Tout pour mettre fin au phénomène
En matière de protection, les femmes et les enfants représentent trop souvent le maillon faible. Et cela, en dépit des proclamations sur l’impérieuse nécessité de préserver leurs droits et de garantir l’exercice de leurs devoirs. La croisade des juristes, des associations de femmes, de la société civile et des politiques n’a encore jusqu’ici permis de mettre un terme aux exactions et violences que subissent femmes et enfants.
Le Sénégal, avec plus de 90 % de musulmans n’arrive pas malgré, le respect aux croyances, aux mœurs, l’éducation et la pudeur, à faire en sorte que les politiques de lutte contre les violences faites aux enfants et aux femmes, déroulées par les juristes, l’Etat et autres, parviennent à éradiquer le mal. L’intervention cependant, des religions dans ces discussions sur les violences, qui est un phénomène social et général, fausse et mette un frein dans le débat, selon des juristes internes. Ces violences selon eux, ne sont recommandées dans aucune des religions. « La femme et l’enfant sont des êtres humains, ils ont des droits et doivent être protégés. On ne peut donc se baser sur la religion ou sur certaines cultures pour freiner le combat mené depuis plusieurs années » à leur avis.
L’ampleur et la gravité du phénomène de ces violences faites aux femmes et aux enfants ont amené ainsi, depuis quelques années les autorités étatiques et civiles à renforcer leur lutte dans ce combat. Toutefois, de nombreux efforts ont été faits pour juguler, voire enrayer la violence à l’égard des femmes au Sénégal. La ministre d’Etat, ministre de la Famille, de la Solidarité nationale, de la Sécurité alimentaire, de l’Entreprenariat féminin, de la Micro-finance et de la Petite enfance, Ndèye Khady Diop, qui présidait la journée de réflexion organisée par les membres du Clvf (comité de lutte contre les violences faites aux femmes) a insisté dans son discours, sur le soutien du gouvernement dans les différentes actions même si, reconnait- t- elle, « les champs d’action sont très vastes ».
En 2009 les victimes des violences ont eu plus de chance
Une réponse forte des pouvoirs publics. C’est l’engagement traduit par l’adoption et l’implication systématique, depuis presque deux ans, des acteurs de la justice. Notamment, avec l’intervention du ministre Me. Madické Niang qui y a joué un rôle important. « Il y avait une concertation constante et régulière » soutient la Présidente de l’Ajs (Association des femmes juristes du Sénégal, Me. Nafissatou Diouf Mbodj. « C’était habituel, mais ils l’ont systématisé.
Le Procureur de la République et ses substituts, tous ont pris à coeur la défense des victimes de violences. Tous les cas de violences exercées sur les femmes et les enfants étaient signalés et les procureurs avaient pour mission d’en assurer le suivi et le règlement dès qu’ils sont détectés » déclare –t-elle non sans préciser que « les éducateurs spécialisés et les structures de santé ont été pour la plupart du temps réquisitionnées, pour accompagner les victimes ». A en croire Me Diouf Mbdji, « durant toute l’année 2009, nous n’avons pas eu un problème de certificat médical de complaisance ». « Ils ont assuré de manière constante du début à la fin le suivi et les règlements des cas de violences. En 2009, personne n’a parlé de certificat médical de complaisance ou de certificats incomplets. C’est sur instruction du procureur que les instituts ont reçu, analysé, soigné et établi des expertises, des certificats médicaux sans complaisance, de manière complète aux victimes » fait –elle remarquer. Ces obstacles majeurs freinaient le travail des Ong et autres organisations civiles luttant contre des cas de violences.
L’extrême pauvreté étant une cause des violences, les frais de constitution de dossier, les frais médicaux pour confectionner le dossier, les frais de dossier sont dorénavant réglés par les autorités. « Souvent, les associations n’ont pas de moyens et sollicitent les structures » dit la présidente de l’Ajs qui souligne par ailleurs, que l’Ordre des avocats participe également à la satisfaction ou à la résolution des cas de victimes de violences contres les femmes et les enfants signalés. « L’ordre des avocats bénéficie d’un budget d’assistance judiciaire. En 2009, toutes les victimes de violences faites aux femmes (physiques, sexuelles ou autres) ont été prises en charge par le bureau de l’assistance judicaire. L’Ordre a mis à leur disposition des avocats pour les défendre », a affirmé l’avocate.
Une boutique de droit pour régler tous les problèmes des victimes
L’Ajs (Association des femmes juristes du Sénégal) ayant pour but outre que de promouvoir, de vulgariser et de contribuer au développement du Droit, mène aussi une sensibilisation auprès des pouvoirs publics et des institutions internationales, œuvre pour la promotion des femmes, au renforcement de leur pouvoir et à la protection de leurs droits fondamentaux. Outre ces institutions, les femmes juristes ont été appuyées aussi, par la coopération italienne qui a financé la boutique de droit qui a ouvert ses portes le 13 décembre 2008. Cette Boutique située à la Médina « accueille toutes les populations de Dakar et environs mais aussi des régions éloignées telles que Kolda, Diourbel et Saint- Louis », selon un juriste consultant. Ainsi 751 personnes ont été consultées sur diverses questions juridiques, par une équipe de 19 juristes consultants et experts. Soit une moyenne de 40 consultations par personne et de 10 consultations par jour. « A travers ces consultations aussi, l’équipe de juristes a su apporter en sus d’une assistance juridique et judiciaire, un réconfort moral par la médiation, la conciliation et des conseils prodigués à des personnes souvent désemparées qui dans ces moments de détresse, ont besoin d’être écoutés pour soulager leur maux », de l’avis de cet expert en Droit.
« C’est trop facile de contester une agression devant la barre »
Concernant l’impunité, l’avocat demande qu’on arrête de banaliser les faits de violences. « La question de l’impunité que nous rencontrons est due au fait que l’agresseur peut se retrouver à la barre et contester les faits. Il est trop facile de contester une agression parce que la plupart du temps, le viol ou l’inceste se passe entre quatre murs. Il faut une enquête sérieuse. Lorsqu’un cas de violence est signalisé, le premier reflexe, c’est d’aller vers les enquêteurs de la localité et aussitôt l’enquête est ouverte et si elle est bien faite, par des personnes habilitées avec des expertises, des levées d’empreinte, tout peut être fait dans la journée. Entendre toutes les personnes impliquées dans cette agression. Si cela est fait, il ne peut pas y avoir d’erreur sur la personne » affirme- t-elle.
« L’objectif, c’est qu’il n’y ait plus d’impunité, plus de violence, d’agressions sur les enfants… »
L’objectif étant d’éradiquer le phénomène, une affaire d’agression concernant un enfant mineur, ne devrait donc pas être débattue en audience publique. « L’enfant peut être intimidé et troublé devant toutes ces centaines de personnes. Si on veut que la vérité surgisse, qu’elle se manifeste ou dissuade de manière définitive ces cas de violences, il faut créer le huis clos pour ces enfants » argue Me Nafissatou Diouf Mbodji qui poursuit : « L’objectif, c’est qu’il n’y ait plus d’impunité, plus de violence, plus d’agressions sur les enfants, les femmes et même toute autre personne vulnérable ».
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