Poser nu pour attirer l’attention? Ce n’est pas nouveau. Les militants pour la défense des animaux et anti-fourrure s’y adonnent depuis plusieurs années, à grand renfort de campagnes d’affichages et de belles actrices dénudées savamment photographiées. On connaît aussi les calendriers de rugbymen ou de pompiers en petite tenue.
Cette rentrée, ce sont… des profs qui s’y mettent, transformant subitement la rengaine potache de la « maîtresse en maillot de bain » en réalité inédite.
Depuis plus d’une semaine, les photos de quinze d’entre eux/elles, vraiment nu(e)s, quoique pudiquement mis en scène, circulent sur le Net. Ils ont même créé un site pour télécharger le calendrier 2011-2012. Ces enseignants ont posé devant un tableau noir où s’affichent autant de messages que de mois dans l’année. « Faisons de l’économie pas des économies », « L’école au bout du rouleau », professe d’un message à la craie chacun de ceux et celles qui posent, mettant en avant les attributs de leur matière (compas, pinceaux, roman classique ou traité d’économie) pour masquer ceux de leur anatomie.
Réduction des postes, classes surchargées…
Pourquoi cette initiative? Les « dépouillés », ainsi que se baptise ce collectif, entendent ainsi illustrer leur « sentiment de dénuement », leur « révolte contre le dépouillement de l’école », et faire signer un manifeste, qui affiche déjà 2326 noms. Toutes les critiques, qui balaient cette rentrée, les clivages syndicaux et même la frontière public-privé y passent : de la réduction du nombre de profs, les classes trop chargées, les enseignants mal formés… Des « dépouillés » à l’origine de ce calendrier inédit, on ne saura pas grand-chose sinon qu’ils sont une quinzaine, « enseignants de base dans divers lycées en France, syndiqués ou non ». Injoignables autrement que par messagerie électronique, ils vous y répondent qu’ils se refusent à l’être individuellement : « En prêtant notre image à un calendrier subversif nous prétendons incarner symboliquement toute une profession », « fédérer des énergies jusque-là dispersées et inventer une nouvelle forme de lutte qui passe par l’image tout en échappant à la société du spectacle ». Tout en jouant de ses mécanismes. Visiblement, ça marche : lentement mais sûrement le « calendrier » fait le tour de la blogosphère enseignante et on se partage le lien entre collègues sur les réseaux sociaux. En attendant de les « découvrir » « lors de manifestations à venir », puisqu’ils promettent d’y être « visibles d’une manière ou d’une autre. »
(avec Le Parisien)