Wade veut arracher l’indépendance
Le Sénégal et la France sont en train de renégocier leurs accords de défenses, une négociation qui inclut le principe du départ des bases militaires françaises, la restitution des emprises précédemment occupées, notamment à Bel Air, l’instauration d’une plateforme de coopération « sous-régionale » dotée d’un effectif réduit de moins de 300 hommes, des facilités aériennes et maritimes. À tout cela, la partie sénégalaise désirerait ajouter cependant, un cérémonial de descente et de levée des couleurs pour marquer sa souveraineté recouvrée. En fait, si Senghor a négocié l’autonomie, Me Wade veut lui, « arracher l’indépendance ».
Une délégation française conduite par l’ambassadeur François Xavier Deniau est à Dakar depuis mardi 18 mai. Comprenant des experts militaires et des diplomates, elle vient, dans le cadre des renégociations des accords de défenses avec le Sénégal, entamer une autre manche et peut être la dernière. Elle a eu le mercredi 19 mai, une première séance de travail avec les autorités sénégalaises sous la supervision du Premier ministre, Me Souleymane Ndéné Ndiaye.
On notera que l’arrivée de la partie française fait suite à la visite effectuée au début du mois, en France, par le ministre d’Etat, ministre des Forces armées, Abdoulaye Baldé. Le ministre sénégalais s’était ouvert à ses interlocuteurs du désir de son pays d’organiser une cérémonie de levée et de descente des couleurs au niveau des emprises des bases qui devront être restituées, apprenait-on de sources généralement bien informées. Reçu par le Secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, Abdoulaye Baldé lui aurait fait part de la volonté du président sénégalais de l’organisation symbolique d’une telle cérémonie. Le ministre sénégalais aurait dans la foulée rencontré, non pas son homologue de la Défense française, Hervé Morin, mais plutôt son collègue de l’Intérieur, Brice Hortefeux qui a du être bien embarrassé d’être visité ainsi par l’homologue de son collègue de la Défense pour parler d’accords de défense.
Curiosité de la diplomatie sénégalaise qui visait certainement à court-circuiter l’impénitent et bavard André Parant, le M. Afrique de l’Elysée qui se permet de se gausser de l’âge du président Wade, le Quai d’Orsay que l’on juge rétif aux initiatives et projets sénégalais et le ministère de la Défense qui se hâte trop lentement dans cette affaire du goût des Sénégalais !
Toujours est-il qu’Abdoulaye Baldé aurait servi à ses interlocuteurs les propositions sénégalaises dont les préoccupations en plus de la restitution le plus rapidement possible,-ce qui ne pourrait techniquement se faire qu’au plus tôt l’été prochain en 2011 précisément,- des emprises au sol des bases seraient en priorité l’organisation de cette cérémonie en attendant. Si en effet, le regretté premier président sénégalais, feu le poète Léopold Sédar Senghor avait avec ses compagnons de l’époque, négocié et obtenu l’indépendance « nominative » du Sénégal, Me Wade veut lui, arracher la souveraineté totale et entière. Une telle cérémonie serait assurément symbolique.
Le président de la République n’en démord pas en effet. L’armée française doit quitter ses terres avec la manière, car il veut voir flotter au plus haut mât des désormais ex-bases militaires françaises à Dakar, le drapeau sénégalais hissé, flamberge au vent après qu’au préalable, celui français sera descendu et plié définitivement. Le tout dans le cadre d’une cérémonie digne d’un armistice ou d’une réédition de l’occupant, sous les fanfares avec les troupes qui rendent les honneurs, les anciens combattants qui défilent, les officiels qui plastronnent et un public rameuté sous l’œil des caméras du monde entier et sous le témoignage de la presse de son pays et de la planète tout entière. Tout est dans l’expression. Déjà le 3 avril dernier, solennellement, dans son adresse à la nation, le chef de l’Etat avait déclaré que le Sénégal reprenait possession de ses terres préalablement occupées par les bases militaires françaises, pour compter des premières heures du 4 avril, date anniversaire de son indépendance. Le vœu d’un rituel de descente et de levée des couleurs complète ainsi la communication de la partie sénégalaise dans le cadre des renégociations de ces accords de défense.
Les négociations sur les accords de coopération militaire conclus en 1974 entre la France et le Sénégal (ré) entamées donc depuis mercredi dernier se poursuivent à Dakar avec en prime cette requête sénégalaise. La partie française conduite par l’ambassadeur François Xavier Deniau, selon les mêmes sources, ne voit aucun inconvénient à ce que le Sénégal hisse son drapeau, sur ses propres terres qui avaient été seulement mises à la disposition des bases françaises conformément aux accords de 1974 et que la partie française entend restituer au plus tard en juin-juillet 2011.
Y trouverait-elle même un inconvénient que ce serait son affaire le Sénégal étant libre de faire flotter sur chaque pouce de son territoire son drapeau national. La France serait cependant réticente à « toute capitulation » ou présentée comme telle. Même pour les besoins d’une consommation intérieure pour cette forte demande des autorités sénégalaises qui, si elles obtenaient gain de cause pour leur apparat, ne seraient même pas trop regardants pense-t-on, de la présence des 1?200 hommes des Forces françaises du Cap-Vert (Ffcv) dont le gros de la troupe est logé au 23ème Bima à Bel Air avec plus de 600 hommes.
Pourvue simplement qu’une levée et une descente des couleurs soit organisée avec le flonflon nécessaire. La France ayant optée pour le maintien d’une force de coopération sous-régionale à Dakar de moins de 300 hommes a jeté, elle, désormais son dévolu sur Libreville pour sa présence militaire dans le fronton de l’océan Atlantique.
Par Madior Fall
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