MAÎTRE, VOUS ÊTES INAPTE POUR UN TROISIEME MANDAT ! ET DONC DE GRÂCE, NE DEMANDEZ PAS L’IMPOSSIBLE AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL !!!
Monsieur le Président de la République sortant, vous le savez et vous l’avez dit vous-même, la constitution vous interdit de briguer un autre mandat ; vos partisans en sont convaincus, même s’ils déclarent autre chose ; ils ne s’obstinent dans cette posture hypocrite que pour préserver leurs privilèges et parce qu’ils n’ont pas une alternative crédible à votre candidature ; ils vous obligent ainsi à vous dédire, au point de faire certaines déclarations qui fragilisent l’institution que vous représentez et écorchent l’honorabilité de toute la nation. En vérité, en tentant de noyer le poisson dans l’eau, vous ne faites que compliquer la situation et nous diriger inévitablement vers le chaos ; les faits sont là et invariables ; aucune mobilisation et aucun bilan ne pourront changer la donne et légitimer votre candidature, sinon d’accroître la pression – déjà intolérable – sur le Conseil Constitutionnel ; en effet, s’il dit le droit comme il se doit, il ne pourra en aucune manière légitimer votre candidature ; s’il la valide le pays s’embrasera inévitablement ; s’il se déclare incompétent pour se dérober, il créera une impasse constitutionnelle tout aussi dangereux. Et dans tous les deux cas, votre responsabilité sera très lourdement engagée et vous serez impitoyablement jugé par l’Histoire, et je crains que vous ne soyez perdant dans tous les cas.
Maître, pendant près d’un quart de siècle, vous avez lutté farouchement contre le pouvoir en place pour le forcer à se conformer avec l’orthodoxie, mais incontestablement vous êtes en train de vous renier au quotidien sur tous vos principes d’antan et d’user à votre guise tous les moyens de l’Etat, tant institutionnels que financiers, pour vous maintenir au pouvoir, en dépit de votre âge très avancé – rationnellement incompatible avec une telle fonction. Maître, vous savez, en vérité, qu’au-delà de 80 ans, ou bien avant, on a un décalage entre son esprit et ses capacités physiques ; dans sa tête, on se sent capable d’effectuer tout ce qu’on faisait avant, alors que les moyens physiques ne sont plus là ; ce phénomène est très connu chez les anciens sportifs (vétérans) et est à l’origine de fréquentes blessures, parfois d’accidents gravissimes (dont les morts subites) ; c’est dire qu’à cet âge, même si on se sent capable de gérer une entreprise ou un Etat, il faut se forcer à la retraite ; oui, on ne doit même plus gérer sa propre maison – et à fortiori, un Etat, de surcroît pauvre et plein de problèmes comme le nôtre. Maître, permettez nous, en outre, de vous rappeler qu’à cet âge, la survenue d’une démence sénile (‘’nakh’’ en ouolof) est presque normale ; heureusement qu’elle s’installe progressivement, dans la plupart du temps ; certains troubles mineurs du comportement donnent l’alarme et permettent de veiller sur le patriarche et d’éviter une catastrophe, à temps. Et en ce qui vous concerne, certains faits et gestes peuvent légitimement intriguer (le montage financier du ‘’Monument de la Renaissance’’, l’affaire Ségura, la proposition d’installation des Haïtiens en Afrique, les interminables remaniements et réaménagements du gouvernement, votre ‘’show’’ à Benghazi et d’autres maladresses diplomatiques, etc.) – Dieu seul sait ! Et en vérité, compte tenu de votre âge très avancé, je trouve déjà que l’échéance de 2012 est un véritable challenge ; je vous souhaite d’y arriver avec toutes vos potentialités, mais le réalisme du médecin que je suis doit toujours envisager le pire dans l’évaluation des risques, pour prévenir le risque d’un ‘’crash’’ ; ce d’autant que le pays dispose de cadres compétents et suffisamment intègres – tant dans la mouvance présidentielle que dans l’opposition, pour vous suppléer et nous mener à bon port. Maître, voilà donc ma conviction intime – et celle de tous les médecins raisonnables ; je persiste à défendre que vous êtes ‘’médicalement’’ inapte pour un troisième mandat. Et il suffit de réunir et d’examiner une centaine de personnes de votre âge, pour se rendre compte de la légitimité de toutes nos appréhensions ; ils sont presque tous ‘’hors-service’’ et beaucoup d’entre eux n’arrivent même plus à prier debout. A l’évidence, ceux qui défendent votre candidature pour 2012, pour un autre mandat de 5 ans, sont inhumains ; et en vérité, ils ne sont mus que par la préservation de leurs privilèges ou l’assurance d’une impunité pour les malversations qu’ils ont commises pendant les dix ans d’alternance ; au fond d’eux-mêmes, ils sont persuadés que le ‘’Vieux’’ (Gorgui) n’est plus celui qu’ils connaissaient et qu’il ne peut plus être le remède à nos maux.
A notre humble avis, il ne vous reste donc que le retrait de votre candidature pour une sortie honorable, car c’est véritablement le préalable incontournable à la sortie de crise. Mais à l’évidence, une telle décision sera forcément lourde de conséquences pour votre camp qui, à notre connaissance, n’a pas de plan B, alors qu’on est à près de 4 mois des élections. Et au vu de tout cela, on peut comprendre et admettre que le ‘’Commandant de bord’’ que vous êtes puisse s’obstiner de quitter le bateau sur le point de se naufrager sans sécuriser tous les passagers. Ainsi, l’opposition devra forcément jouer le jeu et faire les concessions qui s’imposent pour vous ménager une porte de sortie honorable – il y va de sa survie ! Oui, il faut qu’elle accepte de dialoguer avec vous, en s’entourant de toutes les garanties, pour qu’ensemble vous meniez une transition la plus courte possible, afin que tout le processus électoral soit revu et sécurisé de façon consensuelle et que les problèmes urgents des sénégalais (électricité, inondations, renchérissement du coût de la vie, etc.) puissent trouver des solutions urgentes. Ne nous voilons donc pas la face, il faudra nécessairement instaurer un gouvernement d’union nationale de transition et incontestablement vous êtes le ‘’maître du jeu’’, du fait de votre station, mais sachez qu’une impasse vous sera plus préjudiciable ; c’est dire donc que c’est à vous de faire la demande explicite à l’opposition et de les rassurer par des signaux forts – avec la caution du spirituel (khalifes généraux et chef de l’Eglise).
Chers hommes politiques, ne demandez pas au Conseil Constitutionnel une responsabilité qu’il ne peut pas porter ; vous savez tous où se trouve la justice et l’équité ; arrangez-vous donc, avant que d’autres ’’larrons’’ vous ravissent le pouvoir ! Attention à l’avènement imminent d’un ‘’printemps islamiste’’ !!! Oui, un mauvais arrangement peut être meilleur qu’un bon procès ! C’est donc l’heure du choix pour tous les protagonistes, et toute erreur se payera assurément très cher. Méditez donc ces sages propos de Jésus Christ : « … (56) Hypocrites !… ? (57) Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste ? (58) Car quand tu pars avec ta partie adverse devant le magistrat, efforce-toi en chemin d’en être délivré (arrangement), de peur qu’elle ne te tire devant le juge qui te livrera à l’Officier de Police qui te jettera en prison. … ». (Luc 12 : 57-59). Et donc à bon entendeur, salut !
Maître, je persiste à croire qu’un troisième mandat sera le mandat de trop qui vous priverait définitivement d’une bonne renommée dans les langues de la postérité – et quel triste sort pour un homme politique de votre charisme qui a tant œuvré pour la consolidation de la démocratie ; votre sortie honorable nécessite un ultime sursaut de votre part, une élévation au dessus de toutes les contingences politiques, afin de réaliser la retrouvaille des patriotes (la ‘’paix des braves’’) et donc la réconciliation nationale souhaitée par tous et qui constitue une véritable panacée (remède à tous les maux) pour les musulmans que nous sommes. Oui, de l’union des cœurs jaillit toujours la miséricorde divine ! Je persiste à croire que la crise multiforme que traverse notre pays ne peut être réglée que par une solution politique ; ce n’est plus seulement une affaire d’élection. Et dans cette perspective, il faudra irrémédiablement réaménager le calendrier électoral afin de donner à la transition le temps et les moyens qu’il faut pour lui garantir toutes les chances de succès et de pouvoir ultérieurement envisager les futures élections présidentielles avec plus de sérénité. En dehors de cette perspective, je ne vois pas de salut pour notre pays ; oui, telle a toujours été ma vision ; et pour cela, il faudra nécessairement mettre fin à cette campagne électorale prématurée qui nous accable, nous empêche de travailler et risque de détourner de leurs objectifs tous les moyens financiers et matériels de l’Etat. Et pour faire vulgaire, ‘’la Politique, y’en a marre’’ ; ‘’y’en a vraiment marre’’ !!!
Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE
Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
Pédiatre à Thiès
Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan-Bienfaisance (Thiès).http://sites.google.com/site/