IIl paraîtrait que lors du dernier Conseil des ministres, Sa Majesté aurait dit (décrété plutôt) à sa cour rapprochée : « vous pas bouger cet hivernage ; vous pas aller en vacances à l’extérieur, vous rester à vos postes pour lutter contre le Covid« .
Avec toute l’impertinence respectueuse qui sied quand je m’adresse à votre Honneur, permettez (l’autre aurait dit « souffrez ») que je questionne votre décret-loi et suggère irrespectueusement d’autres ordres (décrets) à donner.
Ils sont en vacances et ils ne vont pas …en vacances à Paris ou dans quelques îles exotiques, que vont-ils foutre pendant leurs trente jours de résidence à domicile ? Conduire progéniture et petits fils à la piscine du pote hôtelier ? Amener « bonbonne » tous les soirs au resto au bord de la mer après l’avoir déposé l’après-midi à son salon de manucure, coiffure, ou autre salon de thé très privé ?
Ils peuvent aussi avec leurs potes de farniente, organiser des tours de méchoui et de pétale de gueule dans leurs champs et autres vergers bien camouflés derrière de hauts murs. Avec les maîtresses et autres secrétaires ; bien sûr pas de madame qui est occupée ailleurs avec les copines à dilapider le « sursalaire » de monsieur le ministre de mari. Dans le meilleur (pire ?) des cas, ils peuvent aussi continuer à aller au bureau, téléphoner à tous les potes et à toutes les maîtresses du bout du monde, en rigolant bien haut, bien loin des 29-30 degrés du dehors. Ils peuvent aussi… ne rien foutre de votre interdiction de voyager en inventant un « motif impérieux » voire très impérieux du genre fiston ou la bru très malade là où elle étudie : Paris, Lisbonne, Montréal, New York, ou pourquoi pas en Chine. Ou tient, le Japon ? Histoire d’aller voir les Jeux avec le « deuxième bureau » ! Admettez, votre Altesse, que c’est très peu productif, ni anti-Covid.
Permettez que je partage avec Votre Majesté, le fruit de mes longues journées de confinement, de lectures diagonales de la presse, d’écoute d’une seule oreille de nos bandes FM, des coups d’œil furtifs aux programmes très peu instructifs de nos télés. Surtout la vôtre, qui est en principe, permettez-moi de vous le rappeler, la nôtre ! Même si mon jeune frère DG de notre très peu télé publique, RAS, s’évertue maladroitement et vainement à nous faire croire que les seules activités qui sont d’utilité publique sont vos activités et celles de vos ministres. Mais bon, passons…
Alors, voilà donc ce que je pense être de la résilience, d’utilité publique, de vacances citoyennes et de lutte contre cette saloperie de Covid qui bousille notre quotidien, hypothèque notre avenir et tue… nos vieux et nos vielles. Et depuis peu, nos jeunes aussi.
Vous décrétez :
Art 1 : 5 mois de retenue de salaires de tous vos ministres. Ils gardent leurs avantages.
Art 2 : 3 mois de retenue de salaires pour tous les DG avec moins de trois brisques ; 5 mois de salaires pour les DG de plus trois briques ;
Art 3 : vous envoyez à l’ancien, l’honorable président inamovible, de l’Assemblée, un projet de loi instituant une retenue de salaire de dix mois (oui 10) pour les députés de la majorité. Je sais bien qu’on dit qu’une loi est générale, non particulière, ni discriminatoire et bla-bla, mais depuis quelque temps maintenant, vous prenez des lois avec l’aide très zélée de cette majorité justement, qui sont très discriminantes, à visée très ciblée comme celle contre les millions de Sénégalais « terroristes » qui oseraient porter des brassards rouges au centre-ville près de votre auguste demeure, sur les routes cahoteuses (et chaotiques) de nos villages abandonnés.
Pour les autres députés (opposition et/+ou apparentés), connaissant leur patriotisme et ne voulant être pointés du doigt comme de très peu honorables, ils vont « s’autoretenir » (d’accord le verbe n’existe pas, mais on se comprend non ?).
Art 4 : Concerne aussi tous les privilégiés que j’ai omis, mais dont vous détenez sous vos puissants coudes les dossiers. Ils seront taxés à hauteur de 90% de leurs indélicatesses et, ils évitent (très provisoirement, parce que je suppose que Boy Sonko n’acceptera pas qu’ils échappent aux rigueurs de la loi) le séjour très peu farniente de Rebeuss.
Art 5 : Tous au bled, au village, à la ville natale, au quartier résidentiel (ils peuvent y aller avec leurs voitures de fonction puisqu’ils vont bosser, lutter contre le Covid, en menant de puissantes campagnes de proximité contre le Covid tueur. Vous vous rappelez Majesté, les campagnes que les Maos (vous en fûtes, parait-il) menaient pendant les vacances. Quand ils avaient encore quelques idées très populistes, bizarres même, mais tout compte fait très utiles. Voilà : tous près du peuple, dans le peuple, pour le peuple. Contre le Covid assassin.
Art 6 : a) cette campagne n’est pas un prétexte pour mener une campagne locale anticipée ;
a) si leur travail s’avère utile, les électeurs s’en souviendront quand même dans six mois ;
c) Il est absolument interdit de drainer des foules ni de faire « khawarés » avec Tam-tams et titi quanti. Et les masques sont obligatoires ; les gels aussi, et à distance raisonnable.
Art 7 : Laye Diallo et monsieur Hott, sont chargés de nous calculer tout ça. Somme que vous rendrez publique lors d’une de vos sorties télévisées très « Niangal » dont vous confierez la gestion à un comité composé de personnalités aux mains très propres.
Les Docteurs, les travailleurs de la Santé, et le ministre du Covid, nous diront quels sont les besoins en : vaccins, masques, gel, structures de santé de base, hôpitaux (régions ou départements) ; etc.
Voilà Votre Majesté. Les mauvaises suggestions d’un de vos sujets « mal pensants utilement (futilement) ! Ah oui, pour terminer, je vous informe que j’ai soumis ce texte « insoumis » à un ami juriste, Professeur, Docteur (mais) à la retraite pour voir s’il ne tombait pas imprudemment dans les « non-dits », mais bien visibles articles du Code pénal nouveau contre les probables éventuels actes et écrits terroristes. Il m’a affirmé que non. Et cela jusqu’à l’extinction de votre règne, Majesté. Mais vous savez, je ne suis que modérément convaincu. Parce que depuis quelques années, nos juristes ont la fâcheuse habitude (très naturelle parait-il) de n’être d’accord sur rien. C’est selon les bords. Leurs bords. Même votre tailleur constitutionnel de « haute couture (il y tient) a trouvé un nouveau job depuis qu’il vous a taillé tous les textes liberticides et que vous l’avez ensuite viré (pourquoi d’ailleurs l’avez-vous viré ? Il en faisait trop ou pas assez ?) ; donc son nouveau job : avocat du diable spécialisé dans « l’embrouillage » et « l’enfumage des esprits ».
Je vous souhaite de très bonnes vacances d’utilité publique. Si tant est que le Covid et ses cas positifs en constantes hausses et mortels vous en laissent le loisir. Surtout qu’il parait, que jamais de mémoire de « creuseurs de tombes », ils n’en avaient autant creusé que ces jours-ci.
Demba Ndiaye, Journalist