Le secteur de la santé traverse une crise sans précédent. En effet du mois de mai dernier à la première décade du mois d’août 2011, la Convergence Sutsas Sas, le Cartel syndical majoritaire du secteur a observé 888 jours de grève, soit un total d’un mois dix jours sans travail. Conséquence, certains patients qui se savent plus où donner de la tête boudent les hôpitaux pour aller endurer leur mal à domicile.
Toutes les structures sanitaires du pays fonctionnent au ralenti exceptés, selon une source proche du ministère de la Santé et de la Prévention, l’hôpital Municipal Abass Ndao et l’hôpital Principal de Dakar. Deux structures hospitalières dont les statuts et régimes de gestion n’ont rien à avoir avec le reste des structures de santé du pays. Dans ces dernières, si l’on en croit certaines sources 95% des personnels suivent le mouvement de grèves perlées du Cartel syndical majoritaire du secteur. C’est dire que seules les urgences et les petits soins sont assurés dans ces hôpitaux, centres et postes de santé. Aussi bien les chirurgies programmées que les autres interventions d’un certain degré ne s’effectuent plus dans l’ensemble des structures publiques de santé.
D’ailleurs, renseigne un agent de santé de l’hôpital de Grand Yoff, même en temps normal, faute de consommables il y avait beaucoup de difficultés à réaliser certaines interventions dans ces structures de santé à plus forte raison qu’en ces période de grèves perlées. Dans cette même structure, nous confie la même source, un patient qui a du mal à subir depuis des mois son intervention a décidé tout bonnement de quitter l’hôpital .
Les patients qui pâtissent le plus du mouvement sont ceux qui se trouvent dans le monde rural où, semble-t-il, de Thiès à Fongolémi les populations peuvent rester pendant 72heures sans accéder aux plus petits soins. Et ce pourrissement du système est à l’origine du grave déficit financier qui menace également l’ensemble des structures de santé. Car il ne fait aucun doute qu’avec cette série de grèves l’ensemble des structures de santé vont toutes accuser un manque à gagner dans les recettes et seront ainsi obligées de procéder à des réajustements pour pouvoir supporter leur coût de fonctionnement. A en croire certains observateurs, le plus grave dans cette situation c’est que depuis des mois le système est atteint de « myopie » à cause de la non disponibilité des données sanitaires.
Or pour les partenaires techniques et financiers du secteur, cette situation est tout de même « inquiétante». Car pour ces eux, indiquent une source proche du ministère qui a requis l’anonymat « ils ont l’obligation de faire la situation régulière de l’évolution du système pour pouvoir justifier les fonds qu’ils injectent dans le secteur ». Certains agents du secteur se demandent enfin de compte « si les décideurs n’ont pas voulu laisser pourrir la situation à cause de l’incertitude que la rumeur publique laisse planer sur l’issue incertaine de la présidentielle 2012 ». Une attitude qui serait tout de même inexplicable de leur part en tant représentants de la puissance publique à laquelle les citoyens attendent de bons et loyaux services.