La plupart des facteurs de survenue du cancer de la prostate ne peuvent pas faire l’objet d’une prévention, selon le Dr Mohammed Jalloh, urologue à l’Hôpital général de Grand-Yoff. Il cite, entre autres, des anomalies génétiques qui peuvent être innées ou apparaître par le biais de mutation, ou encore le fait d’avoir des ascendants noirs.
Au Sénégal, il n’existe pas de chiffres qui permettent d’avoir une idée réelle de la prévalence du cancer de la prostate. D’après le Dr Mohammed Jalloh, urologue à l’Hôpital général de Grand-Yoff, il n’y a pas de registre de tumeurs qui permet de recenser tous les cas de cancer, quel que soit l’organe, et d’avoir des chiffres exacts.
Toutefois, tient-il à préciser, c’est une maladie assez fréquente au regard de l’affluence observée dans les consultations. « Si on extrapole, de par le monde, la race noire est un facteur qui expose au cancer de la prostate. Les pays où l’étude de prévalence a été faite, que ce soit aux Etats-Unis ou dans les Caraïbes, on sait que la prévalence est beaucoup plus élevée chez les sujets de race noire », explique-t-il.
Par rapport à la prévention, le médecin reconnaît qu’il y a toute une difficulté du fait que certains facteurs causant le cancer de la prostate sont génétiques. Ils sont liés à des anomalies génétiques dans l’organisme qui peuvent être innées ou survenir par le biais de mutation. Par ailleurs, informe-t-il, l’hygiène alimentaire peut aussi aider dans la prévention. « L’excès de consommation de graisse animale est un facteur qui augmente le risque d’attraper le cancer de la prostate, mais également beaucoup d’autres maladies, notamment l’obésité et les maladies cardiovasculaires. C’est un facteur lié au mode de vie sur lequel on peut jouer.
Par contre, ce serait très difficile de parler réellement de prévention contre les autres facteurs », avance M. Jalloh, reconnaissant la difficulté que pose le dépistage dans notre pays. « Le problème du dépistage, c’est qu’il ne permet pas de faire la différence entre le cancer agressif et celui qui peut évoluer lentement. Autant de choses faisant qu’aujourd’hui, en termes de santé publique, on n’est pas prêt à faire ce dépistage qui demande beaucoup de moyens. Sur le plan éthique, après avoir dépisté les malades, on est amené à les traiter », laisse-t-il entendre.
De l’avis de l’urologue, lorsque quelqu’un a un cancer dans sa famille, on peut préconiser des dépistages annuels ou biannuels à partir de 50 ans ou quand ces cas de cancers familiaux se sont déclarés très tôt.
Dr Mohammed Jalloh soutient que des traitements sont disponibles et permettent de guérir le malade à condition que le cancer soit diagnostiqué précocement. « Les Sénégalais doivent savoir qu’il y a un traitement. Actuellement, nous avons besoin de mieux conscientiser les populations pour qu’elles sachent que c’est une maladie comme les autres. Globalement, certains pensent, dès qu’on parle de cancer de prostate, que c’est quelque chose de très péjoratif. Or, c’est devenu une maladie chronique au même titre que le diabète et l’hypertension. Les personnes peuvent vivre avec et avoir des traitements leur permettant d’avoir une bonne qualité de vie », souligne-t-il.
Ibrahim. besta BA
lesoleil.sn