XALIMANEWS-Dikembe Mutombo, l’icône du basket-ball et figure humanitaire, est décédé cette semaine à l’âge de 58 ans des suites d’un cancer du cerveau, comme l’a annoncé la Ligue nord-américaine de basket-ball (NBA). Ce départ tragique marque la fin d’un chapitre pour un homme dont la carrière et l’engagement ont transcendé les frontières du sport, laissant une empreinte durable, tant en NBA que dans son pays natal, la République démocratique du Congo (RDC).
Né à Kinshasa en 1966, Mutombo est arrivé aux États-Unis à l’âge de 21 ans pour étudier à l’Université de Georgetown, où il a rapidement émergé comme l’un des meilleurs défenseurs du championnat universitaire. Sa taille imposante de 2,18 m et ses aptitudes défensives hors pair l’ont conduit à être repéré par la NBA, où il a entamé une carrière brillante en 1991 avec les Denver Nuggets.
En vingt ans de carrière, » Mount Mutombo « , comme il était surnommé en raison de son physique imposant et de sa présence intimidante sous le panier, a joué pour huit franchises différentes. Ses années les plus marquantes incluent ses passages chez les Nuggets, les Hawks d’Atlanta, les Sixers de Philadelphie et les Rockets de Houston, où il a terminé sa carrière en 2009 à l’âge de 43 ans. À son palmarès, huit sélections au All-Star Game et quatre titres de meilleur défenseur de l’année. Il a également fini trois fois meilleur contreur de la NBA et deux fois meilleur rebondeur, affirmant ainsi sa domination dans la raquette. Cependant, malgré deux finales NBA (en 2001 avec les Sixers et en 2003 avec les Nets du New Jersey), Mutombo n’a jamais remporté de titre, un regret dans une carrière pourtant exemplaire.
Mutombo s’est aussi distingué par son geste emblématique, l’agitation de l’index pour dire « non » à ses adversaires après un contre réussi. Ce geste, devenu iconique, a finalement été interdit par la NBA, jugé provocateur. Toutefois, il restera gravé dans les mémoires comme l’un des symboles de sa domination défensive.
Au-delà des terrains, Dikembe Mutombo s’est fait un nom par son engagement en faveur des causes humanitaires, notamment en Afrique. Après sa retraite sportive, il a consacré une grande partie de son temps à sa fondation, la Dikembe Mutombo Foundation, qu’il avait créée dès 1997. L’un de ses plus grands projets fut la construction d’un hôpital à Kinshasa, un établissement de 29 millions de dollars, dont 15 millions avaient été financés par ses propres fonds. L’hôpital Biamba Marie Mutombo, nommé en hommage à sa mère, a ouvert en 2007 et a permis à des milliers de Congolais d’accéder à des soins médicaux de qualité. Cette réalisation majeure a renforcé l’image de Mutombo comme un philanthrope profondément engagé dans l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes.
Cet engagement lui a valu des reconnaissances internationales, dont le prix » Sport for Good » aux Laureus World Sports Awards en 2010 à Abu Dhabi, récompensant son impact humanitaire à travers le sport. Mutombo a également été le premier Africain à devenir ambassadeur mondial de la NBA, un rôle qui lui a permis d’inspirer de nombreux jeunes sur le continent africain.
Dikembe Mutombo posant fièrement avec son prix « Sport for Good » lors de la Cérémonie des Laureus World Sports Awards le 10 mars 2010 à Abu Dhabi
La disparition de Mutombo a suscité des réactions émues dans le monde entier, tant parmi ses anciens coéquipiers que dans la sphère politique. Joel Embiid, star des Sixers de Philadelphie et MVP en 2023, a exprimé sa tristesse : » C’est une triste journée pour le monde entier, et encore plus pour nous, les Africains. Il a été l’un de mes modèles, pour son impact sur et hors des terrains. Il a accompli beaucoup de bonnes choses pour de nombreuses personnes. » Embiid, lui-même d’origine camerounaise, voit en Mutombo une source d’inspiration, non seulement pour ses exploits sportifs, mais aussi pour son travail philanthropique.
Daryl Morey, manager des 76ers, qui avait côtoyé Mutombo à Houston, a également partagé son émotion : » C’était un homme formidable, notamment pour son travail en Afrique. « Même l’ancien président américain, Barack Obama, a tenu à rendre hommage au grand défenseur : » Il était l’un des meilleurs bloqueurs de tirs et défenseurs de tous les temps. Il a inspiré une génération de jeunes en Afrique, et son travail en tant que premier ambassadeur mondial de la NBA a changé la façon dont les athlètes pensent à leur impact en dehors du terrain. Michelle et moi pensons à sa famille et à tous ceux qui l’ont connu et aimé « , a-t-il écrit sur son compte Twitter.
En République démocratique du Congo, le président Félix Tshisekedi a exprimé sa profonde tristesse depuis la Hongrie, où il était en déplacement officiel. » Mutombo Dikembe était un sportif de talent, un citoyen engagé et un exemple de réussite pour la jeunesse « , a déclaré le chef de l’État, mettant en lumière les efforts du basketteur pour améliorer les secteurs de la santé et de l’éducation en RDC.
De nombreuses autres personnalités ont tenu à honorer la mémoire de Mutombo. Magic Johnson, autre légende de la NBA, a salué l’homme derrière l’athlète : « Il n’était pas seulement un grand joueur de basket-ball, mais aussi un homme au cœur d’or pur. » Vincent Kompany, ancien capitaine des Diables rouges de la Belgique et actuel entraîneur du Bayern Munich, a rappelé combien Mutombo avait inspiré toute une génération de jeunes Congolais. » Nous étions fiers de nos origines, grâce à lui. Il nous a montré que nous pouvions rêver grand et réussir « , a-t-il confié.
Dikembe Mutombo laissera à jamais une empreinte indélébile. Son engagement sur et hors des terrains, son dévouement envers son pays et son travail humanitaire continueront d’inspirer les générations futures, non seulement en RDC, mais à travers le monde entier.