Au quotidien national «Le Soleil», règne une atmosphère de putsch contre Cheikh Thiam, le Directeur général et son équipe. Selon des informations glanées par le journal «Le Quotidien», une «task force» serait en train de se réunir régulièrement pour murir le plan de sa destitution.
Par Dialigué FAYE
Un groupuscule veut la tête de Cheikh Thiam, Directeur général du quotidien national Le Soleil et son équipe. Au moment où ce dernier procède à des réaménagements pour que l’astre national de Hann retrouve son lustre d’antan, d’autres parmi ses collègues rament à contre courant. Tapis dans l’ombre, un nombre très restreint d’employés du Soleil concocte une opération de démantèlement du Dg et de son équipe. Mais ce plan risque de ne pas porter ses fruits. Car, le pot aux roses a été vite découvert. Selon nos sources, deux personnes ont été démasquées dans cette affaire. Il s’agit de Habib Demba Fall et de Abdoulaye Sèye, ancien directeur de Radio Sénégal. Etant hors du Sénégal, M. Fall a envoyé un message électronique daté du 20 septembre 2010, à M. Sèye représentant la Primature au Conseil d’administration (Ca) du Soleil pour s’informer de la dernière réunion de cette instance. Ce dernier lui a indiqué dans un mail daté du 21 septembre 2010, qu’une «task force se réunit tous les après-midis pour évaluer et faire des prospectives et qu’un plan d’action serait même programmé». Auparavant, M. Sèye est largement revenu, dans le document, sur les péripéties de la réunion. Il rapporte que le Ca a bloqué «les orientations du Dg en lui rappelant ses actes de mauvaise gestion, notamment des marchés de gré à gré, non facturation Adp (Agence de distribution de presse) d’un montant de cent millions qu’il aurait perçus». Cheikh Thiam est aussi accusé, entre autres, dans le mail en question d’avoir recruté «un repris de Justice comme Directeur administratif et financier (Daf) pour pouvoir détourner des deniers publics ; de vouloir mettre l’administration et la Rédaction du Soleil dos à dos, les diviser afin de pouvoir perpétuer tranquillement ses forfaits financiers».
Dans sa réponse, Habib Demba Fall a commencé par exprimer sa joie. «Je suis comblé», mentionne-t-il dans le document. Avant d’ajouter : «Cheikh s’accorde une intelligence qu’il n’a pas. Point de compromis possible. Grand, je t’en conjure. C’est une mission sacrée de prendre ce Soleil. Sinon, devant l’Histoire nous pourrons le regretter. Nous ne pouvons plus faire machine arrière.»
Sur les nominations, Habib assure que «Cheikh a choisi les vipères, lui, le boa en chef. Il a fait un aveu en l’enrobant d’une opération sauvetage pour génie non aguerri au combat de la vie. Démontrons-lui que nous savons mordre».
Ce combat ne se limite pas seulement au sein du Conseil d’administration. Habib Demba Fall dit, dans le fameux mail, en avoir parlé au sénateur libéral Sidy Dieng. Et ce dernier lui a demandé, soutient-il, un mémo pour mener la bataille sur le plan politique. «Tout coup est Ok pour affaiblir ce Dg incompétent», martèle M. Fall.
Joint par téléphone, Abdoulaye Sèye dénonce le fait que son mail soit intercepté et ses écrits déformés. «Habib est un ami. Je lui donne des informations. Absent, il voulait juste s’informer par rapport à la réunion du Conseil d’administration. Et je lui ai dit que c’est une réunion houleuse», se défend M. Sèye. Et de poursuivre : «Ce qui se passe au Soleil ne regarde que les employés du Soleil. Ce qui s’y passe ne m’intéresse pas. Ni la Direction, ni Le Soleil ne m’intéressent. Ce qui m’intéresse, c’est ma liberté.»
Le journal Le Quotidien a tenté de joindre Habib Demba Fall et le sénateur libéral Sidy Dieng pour recueillir leur version, en vain. Leur téléphone était sous boîte vocale.
Xalima s’est procuré des mails échangés entre le journaliste Habib demba Fall et certains « cagoulards »
Un vaste complot, ourdi à l’interne, vise le directeur général du « Soleil ». Deux mails, qui renseignent sur l’ampleur de l’opération « faire partir Cheikh Thiam », et sur la détermination des encagoulés. Lundi dernier déjà, le ton a été donné lors de la rencontre du conseil d’administration. Sans informer la section Synpics, Mbaye Dramé du collège des délégués, a formulé de graves accusations contre Cheikh Thiam. Une démarche bien cavalière et pour cause.
Depuis quelques jours, un climat particulier règne à la direction générale du « Soleil ». A l’origine, une série de manœuvres ne visant ni plus ni moins qu’à débarquer de son fauteuil le directeur général, Cheikh Thiam. L’affaire a pris une autre tournure lorsqu’un mail perdu a atterri entre les mains de certains responsables du « Soleil », qui n’ont pas manqué de le communiquer au Dg. En vérité, par inadvertance, l’un des manœuvriers à l’étranger a oublié de fermer sa boîte mail à la suite d’un échange qu’il avait eu avec un de ses correspondants, qui rêve lui-même de succéder à Cheikh Thiam. Un Sénégalais tombé sur les mails et qui a un ami au sein de l’astre national n’a pas hésité à lui renvoyer le mail après avoir lu le contenu et idenfié les deux correspondants. Dans le mail, un des responsables du « Soleil », récemment démis de ses fonctions affirme à son interlocuteur que « Cheikh (Ndlr : Thiam) s’accorde une intelligence qu’il n’a pas. Mbaye (Ndlr : Dramé, syndicaliste) est à féliciter et encadrer. Point de compromis possible. Grand, je t’en conjure. Si Doudou (ndlr : Sarr Niang, ancien du Soleil en service à la Primature) n’en veut pas, c’est une mission sacrée que de prendre ce Soleil. Sinon devant l’Histoire, nous pourrons le regretter. Nous ne pouvons plus faire machine arrière. Il a choisi des vipères, lui le boa en chef (…). Je suis avec le sénateur Sidy Dieng. Il me demande un mémo. Il rencontre le PR dès le retour de celui-ci de NY. Tu peux m’aider sur la question politique ? (…). Surtout, il ne faut pas que Mbaye tourne le dos à l’administration. Qu’il le dise tout haut et fort à l’AG. Ce sont nos alliés subjectifs du plan de démantèlement de cette bande de rapaces. Donnez-moi des nouvelles, SVP ! ».
Ces échanges ne sont que le résumé de la vaste opération en cours pour débarquer Cheikh Thiam puisque, dans les mêmes mails, on apprend qu’une task force a été mise en place pour se réunir chaque après-midi, afin de « mariner » le plan d’action. Effectivement, lors de la rencontre du conseil d’administration de lundi dernier, Mbaye Dramé, coordonnateur du collège des délégués a pris la parole pour s’attaquer aux réformes initiées par le directeur général, mais aussi à sa gestion, l’accusant de tous les maux. Les accusations ont été démenties par Cheikh Thiam qui a d’ailleurs promis de porter plainte, à moins que son accusateur ne formule des excuses publiques.
Mais le plus renversant c’est que le document qui contient ces accusations n’a pas été cautionné par la Section Synpics. Cette dernière a d’ailleurs convoqué hier Mbaye Dramé pour s’insurger contre sa démarche cavalière. Comme toute réponse, ce dernier a affirmé que ses accusations n’ont pas été contredites par Cheikh Thiam. « Ce qui est faux », confient des sources proches de la Direction générale.
Lors du même conseil d’administration, le même Mbaye Dramé ne s’est pas gêné de taxer le Directeur administratif et financier (Daf) de repris de justice. C’est vrai que ce dernier avait été écroué lors de la chute de l’ex-directeur général, Ibrahima Gaye, mais il n’a jamais fait l’objet d’une condamnation. En vérité, les mails établissent formellement l’implication de responsables démis récemment de leur poste. Il n’en demeure pas moins que l’origine de cette cabale est surtout à chercher dans la panique installée par la transmission au Directeur général d’un rapport de la Cour des comptes qui passe au peigne fin les gestions 2004-2007. Des sources affirment que le rapport met en cause certains parmi les « dirigeants » de cette opération ou leur « parrain ». Dommage que cette cabale vise un directeur général qui aura quand même réussi à donner au « Soleil » sa crédibilité financière et aussi éditoriale.
C. M.G
CHEIKH THIAM, DG DU SOLEIL
« C’est une tentative de déstabilisation très bien orchestrée »
Quand Cheikh Thiam arrivait au « Soleil », le personnel courait derrière quatre à cinq mois d’arriérés de salaire. Aujourd’hui, tous ces arriérés ont été soldés, en plus de la dette de 300 millions de F Cfa épongée sur fonds propres. Et chaque fin de mois, la direction paye 25 millions de F Cfa à son imprimeur et les banques lui ont refait confiance. 250 millions de F Cfa de dépôts à terme sont dans deux banques de la place et sur les 14 comptes qu’avait ouverts l’entreprise, seuls cinq fonctionnent aujourd’hui. Bref, « le Soleil » a presque fini de retrouver son sourire, même si l’imprimerie ne fonctionne toujours pas. Joint hier au téléphone, Cheikh Thiam ne mâche pas ses mots : « C’est une tentative déstabilisation très bien orchestrée avec un document conçu entre quatre murs, sans l’aval des syndicats. C’est un scandale, vous n’avez qu’à interpeller les syndicats qui n’étaient même pas au courant. C’est ce qu’on appelle faire du faux et user aussi de faux pour tenter d’induire en erreur le conseil. Si ce que nous avons fait jusque-là c’est de la mauvaise gestion, alors tout le monde rêve d’être mauvais gestionnaire. J’ai rendu compte à l’autorité et cette affaire connaîtra une suite ».
C.M.G
lasquotidien.info