-Route de Boune, Route de Boune-Keur Massar…, voilà autant d’axes desservant ces populeux quartiers de la lointaine banlieue dont l’asphalte est dans un piteux état. Une situation qui a accentué les difficultés des populations habitant dans ces localités. Les transports en commun, assurant d’habitude les navettes pour permettre aux nombreuses populations de ces quartiers dortoirs de rallier le centre-ville pour aller travailler et les y ramener le soir, les ont fuis. Ainsi, Thiaroye, Yeumbeul, Boune et Keur-Massar sont complètement coupés du reste de la banlieue. Et c’est au niveau de Boune et Keur-Massar que l’enclavement est le plus critique. Les populations n’ont pratiquement plus aucun moyen de locomotion pour vaquer à leurs occupations. La ligne 51 des minibus Tata qui quittait Bountou-Pikine pour rallier Keur-Massar, en passant par Thiaroye, Yeumbeul et Boune, a rayé l’escale Boune de son itinéraire. Une fois arrivé à Yeumbeul, le véhicule fait désormais cap sur Malika, évitant ainsi Boune. Au retour, parvenu à Yeumbeul, au niveau de l’arrêt Thierno Ndiaye, il dévie pour passer par Mosquée Serigne Fallou, puis le marché et parfois Nietty Mbar, évitant également les nids-de-poule devant la police de Thiaroye. La ligne 54 est aussi contrainte d’observer un changement d’itinéraire. Au lieu de prendre départ à Keur-Massar pour rallier l’université de Dakar, elle quitte dorénavant Fass Mbao, à cause de l’impraticable de son itinéraire habituel. De même, la société Dakar Dem Dikk n’est pas épargnée par ces changements forcés d’itinéraires. Le bus de la ligne 11 qui va à Keur-Massar, en passant par la route nationale, a modifié aussi son circuit. Il entre maintenant par croisement Keur-Massar au lieu de Fass-Mbao, évitant ainsi Boune. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les « cars rapides » tirent grand profit de ces modifications d’itinéraires des Tatas et des bus Dem Dikk. Étant les seuls véhicules disponibles sur ce trajet, ils s’adonnent à leur sport favori du « saucissonnage » des trajets. Ils font ainsi Pikine-Thiaroye, Thiaroye-Yeumbeul, Yeumbeul-Boune. Cela, en abandonnant le tronçon Boune-Keur Massar sur lequel seuls quelques téméraires se hasardent. Une situation pénible pour les populations qui vivent la galère. Décrivant leur calvaire, Moussa Fall explique : « Nous souffrons vraiment le martyre et il n’existe pas de mots pour décrire ce que nous endurons. Personne ne veut s’aventurer à aller à Boune. Les bus Dem Dikk et les Tata nous fuient, nous laissant avec les cars rapides qui nous dictent leur loi que nous acceptons impuissants ». « Il suffit de dire à un taximan : je vais à Keur-Massar, à Malika ou à Boune pour qu’il appuie sur l’accélérateur et vous laisse sur place, sans même écouter le prix que vous allez lui proposer pour la course », se désole M. Fall.
… Hlm, Grand-Dakar, Ouakam, Parcelles assainies… dans l’enfer des routes cahoteuses
Les Hlm vivent l’enfer des routes cahoteuses. De bout en bout. Déjà à la Sodida, les dénivellements sur les routes qui se transforment en mares d’eau à la moindre pluie ont dissuadé les automobilistes à emprunter la voie passant devant la Rdv. La route qui part de la sortie de l’autoroute au croisement « Rail-bi » est encore plus mal lotie. Au-delà des nids-de-poule, ce tronçon est coupée à son milieu par une crevasse qui rend improbable toute man ?uvre. Les conducteurs sont obligés, souvent, de faire demi-tour pour ne pas endommager leurs véhicules. La corniche aussi est coupée par de grands trous remplis d’une eau nauséeuse au niveau de son talon d’Achille : la station de collecte d’eau située en face de la mairie. Les deux routes qui quittent cette station pour rallier l’avenue Cheikh Ahmadou Bamba et qui traversent le marché Hlm aussi sont dans un très piteux état. Commerçants, clients et véhicules sont obligés de négocier les nids-de-poule gorgés d’eau boueuse. Les routes et ruelles des Hlm 6 sont encore plus critiques, à l’instar de celles des autres Hlm. Même la nouvelle cité Douane n’échappe à cette règle des routes défoncées. La seule route praticable des Hlm de 1 à 6 est celle qui borde la cité, l’avenue Cheikh Ahmadou Bamba ; mais elle fait l’objet d’embouteillages complexes du fait du développement anarchique du marché de la localité. À Bène-Tally, Ouagou-Niayes et Grand-Dakar, c’est les mêmes désagréments que vivent les automobilistes et riverains des différentes routes. Que ce soit celle qui mène de « Garage Guédiawaye » à la mosquée de Niary-Tally, que Bène-Tally qui la croise pour déboucher à Bourguiba. La route qui quitte le marché Hlm pour pénétrer dans Bopp ou celle qui part du « Xaïma » (Tente des Chérifs) de Niary-Tally pour déboucher sur le boulevard Dial Diop, sont tout aussi difficilement praticables. À Liberté 6, les deux voies qui mènent à l’échangeur de la Vdn donnent du fil à retordre aux conducteurs. Il en est de même à Ouakam, notamment la route qui va vers la Cité Avion. Du côté des Parcelles assainies, presque aucun tronçon n’est épargné. Le pont Sénégal 92 est parsemé d’énormes crevasses. En contrebas, au niveau de la route des Niayes, entre les deux stations-service, c’est une chaussée complètement défoncée qui sert de route. Sur cette partie de ce tronçon qui mène vers le commissariat de police des Parcelles, les embouteillages sont courants à cause du mauvais état de la route. La jonction entre le la route des Niayes et la bretelle qui va vers « Marché police » est aussi défoncée, tout comme le croisement « Marché police » entre les unités 14 et 18. Mais le pire, c’est la route qui va de Grand-Médine à Ecole Dior. Son impraticabilité a conduit les minibus Tata et les bus Dakar Dem Dikk des lignes 1 et 6 à dévier de leurs itinéraires, avec de très longs détours. Et c’est la même situation qui prévaut sur l’axe Croisement 22-Eglise devenu un lit de nids-de-poule. Plus haut, la corniche qui borde les unités 12 et 16 n’est pas non plus épargnée, tout comme du reste la bretelle qui relie l’axe Eglise-Case-bi, vers les unités 7 et 6. Au niveau de Case-bi et en direction de la cité Fadia, jusqu’au-delà de Pharmacie Golf, les automobilistes sont contraints de rouler au ralenti par les crevasses qui essaiment sur cet axe pourtant très emprunté. Car unique tronçon reliant Parcelles à Guédiawaye et Pikine, avec la route de la Cité unité 3 qui n’est pas dans un meilleur état. Les quartiers résidentiels comme Amitié, Point E, Fann Résidence, Gibraltar Centenaire, vivent aussi le calvaire des routes défoncées, tout comme du reste la Médina et Gueule-Tapée. Dans ces dernières localités, les choses auraient pu empirer si le chantier de la route de Ouakam n’avait pas été ouvert à la circulation malgré le fait qu’il n’est pas achevé.
De l’opération « Zéro nid-de-poule » à l’effet « Mille nids-de-poule » En somme, ce tour de ville sur l’état des routes de certains quartiers de la périphérie de Dakar et de sa banlieue laisse ressortir en cette période d’hivernage un constat : c’est que Dakar est une ville sans routes en bon état. Du moins sans routes de servitude praticables. En effet, en dehors des grands axes (autoroute, Vdn, corniche, grands boulevards et avenues), rares sont en effet les routes où les nids-de-poule et les crevasses ne constituent aujourd’hui le décor. De quoi noter que l’opération « Zéro nid-de-poule », lancé avec faste par les ministères des Transports et des Infrastructures, il y a quelques mois, a été un véritable fiasco. Car sur le terrain, c’est plutôt le décor d’un réseau routier en « Mille et un nids-de-poule » qu’offre Dakar. Ce programme que Karim Wade, ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, avait lancé au début du mois de novembre 2009 dans la banlieue visait, disait-il, la réhabilitation de plus de 60 km de route dans la banlieue. Il avait annoncé que ce programme d’entretien routier devait nécessiter 19 milliards de francs et allait se poursuivre dans toute la région de Dakar. Seulement, force est de constater que dix mois après, l’hivernage vient démontrer le peu d’effet de cette opération « zéro nid-de-poule ».
POUR LES SENSIBILISER À REPARER LES ROUTES DÉGRADÉES : Dakar Dem Dikk initie une rencontre avec les maires de la banlieue
La question de la dégradation des routes, principalement dans la banlieue, préoccupe beaucoup la société de transport public Dakar Dem Dikk (Ddd). Cela au point qu’elle a estimé nécessaire d’initier une rencontre avec les maires des localités aux routes cahoteuses pour les sensibiliser à mettre la main à la poche et les réparer. Le principe de se mettre autour d’une table étant retenu, il ne reste qu’à s’accorder entre Dakar Dem Dikk et l’ensemble des édiles concernés sur une date pour tenir la rencontre d’échange. C’est le directeur de l’exploitation de Dakar Dem Dikk, Alioune Tall, qui a livré cette information, au détour d’une question sur la modification d’itinéraire de la ligne 11 de Ddd, à Boune, pour cause de dégradation de la route sur cet axe. M. Tall liste une demi-douzaine d’autres itinéraires où il est pénible pour les bus de passer. Il s’agit des Parcelles assainies et de Cambérène avec les lignes 1 et 6, à Guédiawaye au niveau des Hamo 4, 5 et 6 où passent les lignes 2 et 5, de Boune avec la ligne 11, de Pikine Tally Boubess avec la ligne 12 et de la route Tally Diallo à Thiaroye avec la ligne 16. En effet, les routes par lesquelles passent ces bus au niveau de ces communes sont dans un état de dégradation tel que des mesures doivent être prises. « Nous sommes là pour servir les populations. C’est pourquoi chaque fois que nous sommes obligés de faire des déviations pour éviter des routes dégradées, nous sommes gênés. Parce que pensant aux populations qui vont être laissées en rade par le bus et qui vont avoir des difficultés pour se déplacer », souligne M. Tall qui lance un appel aux maires de ces différentes localités afin qu’ils essaient de faire un effort pour la réparation des routes relevant de leur responsabilité. « Car, précise-t-il, si à cause de l’impraticabilité des routes, les bus dévient de leurs itinéraires habituels, les seuls à en souffrir, ce sont les populations ».
Source : Popxibaar.com