Icone du Mouvement de l’émancipation des Femmes, madame Lise Ouimet Payette s’est éteinte le 5 septembre 2018 à l’âge de 87 ans. Communicatrice hors pair elle intervient dans les médias comme une éveilleuse de consciences, surtout à travers son émission télévisée « Appelez-moi LISE » qui fracasse les cotes d’écoute. Déterminée à continuer de contribuer aux changements dans la société québécoise, elle pense à l’outil politique. Ce faisant, en 1976, elle propose ses services au Chef du Parti Québécois (P.Q.), monsieur René Lévesque. Détectant certainement en elle un grand potentiel politique, celui-ci l’accueille dans ses rangs. Élue députée du comté de Dorion en novembre 1976, Mme Payette accède au Conseil des ministres où elle est l’unique femme. Elle est d’abord nommée ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières puis ministre d’État à la Condition féminine. Bien qu’elle n’ait eu qu’un seul mandat (1976-1981), elle fit bouger beaucoup de lignes. Parmi ses innovations majeures, on compte la mise en place de l’Assurance automobile du Québec, la Loi de protection du consommateur-e- et la première politique globale « Pour les Québécoises » qui donne entre autres aux femmes mariées, le droit de garder leur nom de famille. On lui doit aussi le « Je me souviens« sur les plaques d’immatriculation des voitures. Comme le disait la Députée et co-porte-parole de Québec solidaire, madame Manon Massé : «Lise Payette a été la première à faire un trou dans le plafond de verre. … Elle a pavé la voie pour les femmes comme ministre …» Si l’exercice du pouvoir de Mme PAYETTE fut parsemé d’importantes réalisations, il ne fut pas exempt d’erreurs. Elle en fit une lors du Référendum de 1980 où elle traite les femmes qui voteraient Non, d »Yvette » à l’image de l’épouse de Claude Ryan, une femme soumise, selon elle. Cette bévue fut récupérée par le camp du Non qui mobilisa près de 15 000 individus dont une majorité de femmes. Mais, quel pionnier ou pionnière politique ne commettrait pas d’erreurs? C’est blessée d’être accusée d’avoir compromis la victoire du Oui, donc, l’avènement de la souveraineté du Québec, qu’elle quitte la scène politique. «Aucun membre de mon parti ne s’est levé pour me défendre» dira t-elle souvent.
Mais, d’une détermination à tout rompre, elle ne baisse pas les bras. Elle poursuit son œuvre d’éducation et de conscientisation à travers l’écriture et l’image. Elle crée plusieurs téléromans dans les années 80-90. De même, en 1989, elle sort un documentaire intitulé « Disparaître » pour alerter la société québécoise de la menace de disparition du fait qu’elle ne fait pas assez d’enfants. Comme ses propos sur les « Yvette », ce documentaire soulève toute une controverse. Il en sera de même, quand elle défendra son ami Claude Jutra, accusé de pédophilie.
C’est dire que la vie de cette grande Dame Québécoise n’a pas été un long fleuve tranquille.
Toutefois, sincère dans son engagement pour la cause des femmes et celle du Québec, elle est adulée par le public qui a déversé sur elle une pluie d’éloges à l’annonce de sa disparition. De même, les chefs des partis politiques de tous bords ont observé un moment d’arrêt de leur campagne électorale pour lui rendre hommage. La reconnaissance de son apport à l’avancement du Québec est unanime. Elle entre au Panthéon des Héroïnes du combat pour la libération des femmes. De LISE, on se souviendra toujours !
LY-Tall Aoua Bocar, Ph.D.
Chercheure associée à l’Institut d’Études Féministes et du Genre, Université d’Ottawa, Canada
Sociologue, Analyste, Auteure, Expert en Genre, Conférencière et Consultante internationale
Tel.: 438-368-2588, Email: [email protected]; SKYPE : hawabocar9
Depuis quand les femmes sont-elles condamnées, pour être libérées ?
Hahaha bonne question. Toutes les folles sont sociologues et se disent féministes. Wakh rék