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DIFFICULTES FINANCIERES ET VENTE DU MATERIEL La Suneor sur une pente raide

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L’industriel, Abbas Jaber veut-il partir sur la pointe des pieds ? La vente du matériel et les difficultés financières simulées ou réelles font craindre une faillite programmée de la Suneor.
Un vent de panique souffle sur la Suneor. Les travailleurs sont inquiets pour leur avenir. Ils craignent que le repreneur, Abbas Jaber prépare une faillite programmée de la Suneor. Des sources dignes de foi expliquent que « l’essentiel du matériel de fonctionnement est liquidé et remplacé par d’autres en location ». Les mêmes sources attestent que cette mesure qui frappe pour le moment la direction commerciale va s’étendre à l’ensemble de la société. « La flotte commerciale comprenant 12 véhicules de marques Mitsubishi appartenant à la Suneor est vendue à des tiers. Ces véhicules sont remplacés par d’autres pris en location auprès du concessionnaire, La Sénégalaise de l’automobile, à raison de 450 000 f par mois. Aujourd’hui, c’est ce concessionnaire qui gère tout ce qui est relatif à la maintenance de ces voitures », informe une source. Les ordinateurs et les photocopieuses ne sont pas épargnés par cette nouvelle option de la direction. Cette mesure spectaculaire et contreproductive inquiète au plus haut niveau de la société. Les travailleurs craignant pour leur avenir commencent à rouspéter. Les plus qualifiés cherchent ailleurs avant qu’il ne soit trop tard. Pour l’heure, la direction n’a donné aucune explication à ce choix préjudiciable aux intérêts de la société. Pis, l’inquiétude des travailleurs est exacerbée par les difficultés financières que traverse la Suneor.

En effet, la Suneor est confrontée à un sérieux problème de liquidité. Elle ne parvient plus à s’approvisionner correctement en matière première pour la fabrication de l’huile. Pourtant, la société M2A, fournisseur de matière première à la Suneor appartient à Mazen Jaber (frère d’Abbas Jaber). Mais devant les difficultés financières de la Suneor, la société M2A ne lui fait plus confiance. Actuellement les deux partenaires ont opté pour un système d’approvisionnement par relâche. Autrement dit, la société M2A approvisionne son partenaire en fonction de ses ressources financières disponibles. C’est-à-dire « du donnant-comptant ». Pour trouver de l’argent nécessaire à ces opérateurs, « la Suneor envoie ses agents commerciaux auprès des gros clients pour leur demander de passer des commandes. Une fois l’argent collecté, la Suneor fait un dépôt auprès de sa banque afin que M2A puisse faire une relâche en fonction de l’argent disponible », nous informe-t-on. La conséquence directe de cette opération est l’incapacité de la Suneor à respecter toutes ces commandes. Par conséquent, la Suneor doit près de 2 milliards de F CFA à ses gros clients. A titre indicatif, à la date du 30 juin, la Suneor a reçu la somme de 400 millions de F Cfa de la société Galé Gollé, 500 millions de Amar Diop, 200 millions de Mbaye Touré, 200 millions de la société Sadidal etc.… « Je déplore l’attitude de certains agents commerciaux qui collectent l’argent des commerçants alors qu’ils savent que la Suneor ne peut pas satisfaire toutes ces commandes. Il est temps d’informer ces commerçants des dangers que la Suneor leur fait courir. Car lorsque Abbas Jaber quittera le pays, il laissera derrière lui une dette énorme », alerte un cadre de la boîte. L’attitude de la M2A est dénoncée par certains travailleurs de la Suneor. « La société M2A appartenant à la famille Jaber ne veut non seulement prendre aucun risque, mais contribue à renchérir le prix de l’huile. Car la Suneor devrait être en mesure de s’approvisionner directement sur le marché international. Le cas échéant l’huile vendue aux ménages serait moins chère ». Selon une personne haut placée dans l’administration de la Suneor, Mazen Jaber, propriétaire de la société M2A, est par ailleurs directeur commercial de la Suneor. Une collusion manifeste qui lève un coin du voile sur la gestion peu orthodoxe de la société. Dans le mémorandum adressé au chef de l’Etat, datant de mai 2008, les syndicalistes de la Suneor « dénonçaient les sociétés familiales telles que M2A, IRIS, Tamaya, qui phagocytaient la Suneor ».

Course contre la montre

La stratégie mise en branle par la direction de la Suneor est d’autant plus inquiétante qu’elle coïncide de manière étrange avec la fin de la concession, en février 2012. La vente des terrains appartenant à l’entreprise entre aussi dans le même souci. Certains travailleurs soupçonnent le repreneur Jaber de vouloir plier bagages, flairant une défaite du pouvoir libéral dont il est proche. Plusieurs arguments militent en faveur de cette option. Il faut d’abord noter les irrégularités constatées dans la privatisation. En 2009, le rapport de la Cour des comptes avait mis en relief plusieurs irrégularités ayant jalonné la privatisation de la Sonacos. Le rapport avait ainsi constaté que les offres faites par le groupe Advens, propriété de l’homme d’affaires Abbas Jaber, ont été « considérées, à deux reprises, comme nettement insuffisantes » par la Commission spéciale de suivi du désengagement de l’Etat (Csdde) qui a mené le processus de cession des parts de l’Etat. Les mises en garde de ce service sont pourtant très claires même si les autorités ont ignoré royalement ces observations pour passer à l’action parce qu’elles n’ont pas empêché à l’Etat de céder les 66,9% de ses actions au prix de 5,3 milliards de FCFA. Les conditions assorties de la privatisation, comme la création d’un groupe de pilotage composé de représentants de l’Etat, du Consortium et de la Direction de la Sonacos, le financement du plan social, la garantie sur une période de 12 mois pour tous les passifs occultes pouvant se révéler après la signature de la convention de cession, le maintien pour une durée de cinq ans de la subvention de l’Etat pour l’achat de semences aux producteurs, ne peuvent pas justifier le coût extrêmement insignifiant de cette opération. A titre de comparaison, la Cour des comptes explique que les 5,3 milliards représentant le montant du rachat des 66,9% des actions détenues par l’Etat sont inférieurs au montant de la recapitalisation de la Sonacos qui est de 6 milliards de FCFA. Pis, les enquêteurs révélaient que : « Si, de ce montant payé par Advens, il faut retirer le financement du plan social par l’Etat pour 4 milliards de FCFA, en dépit même de la réévaluation du prix de cession, le résultat obtenu est, en toute vraisemblance, très bas ». En clair, le groupe Advens s’est octroyé un joyau à un prix dérisoire. Pour toutes ces raisons, il est normal qu’Abbas Jaber, incapable d’attendre les objectifs fixés par la privatisation craigne une renationalisation de la Sonacos lorsqu’il y aura un changement de régime. Le président Abdoulaye Wade a déjà appliqué une telle pratique par la reprise de la Senelec des mains de d’Hydro-Québec et d’Hélios.

Ces informations viennent confirmer la révélation de La Gazette qui parlait de la liquidation du patrimoine foncier (16,5 ha) de la Suneor par l’industriel, Abbas Jaber. Aujourd’hui, les preuves concordantes attestent que la Suneor est sur une pente raide. Lors de la dernière campagne agricole, la Suneor a rencontré beaucoup de peine pour apurer la dette de 10 milliards qu’elle devait aux paysans.

Abdou Latif COULIBALY

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