Le classement publié par The East african Magazine sur les leaders du continent pour l’année 2011, n’honore pas le Sénégal et son président Me Wade. Ce dernier est sur la liste rouge symbolisée dans le classement par la lettre ‘F’ après une évaluation sur l’état de la démocratie au Sénégal, le respect des droits humains, la liberté de la presse, la corruption, la bonne gouvernance et le développement humain. Wade vient de loin derrière ses homologues Cap-verdien en classe (A), Malien (B) et Béninois (C). Wade est dans la même classe que feu Kadhafi, le dictateur déchu Hosni Moubarack et Mohamed V.
Si on fie à l’étude réalisée par East african Magazine, qui prend en compte ce qui s’est passé en 2011, Wade est loin d’être ce démocrate chanté sur tous les toits par ses souteneurs. D’abord en matière de démocratie, le Sénégal est classé parmi les ‘régimes hybrides’ en Afrique avec une note de 5, 25/10. L’étude souligne que l’indice sur la corruption est également alarmant. Une note de 2,9 /10 est attribuée au Sénégal. Ce qui le place au 104 rang sur 185 des pays les plus corrompus. Quant à l’indice sur le développement humain, le Sénégal se retrouve avec 0,45/10. La seule petite note positive se trouve être l’état de la liberté de presse au Sénégal où Wade est crédité d’une note de 54 sur 100. ‘Juste la moyenne’, commente le document.
Soulignons que cette étude ‘réputée parmi les plus crédibles en Afrique’, selon le document, prend en compte les fournitures des biens et services, la sécurité, le respect des lois et règlements, le respect des droits humains, les avancées économiques, le développement humain, la bonne gouvernance. Mais aussi le processus électoral, le pluralisme, le fonctionnement des gouvernements.Dans le document, les pays sont classés dans des rubriques A,B,C,D, E,F. Les pays rangés dans la rubrique ‘A’ sont les premiers de la classe.
On y trouve par exemple le Cap-vert avec 73,2/100. Ceux qui sont cotés d’une ‘bonne gouvernance’ sont dans la rubrique ‘B’. On y trouve le Mali voisin(62,3). Dans la rubrique ‘C’, il y a les ‘passables’. Ce sont par exemple le Bénin (59,12), la Tunisie (50,6). Mais à partir de la rubrique ‘D’, il s’agit des pays où la situation est alarmante. C’est le cas du Niger (47,5) de l’Egypte (F- 44,33) du Sénégal (F-44,0) de la Guinée (F-41,7), le Maroc (F-41,16). Ces pays sont cependant dans une situation de renforcement du système démocratique non prise en compte par l’étude. Mais, il y a les ‘cas désespérés’ tels que la Libye (39,3), la Côte d’Ivoire (37,5), la Mauritanie (36,1), le Gabon (31,7).Notons que pour l’année 2010, la même étude avait classé le Sénégal dans la rubrique (C). Le recul est donc flagrant.
Comment en est-on arrivé là ?
L’étude fait remarquer que Wade est arrivé au pouvoir le 1er avril 2000 après plusieurs années d’opposition. ‘Il s’est présenté 4 fois à la présidentielle avant d’accéder au pouvoir en 2000’. L’étude fait état de son exil en France après son emprisonnement suite à la contestation des résultats des élections de 1998. ’Beaucoup de Sénégalais croient qu’il va perdre les élections de 2012. Une compétition dans laquelle sa candidature est jugée illégale car ayant épuisé les deux mandats que lui autorise la Constitution’, commente la même source.
Le succès de Wade en 2011
L’étude a par ailleurs identifié une réussite pour chaque président en 2011. Pour Wade, sa réussite a été la création de l’Institut africain des sciences mathématiques niché à 80 km de Dakar (Mbour, Ndlr).
Son échec de l’année 2011
Le document cite la journée du 23 juin comme étant le plus grand échec de Wade en 2011. Journée qui a connu une grande manifestation devant l’Assemblée nationale pour dire ’non’ à la modification de la Constitution instituant le ticket d’un président et d’un vice-président à la présidence de la République. ’La manifestation a fait une centaine de blessés’, ajoute le document. ‘La caution fixée à 65 millions pour la présidentielle a été dénoncée par certains opposants comme étant un recul démocratique’.
Le moment de l’année
Ici l’étude désigne l’arrestation du rappeur Oumar Touré (Thiat, Ndlr). ‘Le rappeur a été arrêté pour avoir tenu des propos jugés in décents à l’endroit du président Wade au cours d’une manifestation contre la candidature du président sortant’, explique la même source.
Georges Nesta DIOP