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Dix ans de wade au pouvoir. La corruption n’est pas un produit de l’alternance

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Le pouvoir de l’alternance fête ses dix ans à la tête du pays. Me Abdoulaye Wade et ses alliés veulent une fête en grande pompe pour marquer leur dix ans de présence à la tête de l’Etat. En effet, depuis le dix neuf mars 2000 le Sénégal a connu son troisième président de la République. Me Abdoulaye Wade. Son prédécesseur, Abdou Diouf, l’avait appelé et félicité au lendemain du scrutin. Un signe de maturité démocratique que le monde entier avait salué en attendant des réalisations concrètes de la part du tombeur du successeur de Senghor. Dix ans après, le Sénégal est traversé par de nombreux scandales : de la corruption au détournement de deniers publics en passant par la violation des droits de l’homme. Des questions qui intéressent toujours les Sénégalais quelque soit leur statut.

Voilà dix ans que le pays de la téranga s’ouvrait à l’alternance. Le dix neuf (19) mars 2000, Maitre Abdoulaye Wade accédait à la Magistrature Suprême suite au second tour de l’élection présidentielle. Le Sénégal avait fondé un grand espoir sur cet économiste. Il voyait en cet homme « un sauveur » dans un pays rendu exsangue par quarante années de pouvoir socialiste. Que de chemin parcouru. Vingt six ans d’opposition. Certains de ses partisans n’ont pas hésité à le qualifier du titre flatteur de « Mandela sénégalais ». Mais, que de promesses tenues par le secrétaire général du Pds.

Dix ans ça se fête, mais dix ans nécessitent aussi un bilan est nécessaire. Celui de l’alternance sur la corruption et les droits de l’homme sera forcément mitigé selon certains, les avis restent cependant toujours partagés.

Corruption signe de mal gouvernance

Pour rappel, Maître Abdoulaye Wade opposant, avait toujours dénoncé la corruption et le non respect des droits de l’homme dans le pays, du temps du régime socialiste. A son arrivée, beaucoup avaient fondé leur espoir sur ces prémisses. Mais, à leur grande surprise, c’est l’effet contraire qui se produit. Les fruits n’ont pas donné la promesse des fleurs. Ndioublang qu’un de ses premiers ministres avait promis de combattre a comme par magie pris des forces. Les détournements de deniers publics sont devenus monnaie courante dans beaucoup de secteurs même dans les ministères où des cuillères sont achetées à plus de trente mille francs l’unité. Dix ans après un regard par le rétroviseur est nécessaire pour savoir ce qui ne va pas et ce qu’il y a lieu de changer ou corriger.

Il faut certes noter que la corruption est antérieure à l’alternance mais a connu des proportions inquiétantes. « Le phénomène de la corruption au Sénégal n’est pas un produit de l’alternance cependant depuis 2000, il persiste et même semble s’être aggravé en valeur relative au regard du nombre de scandales financiers et des montants en jeu. De plus, aucune avancée significative n’a été notée dans la lutte contre la corruption, hormis la création de la Commission Nationale de Lutte contre la Corruption qui est, en réalité, une structure sans réels moyens de lutter contre la corruption » explique Paul Dominique Corréa assistant de recherche au Forum Civil. Selon M. Corréa, « plusieurs études ont été menées et confirment que le phénomène affecte gravement l’économie sénégalaise. Depuis dix ans, aucune avancée réelle significative n’a pu être notée dans la création de mécanismes juridiques de lutte efficace contre la corruption ». L’Indice de Perception de la Corruption de Transparency International une Ong qui effectue un classement mondial et annuel des pays selon leur niveau de corruption dans la classe politique et l’administration publique, montre que le Sénégal demeure dans la zone rouge des pays corrompus, marquant un net recul entre 2008(85e place) et 2009 (99e place) sur 180 pays. Les audits commandités par le régime n’ont pas davantage convaincu au sein de la population qui estime qu’il s’agit juste d’audits pour faire transhumer les hommes politiques vers le camp libéral. L’assistant de recherche au Forum Civil estime que « les audits qui avaient été commandités dès l’avènement du président Wade n’ont connu, pour l’essentiel, qu’une issue politicienne marquée par la cooptation de la majorité politique de certains des dirigeants épinglés par lesdits rapports d’audit.

Une volonté politique ferme et non-équivoque de lutter contre ce phénomène fait défaut aux autorités alors que celui-ci produit des externalités qui contribuent fortement à dégrader nos faibles ressources publiques en aggravant de façon factice l’endettement public, en tuant le goût de l’effort chez les jeunes par une inversion des valeurs et la promotion de contre-modèles ».

Dans cette grisaille et ce laxisme, Dominique Corréa salue le travail de l’Agence de Régulation des Marchés Publics et souhaite « une suite judiciaire et non une justice sélective à deux vitesses ».

La presse bourreau du pouvoir

La transition politique a permis au Sénégal d’être mis dans le camp des Etats démocratiques. Dès son accession à la présidence, les relations qu’Abdoulaye Wade a longtemps tissées avec la presse ont commencé à se dégrader. Les convocations à la Division des investigations criminelles sont multipliées, d’autres sont emprisonnés. La Raddho, dans son rapport sur les droits de l’homme écrit : « le Gouvernement de l’alternance a une relation difficile et complexe avec la presse sénégalaise. Au moment où l’on constate une véritable explosion des organes de presse, la libéralisation de l’audiovisuel, la construction en cours de la maison de la presse, on relève en même temps la persistance de dispositions liberticides, des journalistes convoqués à la DIC ou emprisonnés, des sièges d’organes de presse qui font l’objet de violences et de voie de faits (le Ministre Farba Senghor est soupçonné d’être le commanditaire de ces actes). Sans compter l’impunité qui protège la plupart des auteurs de ces actes ». Le document poursuit que des journalistes voire des citoyens simples ont été torturés. Les cas les plus récents sont ceux de Boubacar Kambel Dieng de la Radio Futurs Médias et Karamokho Thioune de West Africa Démocracy Radio « qui ont fait l’objet de mauvais traitements, et d’actes cruels, inhumains et dégradants, perpétrés par des éléments de la Brigade d’Intervention Polyvalente (BIP) de la police Nationale ». Ousmane Mangane, journaliste à Walf-TV est sauvagement réprimé à l’aide de matraques électriques alors qu’il tentait d’interviewer un député de l’opposition, en direct à la télévision lors d’une marche à Dakar contre la cherté de la vie organisée par l’ASCOSEN et l’UNCS.

Des nervis ont nuitamment attaqué, les locaux des organes « l’As » » et  » 24h Chrono » en saccageant huit (8) ordinateurs et une imprimante du journal 24h Chrono et deux machines dont le serveur de « l’AS », et neutralisé journalistes et gardiens avec des bombes à gaz » poursuit le document.

La liste est loin d’être exhaustive si on y ajoute le cas du journaliste d’investigation Abdoul Latif Coulibaly dont pratiquement tous les ouvrages sont censurés et interdits de vente dans les librairies sénégalaises. El Malick Seck a été arrêté et condamné pour trois ans de prison pour avoir publié un article jugé diffamatoire contre le Président et son fils Karim Wade. Un cas qui aurait pu être réglé par un droit de réponse et un démenti.

Pape Cheikh Fall, journaliste correspondant de à la Radio Futurs Médias au moment des faits a été sauvagement agressé en mai 2006 à Mbacké par des individus armés de câbles métalliques à la suite d’un reportage sur les relations entre le Président et le marabout Serigne Béthio Thioune. Malgré une plainte déposée contre ces individus partisans de Béthio Thioune, aucune suite judiciaire n’a été donnée à cette affaire. Des citoyens convoqués sont morts dans les locaux de la police ou de la gendarmerie.

C’est le cas de Dominique Lopy. Arrêté sain et sauf et interrogé dans les locaux de la police de Kolda, pour vol, il décède le lendemain. Un cas de sérieuse présomption de torture. Le décès du jeune natif du quartier de Doumassou dans la région de Kolda a suscité une réaction spontanée des populations qui s’est terminée par une confrontation violente avec les éléments de la police durant laquelle une balle perdue a tué Dioutala Mané, les domiciles du Président du Conseil régional de Kolda et du policier Paul Boissy, présumé responsable de la mort du jeune Dominique, ont été incendiés. Alioune Badara Diop, 38 ans et père de cinq enfants décède dans les locaux du Commissariat de police de N’Dorong à Kaolack,

Madame Aida Camara a été retrouvée « pendue » dans une cellule du Commissariat Central le 27 novembre 2008. Elle avait été arrêtée avec son mari et son frère, dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de la Française Marie Claude Emonet. Elle était la deuxième personne à décéder dans les locaux du Commissariat central.

D’un autre coté les hommes politiques ont aussi gouté à la sauce de la violence. Talla Sylla du Jef jel a été sauvagement agressé à coups de marteaux par des individus non identifiés et la marche réprimée des membres de l’opposition.

Il n’empêche que le Sénégal a eu de acquis car « ayant aboli la peine de mort, la constitution référendaire de 2001 où il y a la prise en compte des préoccupations et de la défense des droits de l’homme surtout par rapport aux femmes, le changement de la constitution pour pouvoir juger l’ancien Président Tchadien Hissen Habré » souligne Oumar Diallo chargé de l’assistance juridique et alerte d’urgence à la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme ( Raddho). Sur le plan des infrastructures routières, scolaires sanitaires entre autres le Sénégal a fait des avancées et la dotation en matériels pour les forces de sécurité et de défense.

africanglobalnews.com

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