«Fille du procureur», touche pas!
Abdoulaye Thiaw ne sait pas qu’on ne touche pas à ce que les jeunes appellent communément «une fille du procureur», pour qualifier une mineure. La preuve, le jour de son procès, il y a une dizaine de jours de cela, le procureur était dans tous ses états. Et il y avait de quoi.
En fait, Aboulaye Thiaw a tissé une relation amoureuse avec N. C. Seck. Mis au parfum de cette relation, le père de la jeune fille fait convoquer le jeune garçon, histoire de connaître ses intentions dans cette relation. Mais Abdoulaye Thiaw Laye de faire savoir que vivant encore chez sa mère, il ne peut rien promettre à plus forte raison épouser sa petite amie. Le père de la jeune fille lui demande alors de cesser de fréquenter sa fille. Mais c’était comme parler à un sourd, car Abdoulaye Thiaw Laye continuait à fréquenter N. C. Seck. Ce qui obligea le père de la fille à déménager et à trouver une occupation à sa fille. Les deux amoureux vont continuer à se voir chez Aïda qui, se trouve être la copine de l’ami de Abdoulaye Tiaw. Ils ont ainsi transformé en nid d’amour le domicile de cette femme. Cerise sur le gâteau, la jeune fille déserte pendant une semaine la maison familiale et chaque soir Abdoulaye Thiaw Laye la rejoignait chez Aïda pour des moments de plaisir.
Par cette attitude, le procureur a vu rouge et à l’endroit de Adoulaye Thiaw Laye, il vocifère : «On veut te donner une femme en mariage, et tu dis que tu es encore chez ta maman. Si tu ne veux pas la marier, il faut la laisser !» Et le procureur de s’en prendre à celui qui a osé toucher à sa «fille». «Tu l’a appâtée avec un portable et tu l’as détournée pour l’emmener chez Aïda. Ainsi quand tu a besoin d’elle tu va faire l’amour et retourner chez toi. Mais tu es dangereux. Si tu ne veux pas te marier, il faut ceinturer ta culotte», martèle-t-il, faisant ainsi rire la salle. Tantôt, il se lève de son siège avant de se rasseoir aussitôt. «Mais il est dangereux ce garçon. Tu n’as pas honte de dire que tu sors avec cette petite fille. Regarde là», lance-t-il. La fille, ignorant sans doute la gravité des faits reprochés à son amoureux ne manquait pas de sourire quand le procureur s’en prenait à Abdoulaye Thiaw Laye.
«Il faut chercher une femme. Est-ce que si on l’avait fait à ta sœur cela t’aurait plu ?», demande le procureur au prévenu. En tout cas, pour le Parquet, «Abdoulaye Thiaw Laye qui se dit tatoueur, fait partie de ces gens qui ravagent les mineures. Ce sont simplement des prédateurs». Comme quoi, on ne touche pas à la «fille» de monsieur le procureur.
Ameth Sy, berceur d’agneau
Jugé le 04 août dernier pour vol commis la nuit, Ameth Sy a retenu l’attention de la salle lors de son jugement. Ce peulh bon teint voleur de bêtes domestiques, a voulu faire croire à la cour à une histoire cousue de fil blanc. Pris avec un agneau qu’il a volé en escaladant le mur d’une maison vers les coups de 4 heures du matin, le prévenu à la barre, a tenu une autre version. «J’ai entendu l’agneau pleurer et j’ai eu pitié de lui, je l’ai pris et je l’ai amené chez moi en attendant que le propriétaire vienne le chercher», a-t-il soutenu. Le juge de lui demander que ferait-il au cas où le propriétaire ne venait pas. Sa réponse ne se fait pas attendre. «Je le garde», rétorque-il. «Donc tu avais l’intention de le garder», lui demande encore le juge. Il avoue sans ambages. Pour lui tendre un piège, le juge lui a demandé s’il allait arrêter de voler. «Oui», a-t-il promis confortant ainsi sa culpabilité sans le savoir.
Une seule affaire et la salle du tribunal est remplie
Pendant des années, les ex-travailleurs de Transplast courent derrière leurs patrons qui restent leur devoir de l’argent, après avoir mis la clé sous le paillasson. Près de 175 personnes sont ainsi remerciées. Depuis la fermeture de leur entreprise en 1997 jusqu’à nos jours, c’est vraiment la période des vaches maigres. Ce mardi 16 août, ils ont montré qu’ils étaient fatigués et qu’ils en voulaient à leurs patrons. Quand le juge a évoqué cette affaire, c’est près d’une cinquantaine de personnes qui avaient effectué le déplacement au palais de Justice qui se sont levées comme un seul homme pour aller à la barre, en faisant un grand vacarme dans la salle. Elles ont même fait lever certains dans la salle qui n’étaient pas concernés par cette affaire, mais qui ont pensé que l’ordre de se lever avait été donné.
Le juge, surpris par cette grande foule, ne pouvait que leur demander de regagner leurs places respectives et d’attendre quelques instants pour que l’affaire soit à nouveau appelée à la barre. Ce qui fut fait mais avec un représentant, Cheikh Guèye, qui parlera au nom de tous ces travailleurs qui ont suivi avec attention les auditions et plaidoiries avec des murmures d’approbation et de désapprobation.