Derrière le combat au sommet qui oppose Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, il y a aussi deux femmes. Le feu et l’eau, le fer et le velours. Le combat militant d’une syndicaliste, le brillant parcours d’une femme d’affaires.
Simone Ehivet, née en 1949, est historienne comme Laurent Gbagbo, qu’elle épouse en seconde noces. Leur union se fonde sur la passion politique, sur les luttes syndicales ils partagent l’exil en France et aussi la prison d’Abidjan alors que, dans les années 70, ils se battent en faveur du multipartisme et défient Houphouët Boigny. Avec les années et l’exercice du pouvoir, Laurent s’arrondit, butine et certains le disent aujourd’hui prêt à composer, tirant la leçon de sa défaite électorale. Mais Simone ne l’entendra pas ainsi: voici deux ans, lorsqu’elle présente à Bruxelles son livre «Passions d’ébène» les militants ne s’y trompent pas, et ils réservent à la Première dame un accueil d’homme d’Etat. Car c’est elle qui galvanise la rue d’Abidjan alors qu à Linas Marcoussis, dans la banlieue parisienne, son époux a été obligé de composer avec les rebelles; c’est elle qui inspire les «jeunes patriote» dirigés par Charles Blé Goudé, aujourd’hui MInistre de la Jeunesse, c’est elle aussi que l’on accuse d’avoir fait disparaître le journaliste Guy-André Kieffer qui avait trop enquêté sur la «filière cacao» et les achats d’armes. Si elle fascine, elle fait peur aussi et ses proches assurent que Simone partage aujourd’hui avec son mari le «syndrome Allende», qu’elle est prête à résister jusqu’au bout, défiant la «communauté internationale» et renversant l’accusation de «coup d’état légal». Ce qui la soutient, c’est la foi: : non seulement l’idéologie socialiste a marqué sa vie, mais aujourd’hui la «dame de fer» a rallié la religion évangéliste et rien n’ébranlera ses certitudes.
Moins connue mais tout aussi puissante, Dominique Ouattara, née Novion voici 56 ans, soutient son mari avec la même fermeté que sa rivale Simone et presque depuis aussi longtemps. Alors qu’elle était encore Dominique Folloroux, épouse d’un Français, l’ambitieuse et ravissante jeune femme prit, en 1979, les rênes de la société immobilière AICI, gérant les propriétés immobilières du vieux président Houphouet Boigny et de son collègue Omar Bongo du Gabon. Comment la présidente d’honneur de la Chambre syndicale des syndicats immobiliers de Côte d’Ivoire n’aurait elle pas rencontré le jeune et brillant Premier Ministre du «Vieux>», Alassane Ouattara, chargé de remettre le pays sur la voie de la rigueur et de «faire atterrir» la dévaluation du CFA? C’est à Neuilly, en 1990, que le maire de l’époque , un certain Nicolas Sarkozy, célèbre leur mariage et le couple aura deux enfants. Par la suite, Dominique Ouattara, qui est aussi très proche des milieux israéliens, progresse dans le monde des affaires: en 1996, la PDG du groupe AICI devient présidente de la société qui gère l’Institut Jacques Dessange, basé à Washington et deux ans plus tard elle acquiert les franchises de «Jacques Dessange» aux Etats Unis. Salons de coiffure, instituts de beauté, le groupe acquiert une envergure internationale.
Villa à Neuilly et dans le Midi, relations dans la jet set internationale, le couple Ouattara est riche, très riche, ce qui rassure beaucoup d’Ivoiriens «au moins ils n’ont pas besoin de voler…» Alors que Simone Gbagbo, élue du quartier populaire d’Abobo se concentre sur l’action politique, Dominique Ouattara crée la fondation Children of Africa[dont son amie, la princesse Ira de Fûrstenberg, sera la marraine et qui construit écoles, maternités, centre d’accueil pour enfants de la rue dans plusieurs pays. Cette année, délaissant provisoirement ses affaires Dominique, blonde et radieuse, a mené campagne aux côtés d’ ADO: devenir Première Dame est la dernière étoile qui manque au palmarès de celle qui comptait, en 2000 parmi les 40 femmes d’affaires les plus importantes du monde. Mais dans l’immédiat, recluse dans l’hôtel du même nom, elle ne règne encore que sur ce que la presse appelle la «République du Golf”
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