La reprise des délestages n’inquiète pas du côté de la Délégation du Festival mondial des arts nègres (10 au 31 décembre). Selon le Délégué général Abdou Aziz Sow, les différents sites retenus disposent de systèmes autonomes qui les mettront à l’abri des délestages.
LES ASSURANCES DE AZIZ SOW, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DU FESTIVAL MONDIAL DES ARTS : «Chacun de nos sites dispose de système autonome pour nous mettre à l’abri des délestages»
Contrairement aux ménages désarmés face aux coupures continues de courant électrique qui ont repris depuis quelques semaines, le Festival mondial des arts nègres ne sentira aucunement ces discontinuités dans l’approvisionnement. En effet, les autorités qui se meuvent dans l’organisation de l’événement culturel indiquent avoir acquis des groupes électrogènes en quantité suffisante pour équiper chacun des sites où se dérouleront les activités.
«Chacun de nos sites dispose de système autonome pour nous mettre à l’abri des délestages et même pour pouvoir nous permettre entièrement de fonctionner de façon autonome. Ce sera des groupes relais etc.», renseigne Abdou Aziz Sow, le Délégué général du Festival mondial des arts nègres que le Sénégal accueille du 10 au 31 décembre.
Selon l’ancien ministre du Nepad, de l’Intégration économique africaine et de la Politique de bonne gouvernance, tous les sites du Festival ne seront pas dépendants du réseau de la Senelec. «On peut fonctionner sans le réseau, donc on n’est pas tributaire de l’électricité fournie par la Senelec», éclaire-t-il .
«On peut fonctionner sans le réseau, on n’est pas tributaire de la Senelec»
Des équipements qui permettront aux festivaliers, contrairement aux ménages qui subissent actuellement les contrecoups des coupures de courant, de ne pas sentir les conséquences des problèmes énergétiques du pays. «On est dans les dispositions d’avoir de l’autonomie dans tous nos sites», assure ainsi M. Sow dont les informations sont largement confirmées par le Directeur de la communication du Festival, Mamadou Koumé. «Sur tous les sites, nous avons prévu d’installer des groupes électrogènes. Par conséquent, nous n’aurons pas de problèmes sur les sites où vont se tenir les principales manifestations du Festival mondial des arts nègres», indique M. Koumé.
Ne précisant cependant pas le nombre de groupes électrogènes mobilisés pour se prémunir des délestages, Mamadou Koumé affirme néanmoins que tous les 16 sites disposeront de groupes électrogènes. «Les sites, c’est une dizaine. Et sur cette dizaine de sites, il y aura des groupes électrogènes, mais je ne peux pas vous dire qu’on a 20 ou 25 groupes électrogènes. Sur tous les sites, il y aura un groupe électrogène, ça c’est certain», assure M. Koumé qui, relativement aux informations selon lesquels les sites du Festival sont mis hors délestages par la Senelec, renseigne : «C’est une rumeur, ce n’est pas quelque chose de vrai».
Par ailleurs, de sources sûres, il ressort que c’est une société dénommée Magnum qui est chargée de fournir ces groupes électrogènes au Festival.
La Senelec promet une couverture correcte de tous les sites du début à la fin des manifestations
Le défi sera relevé pour la couverture normale des différents sites devant accueillir les activités du Festival mondial des arts nègres (10 au 31 décembre). Puisque toutes les dispositions pour y arriver ont été prises. Ces assurances sont du Directeur de la communication de la Société nationale d’électricité (Senelec), Cheikhou Cissé, qui indique qu’un ensemble de mesures ont été prises.
La première porte sur la mise hors délestages de tous les sites, tout au long du Festival. «C’est un système qui n’est pas nouveau, puisque c’est la même chose qui est faite à l’occasion de tous les grands événements qui se passent dans ce pays, comme les matchs de football».
Le deuxième acte posé, indique-t-il, c’est l’installation de postes mobiles. Ainsi, trois postes de 700 Mw sont mis au village des arts de Ngor, un de 700 Mw aux Almadies, un de 500 Mw à la place de l’Obélisque, plus un de 150 Mw à la Médina et un de 100 Mw à Biscuiterie.
La troisième disposition prise étant l’installation de câbles de basse et moyenne tension, 1500 câbles de moyenne tension et 2200 câbles de basse tension. «Ce qui permet, avec les postes, d’alimenter les sites. Et les travaux sont terminés depuis le 5 décembre», note-t-il.
Le Directeur de la communication de la Senelec fait également état d’équipes de veille devant fonctionner 24 heures sur 24. Ceci «pour assurer tout ce qui est surveillance et dépannage». Il indique que sur le plan de l’organisation humaine, «tous les managers et directeurs de service sont sous astreinte et en alerte». C’est-à-dire qu’«ils sont mobilisables à tout moment jusqu’à la fin de l’événement. Quand ils descendent le soir et rentrent chez eux, ils ne peuvent faire rien d’autre. Puisqu’ils sont en alerte pour se replier à tout moment à Hann en cas de problème».
À l’intérieur du pays, le même système hors délestage est maintenu à Saint-Louis et Diourbel, avec les mêmes dispositions sur les plans humains et organisationnels. Mais il reviendra au Festival mondial d’installer lui-même ses groupes sur les sites, selon M. Cissé. Quant à Ziguinchor, Cheikhou Cissé précise qu’«il n’y a aucun problème là-bas puisqu’ils ne sont plus sous délestages. Ils ont même un excédent de 4 Mw depuis le 15 novembre dernier». Une fin des délestages à laquelle la Senelec est parvenue à Ziguinchor grâce à la location de plusieurs groupes.
Cet ensemble de dispositions prises par la Senelec pour la couverture normale du Festival mondial des arts n’a pas d’incidences financières significatives sur la trésorerie de la société, d’après Cheikhou Cissé. «À part la prise en charge du personnel mobilisé durant toute la manifestation, le reste des mesures appliquées n’a pas d’incidences financières. Parce que les 5 postes existaient et servent pour le dépannage».
Youssouf SANE (Stagiaire) & Birane LO
popxibaar.com
http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/12/09/wikileaks-corruption-et-divisions-a-dakar_1451532_1446239.html#ens_id=1446739
Abdoulaye Wade, le 4 avril, à Dakar (Sénégal).AFP/SEYLLOU
Même si le Sénégal présidé par Abdoulaye Wade est « un bon partenaire, ouvert aux intérêts des Etats-Unis », les Américains n’ont qu’une confiance limitée en ses dirigeants. Comment continuer d’aider financièrement un pays ami, pauvre, mais peu fiable ? Comment soutenir les Sénégalais qui « ont perdu espoir face à un chômage de masse », sans aider « Wade et son entourage, immergés dans des scandales financiers » ?
La question tient lieu de fil rouge des télégrammes diplomatiques américains obtenus par Wikileaks et révélés par Le Monde. Se lit la nouvelle difficulté qu’affrontent les puissances occidentales dans leur politique d’aide à l’Afrique : elles soumettent leur financement à des exigences de bonne gestion, alors que les Africains ont de nouveaux « amis » comme les Chinois, nettement moins regardants.
Lors d’un long tête-à-tête rapporté par un télégramme du 18 février 2010, Marcia Bernicat, l’ambassadrice américaine au Sénégal, tente de persuader le président Wade, 84 ans, de la nécessité de prendre des mesures contre la corruption. « L’impression selon laquelle la corruption est répandue est aujourd’hui devenue [au Sénégal] une réalité qui ne peut être combattue que par des mesures concrètes », avertit la diplomate. Face à elle, le président Wade répète qu' »aucun cas de corruption n’a été récemment porté devant la justice ».
« GLOUSSEMENT »
Après des années de refus pour cause d’opacité financière, les Etats-Unis ont fini par accorder en septembre 2009 au Sénégal un crédit de 540 millions de dollars sur cinq ans au titre du « Millenium challenge corporation », un programme d’aide au développement soumis à de strictes conditions.
Forte de ce levier financier, l’ambassadrice est venue faire pression. Elle a tenté d’amadouer son interlocuteur en lui faisant cadeau d’une photo le représentant avec Hillary Clinton, dédicacée de la main de la secrétaire d’Etat. Mais son message est clair : « Le Sénégal pourrait perdre » ce financement si les indicateurs de corruption s’aggravaient.
Inquiet, le président Wade « demande abruptement des assurances », mettant en avant la nécessité d’aider « les plus pauvres ». Finalement, après « un gloussement », il reconnaît la nécessité d’agir contre la corruption.
L’ambassadrice ne paraît guère convaincue. Le président, prédit-elle, « va louvoyer entre des mesures et la poursuite de l’autorisation donnée à ceux qui sont habitués à se servir dans les caisses du gouvernement, de le faire afin de s’assurer que leur loyauté demeure intacte ». Et elle ajoute : « Les ressemblances frappantes entre le père et le fils dans ce domaine montrent que tous les deux continuent de sous-estimer l’importance de cette question pour les bailleurs de fonds et, de plus en plus, pour les électeurs. »
« DÉMOCRATIE FAIBLISSANTE »
Le Sénégal est décrit comme « une démocratie faiblissante », dominée par Abdoulaye et Karim Wade. Le père et le fils, indiquent les mémos, sont plus occupés à « ouvrir la voie à une succession présidentielle dynastique » et à tirer les ficelles du « monde machiavélique de la politique sénégalaise » qu’à « s’attaquer aux problèmes urgents » que sont « le prix élevé des denrées de première nécessité, les coupures électriques fréquentes ou la périlleuse émigration des jeunes vers l’Espagne ».
Au fil des mémos apparaît l’obsession du vieux président sénégalais : « Il veut décrocher le prix Nobel et a plusieurs fois appelé le président Sarkozy pour demander son soutien » selon deux diplomates français. Mais aussi une réalité moins brillante : « Wade s’est fait voler 52 millions de francs CFA (79 273 euros) dans son appartement de Paris par un membre de son entourage », est-il aussi rapporté en novembre 2009.
L’un de ses projets phares, les cent écoles maternelles baptisées « cases des tout-petits »est une « coquille vide », indique un mémo : « Les sites concernés sont soit fermés, soit utilisés à de multiples autres usages ».
« Comme d’habitude, constate un autre mémo en mai 2009, après un remaniement ministériel, il y a trop de ministres (…) qui ne font rien. » Au total, les Américains estiment, fin 2009, que « le président Wade se trouve dans une situation politique difficile en raison de son grand âge du rejet de son fils par les Sénégalais (…) ».
« MONSIEUR 15 % »
Alors que l’élection présidentielle sénégalaise est prévue en 2012, un diplomate français cité par un télégramme de l’ambassade américaine à Paris, daté du 2 février 2010, juge « crédible » le scénario d’une élection anticipée car, selon lui, « Wade réalise que ni lui ni Karim ne peut gagner en 2012 sans une fraude massive que le pays et la communauté internationale ne pourraient supporter ».
Karim Wade semble intéresser les Américains au moins autant que son père. Ils le considèrent comme séduisant mais impopulaire et prennent au sérieux sa réputation sulfureuse. « Karim est aujourd’hui surnommé ‘Monsieur 15 %’ alors qu’au début de 2007, on l’appelait ‘Monsieur 10 %' », note malicieusement l’ambassadrice. Les diplomates français consultés par les Américains ne sont pas plus tendres.
Dans ce contexte douteux, l’inquiétude américaine domine pour l’avenir. Les diplomates constatent « les profondes divisions » dans le camp présidentiel comme dans l’opposition. Ils estiment que « si Abdoulaye Wade décédait sans avoir désigné de successeur », suivrait probablement « une période de violente lutte intestine dans les deux camps, et une instabilité générale du pays ».
Philippe Bernard