Agitée par les responsables libéraux et, ce dimanche encore, par Modou Diagne Fada, le président du groupe parlementaire du Pds, l’idée des retrouvailles libérales ne risque-t-elle pas d’être, tout simplement, une véritable utopie ? Et pour cause, les points d’achoppement susceptibles de court-circuiter ces velléités diffuses de reconstitution de la grande famille libérale prospèrent, notent des observateurs.
Ceux-ci citent notamment la guéguerre quasiment ouverte entre Macky Sall de l’Apr et Idrissa Seck de Rewmi, la suspicion qui accompagne un éventuel compagnonnage entre le Pds et le maire de Thiès accusé par certains responsables libéraux de vouloir faire main basse sur son ancienne formation politique, voire la traque des biens mal acquis qui accentue davantage le clivage entre l’opposition libérale (Pds) et le nouveau régime issu certes des flancs du parti de Me Wade mais soupçonné d’exercer une influence politique dans cette lutte contre l’enrichissement illicite, par dignitaires libéraux interposés.
La famille libérale doit faire preuve d’intelligence et travailler à ses retrouvailles dans un cadre à déterminer, réaffirmait dimanche encore le président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates, Modou Diagne Fada, pour qui cette perspective « politiquement correcte » est de nature à apporter plus de clarté au débat politique sénégalais. Cette main tendue, pour la reconstitution de la grande famille libérale, du député libéral à Macky Sall et Idrissa Seck, respectivement présidents de l’Apr et de Rewmi, anciens dignitaires du Pds, ne risque-t-elle pas toutefois de tomber dans l’oreille d’un sourd et d’être vouée à l’échec ? Bien que l’idée de ces retrouvailles libérales soit agitée aussi bien au niveau du Pds, de Rewmi ou de l’Apr, pas mal de points d’achoppement semblent concourir à en court-circuiter la dynamique.
En vérité, les divergences et autres lignes de fracture qui séparent les divers membres de la famille libérale semblent presque infranchissables, en raison de l’actuel contexte politique. Entre un Macky Sall aujourd’hui au pouvoir avec son parti, l’Apr, un Idrissa Seck membre « énigmatique » de la mouvance présidentielle et leader d’un Rewmi qui affiche de plus en plus une posture d’opposant, et un Pds chef de l’opposition, depuis la perte du pouvoir, le 25 mars 2012, il sera tout simplement une véritable épreuve d’Hercule que de rapprocher les positions.
MACKY-PDS : LE RETOUR DU BATON
Quoiqu’il soit soucieux de massifier sa base électorale, surtout à l’approche des locales qui risquent d’être un véritable 3ème tour pour l’Apr, le Président Macky Sall semble peu disposé dans l’immédiat à recomposer la famille libérale. Même s’il ne récuse, par certains côtés, à pêcher dans le camp libéral des transhumants pour grossir ses rangs. On se le rappelle encore. L’appel de Me Wade himself, au lendemain de sa défaite électorale, pour des retrouvailles de la famille libérale (Pds, Apr et Rewmi) n’avait pas reçu l’agrément de Macky Sall. En conférence de presse organisée, le lundi 9 juillet, à Paris, le chef de l’Etat avait affirmé, en réponse à la main tendue de Wade, lors d’un comité directeur du Pds en juillet 2012, que la reconstruction de la famille libérale n’était pas «une préoccupation » pour lui. Sans écarter de manière radicale l’idée de se réunir avec sa famille libérale d’origine, Macky Sall avait plutôt plaidé «un compromis historique » au service du développement du pays. « Ce qui impor
Une autre donne qui menace de verrouiller davantage la recomposition de la famille libérale, voire d’imploser toute dynamique de retrouvailles entre l’Apr et le Pds est la traque des biens mal acquis. Une traque dont les coups de boutoir portés contre les dignitaires libéraux accentuent de plus en plus le clivage entre l’opposition libérale (Pds) et le nouveau régime issu certes des flancs du parti de Me Wade mais soupçonné d’exercer une influence politique dans cette lutte contre l’enrichissement illicite. Voire même de diligenter une sorte de chasse aux sorcières contre l’ancien parti au pouvoir.
APR-REWMI : L’AIR DU CLASH
Un autre facteur de crispation pour des retrouvailles libérales semble avoir trait aux relations entre l’Apr de Macky et Rewmi d’Idy qui tendent de plus en plus à se dégrader, à l’épreuve du pouvoir. Membres toutes deux de la mouvance présidentielle, ces formations politiques d’obédience libérale se sont engagées dans une sorte de guéguerre ouverte qui menace d’implosion la majorité présidentielle et la coalition Bennoo Bokk Yaakaar. Idrissa Seck s’imposant de plus en plus, de par ses critiques de l’action gouvernementale, comme un adversaire irréductible de Macky Sall, le clash entre le parti présidentiel et la formation du maire de Thiès ne serait plus qu’une question de temps, selon certains analystes. Les locales de mars 2014 étant retenues comme date butoir pour consacrer la rupture, surtout avec les appétits affichés par les uns et les autres pour les diverses collectivités locales du Sénégal.
RETROUVAILLES IDY-PDS
La piste Macky semblant bloquée en raison de la réalité politique du moment et de la posture assez distante du chef de l’Etat, ancien président libéral de l’Assemblée nationale défenestré en 2008, par ses frères de parti, grâce à la Loi Sada Ndiaye, certains responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) mettent en avant des retrouvailles avec Idrissa Seck pour mieux faire face au régime actuel. Le seul hic reste à ce niveau la suspicion majeure qui accompagne un éventuel compagnonnage entre le Pds et le maire de Thiès accusé par certains responsables libéraux comme la député Aida MBodji, ancienne ministre libérale, de vouloir faire main basse sur son ancienne formation politique. Et même si des initiatives par ci et par là (comme avec Habib Sy, ancien directeur de cabinet de Me Wade) pour rabibocher les positions, la division de la famille libérale est telle qu’il serait hasardeux, selon certains analystes, de postuler à une éventuelle reconfiguration du champ politique sur la base de retrouvailles libérales. Lesquelles restent d’ailleurs pour l’ex-Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, un cacique du Pds, la voie salutaire pour les héritiers de Me Wade. Dans l’immédiat, force est de convenir qu’on en est encore loin. D’autant que des retrouvailles avec Idy vont à coup sûr annihiler les ambitions de nombre de ténors du Pds qui veulent succéder à Me Abdoulaye Wade à la tête du Pds. Me Ousmane Ngom, Karim Wade, Oumar Sarr, Souleymane Ndéné Ndiaye pourraient-ils accepter de se ranger derrière le maire de Thiès , en cas de retrouvailles entre le Pds et Rewmi ?
SUD QUOTIDIEN