La quête de la célébrité conduit à tout ces derniers jours. Être star à tout prix. Une jeune journaliste s’est jetée délibérément en pâture en relayant sur la place publique des révélations sur sa propre vie privée. Des émigrés en situation d’échec, des artistes en désaffection, des marabouts sans talibés, des activistes arrivistes, des drogués en rupture de cure, toute une armée de chroniqueurs non défrayés, semblent avoir découvert au même moment les deux outils indispensables à leur
quête de puissance : l’audio et le scandale.
Le scandale était, il faut le dire, déjà disponible. Les mains balsamiques de Ndawsi et les reins douloureux de Waaji ont ravi la vedette à tous les feuilletons de Ramadan et il suffit d’y ajouter son petit paragraphe, voire son gros grain de sel, pour voir s’envoler les vues et abonnements monétisés.
Ces données représentent le nouvel Eldorado. Elles offrent buzz, influence et argent. Richesse et célébrité.
Elles sont aussi le nouvel exutoire des frustrations. A priori, c’est l’impact de la mondialisation occidentale qui produit cette nouvelle forme d’agitation de la petite
bourgeoisie dakaroise. L’impact des réseaux sociaux et des modèles de comportement qu’ils incitent à imiter.
Mais il y a bien de l’autochtone dans tout ça. La place centrale de l’audio, de la parole, dans cette nouvelle technique d’ascension sociale évoque parfaitement le rôle traditionnel du griot. Mais travesti et trahi. Une sorte de pourrissement d’un rôle social traditionnellement voué à la cohésion et l’harmonie.
Des jeunes griots mal éduqués, tout comme des belles femmes mal éduquées ou des chefs politiques/religieux mal éduqués, sont plus dévastateurs que les missiles hypersoniques de Poutine.
A l’heure où la mondialisation occidentale entame sa phase terminale en Ukraine, une partie de notre jeunesse a besoin d’un courageux retour réflexif sur elle-même. Elle doit se rebeller contre cette pourriture qui nous envahit de partout. Elle doit refuser de se laisser entraîner sur des voies suicidaires qui ne feront qu’éloigner notre peuple de nos ambitions de paix, de justice et de prospérité.
Méditer sur la tradition lui serait bénéfique. Au Cayor ancien, dit la légende, les jeunes princes qui décidèrent de tuer leurs pères pour prendre le pouvoir ne furent sauvés que par l’intelligence du seul d’entre eux qui avait choisi d’écouter son géniteur et de le cacher. Et qui a donc pu profiter de ses conseils expérimentés pour éviter le pire à ses amis.
Que de leçons à apprendre !
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien député