Alors que le gouvernement malien a pris des mesures en sanctionnant les supposés responsables de la mort des élèves-officiers de l’Emia de Koulikoro, le Sénégal lui, demande une enquête pour faire la lumière. Mais il y a des voix militaires qui s’élèvent pour déplorer l’attention particulière accordée à cette affaire par le gouvernement. Suite au décès de cinq élèves-officiers (4 Maliens et une Sénégalaise) de l’Ecole militaire inter armée (Emia) de Koulikoro au Mali, le ministère de la Défense malien avait ouvert une enquête. Il est ressorti de cette enquête que les élèves de la troisième année ont infligé des tortures corporelles à leurs frères d’armes de la deuxième année, jusqu’à la mort de ces cinq élèves-officiers de la deuxième année. C’est ainsi que le gouvernement malien a pris des mesures de sanction et «a relevé le commandant du centre d’instruction Boubacar Sada Sy, le commandant de l’Ecole militaire inter arme (Emia) et tout le personnel de l’Emia. Pour les mesures individuelles, tous les élèves de la troisième année ont été radiés pour avoir causé la mort de leurs frères d’armes», nous apprend le journal du mali.com.
Cette décision a été jugée très normale par certains cadres militaires sénégalais. Selon l’un d’entre eux, le Mali a pris les mesures qu’il fallait car «il y a eu une négligence qui a entraîné la mort et les auteurs doivent être sanctionnés». Ce que déplore cependant notre interlocuteur, c’est la position adoptée par le Sénégal qui a demandé à son ministre des Forces armées de «diligenter une enquête pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de l’élève-officier (Ndèye Fatou Seck Gningue)». De l’avis de notre interlocuteur, il n’y a pas de raison d’ouvrir une enquête sur un décès suite à des manœuvres militaires. «Cela est un ratio de la formation militaire», dit-il.
Selon ces gradés, la mesure prise par le chef de l’Etat ne semble pas appliquée à certains qui ont perdu la vie dans des opérations ou manœuvres similaires. Pour étayer leurs propos, les exemples ne manquent pas. D’abord en 1974, il y aurait eu selon notre source, «une inondation dans le village de Guédé qui a nécessité l’envoi de recrues en formation au niveau de Bango pour faire des digues de protection. Dans cette opération, le Caporal Abdou Khadre Sèye et trois de ses hommes ont été tués noyés et une enquête n’a jamais été demandée». Quelques années plus tard en 1978, poursuit notre interlocuteur, «au cours d’une nomadisation à Kédougou plus précisément à Dindifélo de la 4e promotion de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active de Kaolack, l’élève sous-officier Youssouf Badji a également perdu la vie. Et là non plus une enquête n’a pas été demandée».
Le cas Alboury Ndiaye décédé au cours d’une instruction sur les grenades au champ de tirs de Thiès, touché par des éclats de grenade à la gorge, serait aussi resté sans suite. La liste s’allonge si l’on y ajoute les huit éléments morts de soif au parc Niokolo-koba lors d’une opération de ratissage. Pour tous ces incidents, «aucune sanction pénale n’a été prononcée». Ndèye Fatou Seck Gningue, qui était un élève-officier comme tous les autres et qui a choisi ce métier, ne devrait pas, selon les cadres militaires, bénéficier d’attention particulière. Et pour sa part, explique-t-on, le Sénégal en envoyant son élève-officier n’était pas sans savoir les conditions de formation dans ces écoles, qui ne sont pas de tout repos. Il a aussi été déploré par ces cadres, les propos tenus par le ministre d’Etat ministre des Affaires étrangères. «Il a dit qu’il s’était opposé à son intégration dans l’Armée, parce qu’elle était une élève brillante.» A travers ces propos du ministre d’Etat Madické Niang, ces cadres militaires lisent un manque de considération à leur égard. Car ces propos signifieraient, selon eux, que les officiers de l’Armée ne sont pas brillants.