Un crime est un crime ! Et ni l’horreur des guerres secrètes, ni le sang palestinien, ou l’ineptie des assassinats préventifs que la presse nous dit salutaires, ne saurait le justifier. Les visages des victimes de Paris nous hanteront longtemps puisque la presse nous les montre et nous raconte leur histoire. C’est l’histoire de jeunes gens sauvagement arrachés à la vie à un âge où la mort est interdite. C’est l’histoire de familles entières qui vivront le reste de leurs jours dans le deuil et le ressentiment d’une mort sans contenu ni contour.
C’est l’histoire de tous les crimes du monde, et il n’appartient à aucun musulman de l’expliquer !
Que les procureurs de la République, les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, que le ministère de l’Information et la police de la pensée, décrètent, révoquent, perquisitionnent et torturent, pour déterminer l’origine et les motivations de l’acte à des fins supposées préventives peut se comprendre, mais que l’on invite des représentants auto proclamés de l’Islam à venir s’expliquer défie l’entendement.
Où étaient donc les services de renseignements français lorsque l’allié turc laissait passer des milliers de ressortissants européens qui allaient commettre en Syrie les mêmes atrocités qu’à Paris ?
Que penser du pétrole que Daech est en train d’exporter via la Turquie et dont les revenus ne servent qu’à financer les horreurs commises au nom de l’Islam ?
Si vous pensez avoir compris quelque chose au charabia de la presse, faites l’effort d’oublier, de tout oublier. C’est une histoire où les innocents, pas les victimes, ont les mains sales. Et il n’y a ni conflit de civilisations, ni croisade à opposer à la fausse guerre sainte de jeunes inadaptés qui pensent que se faire exploser au milieu d’une foule leur donnera gain de cause.
En réalité, depuis la fin de la parité Or du dollar, sous Nixon en 1973, l’Amérique, incapable de contrôler son inflation monétaire, a accumulé une dette de dix-neuf mille milliards de dollars qu’elle ne pourra jamais payer. Elle s’est enfermée dans la logique suicidaire d’un accroissement incontrôlable des dépenses de l’Etat pour entretenir l’illusion de la prospérité et du rêve américain. Elle utilise l’OTAN et ses pays membres pour légitimer un nouvel ordre mondial d’où, elle l’espère, lui viendra le secours. Elle a besoin du Terrorisme !
Au-delà des indignations éphémères et des déclarations de principe, c’est sur les réactions aux crimes qu’il convient de s’attarder et surtout analyser comment l’acte terroriste introduit un monologue manichéen (opposition du bien et du mal), qui fait oublier les enjeux économiques et les responsabilités collatérales et rendent plus acceptables les raisonnements simplistes qu’on en déduit. S’Il suffit que sept apprentis mercenaires qui voyagent, traversent les frontières, reçoivent leur salaire par Western Union, tout en échappant miraculeusement à l’attention de tous les services de renseignements d’Europe et d’Asie mineure, pour perpétrer leur crime, puissent déclencher trois mois d’Etat d’urgence, un conflit des civilisations et une déclaration de guerre contre un Etat qui n’existe pas, alors Daech a déjà gagné et le mouvement anti-islamique en Europe a de beaux jours devant lui !
Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue et le reste vient tout seul, disait l’écrivain Céline. Donc, Il faut d’abord beaucoup de haine contre un ennemi évanescent pour enfermer le monde entier dans des raisonnements circulaires et introduire des mécanismes de normalisations sous formes de remise en cause des libertés individuelles, de concentration des capitaux, de création de bases militaires pour mieux préparer la fin des identités nationales et l’avènement du nouvel ordre international sous l’égide de l’OTAN, cet appareil à listes.
Pour échapper à la banqueroute financière, le capitalisme doit constamment réinventer les modalités de l’impérialisme. Hier, c’était la mission civilisatrice, la régénération des races inférieures par les races supérieures, comme disait Renan, puis ce fut la grande mystification de la guerre froide, puis les introuvables armes de destruction massive, et aujourd’hui, c’est l’Islam. Les révoltes populaires contre les despotes jadis soutenus par la CIA, de la Tunisie de Ben Ali à l’Egypte de Moubarak sont récupérées à des fins de propagande pour fabriquer la fausse rébellion Libyenne, et fomenter l’assassinat de Kadhafi et la destruction de la Syrie au nom de cette imposture qu’aura été le Printemps Arabe.
Et comme toujours, des cendres de l’anarchie que l’OTAN laisse derrière elle, nait le terrorisme. Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, n’a-t-il pas déclaré qu’Al Nosra (Al Qaida en Syrie) faisait du bon boulot ?
Pour l’ensemble des raisons évoquées, j’ai bien peur que le terrorisme tel qu’on nous le présente ne soit à la fois qu’un outil, et un moyen de détourner l’attention des peuples de la faillite du libéralisme et de l’incapacité de l’Europe à gérer les mouvements migratoires et les changements ethno-culturels qu’ils occasionnent. Le Capitalisme n’a pas apporté la libre concurrence et l’égalité des chances qu’il promettait. Partout les situations de monopole se multiplient, la concentration des richesses du monde entre les mains d’une oligarchie et la mondialisation des marchés ont eu raison de la démocratie.
Nous savons tous que les résultats d’une élection ont bien moins à voir avec les opinions populaires que les énormes sommes d’argent investit par les bailleurs de fonds pour faire élire le candidat de leur choix.
« On vote le plus riche en espérant qu’il volera moins », le résumera à sa façon récemment un étudiant burkinabé sur les réseaux sociaux.
Combiné aux préalables ajustements structurels asséchant les finances nationales, ce contrôle exercé par le capital financier sur l’exécutif entraine des politiques d’endettement qui sont à la faveur des banques centrales, du complexe militaro industriel (US), et les différentes agences de renseignement.
Mais un système qui ne doit sa prééminence qu’à la frénésie des consommateurs et à l’investissement dans l’endettement de l’Etat n’est pas un système viable et pour survivre, le capitalisme doit nécessairement s’abimer dans l’impérialisme.
Aux lendemains des attentats de Paris, toutes les manifestations ont été suspendues voire interdite à l’exception du salon de la sécurité à la porte de Versailles, inauguré par le sultan du Qatar flanqué de Akbar al-Baker, le PDG de Qatar Airways à qui François Hollande vient de remettre discrètement la légion d’honneur ! On ne peut rien refuser à un pays qui vient de vous acheter vingt avions de guerre ! C’est vous dire combien l’indignation nationale fait bon ménage avec une morale Républicaine que l’or achète.
Macky Sall, qui il y a quelque jour s’est déclaré président de droit divin, nous annonce un budget de la sécurité contre le terrorisme, qui s’élèvera à quarante milliards de francs, dont les Sénégalais ne verront jamais la couleur puisque cet argent ira entre autres, aux prestataires du salon de la sécurité.
Au Sénégal, où le budget consacré aux invalides de guerres est de vingt neufs millions de francs et où un militaire blessé au combat touche onze mille francs de pension alimentaire par mois.
Au Sénégal, où le Président de la République a emprunté cinquante-sept milliards pour organiser l’ignoble sommet de la Francophonie et vient d’augmenter le prix de l’eau et de l’électricité pour compenser le manque à gagner occasionné par les APE.
Au Sénégal, où le président de la République est, pour sa communication, sous la bienveillante surveillance d’une vieille star parisienne rarement prise en défaut de patriotisme envers son pays.
Au Sénégal, où il n’y a que deux sages-femmes pour mille grossesses et où trente-trois mille enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladies bénignes, le Président de la République va en notre nom allègrement marcher dans la supercherie du terrorisme international… jusqu’à interdire le port du voile intégral.
Parce qu’aujourd’hui le visage de l’impérialisme au Sénégal, le visage du libéralisme et de sa faillite annoncée, c’est Macky Sall !
La guerre entre l’Europe et les monstres qu’elle fabrique pour mieux justifier les ignobles solutions qu’elle suggère en guise de réponse à leurs crimes ne nous concerne pas.
Malick Noël SECK
Secrétaire Général du Front National de Salut Public / Momsarew
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