L’ancien ministre Bacar Dia, leader du Front patriotique écologique (FPE) dégaine et fait feu. Interpelé sur la sortie du Premier Ministre Abdoul Mbaye face à la presse, le docteur Dia avoue être resté sur sa faim. Néanmoins, il demande à celui-ci d’œuvrer pour faire du «consommer sénégalais» une réalité, afin de soulager les souffrances des Sénégalais. Sur les problèmes du football sénégalais, l’ancien ministre des Sports pense que le domaine «est malade de ses dirigeants».
Quelle est votre appréciation de la première conférence de presse du Premier Ministre Abdoul Mbaye ?
En tant que citoyen sénégalais, je suis resté sur ma faim après cette conférence de presse du Premier Ministre Abdoul Mbaye. J’ai trouvé qu’il était un peu trop sur la défensive, alors que moi, je m’attendais à voir un Premier Ministre offensif. Il doit aujourd’hui dans ses sorties, dépasser l’étape des justifications et regarder moins dans le rétroviseur. Il faut qu’il fasse de la prospective pour engager les Sénégalais dans leurs rêves. Mon parti (NDLR : le Front patriotique écologique) et moi, sommes des acteurs de l’alternance démocratique du 25 mars dernier. Nous ne revendiquons rien, sinon la satisfaction des attentes des Sénégalais. De ce fait, parler des caisses de l’Etat qui sont vides ou pas, n’est pas important. Le président de la République doit comprendre qu’il sera jugé sur la base des engagements qu’il a pris devant le peuple sénégalais et que son gouvernement doit mettre en pratique, en faisant face à la demande sociale. Ce qui se traduira par la résolution de l’équation de l’électricité et de l’école, l’augmentation du pouvoir d’achat des Sénégalais, l’éradication du chômage… L’objectif du gouvernement doit être de permettre au citoyen d’user de ses moyens, car le plus important aujourd’hui, c’est la réalisation économique et sociale des Sénégalais.
Je comprends le Premier avec ses réflexes de banquier. Mais la réalité politique, c’est de répondre à la demande sociale par la matérialisation d’une vision. Il faut changer de démarche, en travaillant pour une augmentation du pouvoir d’achat des Sénégalais. Mais je suis désolé de voir que le gouvernement est incapable de faire face à l’inflation. Encore une fois, il sera jugé sur les réponses apportées aux nombreux problèmes des Sénégalais qui répondaient à l’appel du M23 et qui aujourd’hui, ne comprennent pas ce langage savant servi par le Premier Ministre. La meilleure réponse serait une mise en œuvre concrète du ‘’Yonnu Yokkuté’’ pour lequel, le président Macky Sall à été élu. Ce sera difficile certes, mais incontournable. Car, ne l’oublions pas : les Sénégalais ont sanctionné le régime du président Wade sur les réponses aux questions économiques.
A vous entendre parler, on sent que vous n’êtes pas en phase avec le discours du Premier Ministre. Etes-vous de ceux qui pensent que cette sortie est inappropriée ?
Tout à fait. J’ai trouvé un homme très théorique dans ses chiffres. Il faut qu’il fasse de la politique et qu’il tienne un langage accessible. Il aurait dû se présenter avec un état des lieux dans les différents domaines et ensuite se projeter pour dire ce qu’il propose comme changement. Prenons par exemple le domaine de l’agriculture. L’argumentaire qui devrait tenir est de dire que la subvention ne réglera pas les problèmes. L’argumentaire, ce serait de proposer un grand projet structurant, pour permettre au «consommer sénégalais», de devenir une réalité. Ceci passe par une autosuffisance en riz, en maïs… C’est de dire que dans un an, la couverture médicale universelle sera effective, que la crise dans le système éducatif sera résolue et de manière définitive. Ce sont là quelques unes des attentes des Sénégalais et qui méritent des réponses adéquates et appropriées.
Vous avez aussi été ministre des Sports. Alors, comment trouvez-vous cette partie de ping-pong qui se joue aujourd’hui entre la Fédération sénégalaise de football et le gouvernement ?
Je tiens à préciser que je ne connais pas le ministre Gackou (NDLR : El Hadji Malick Gackou, ancien ministre des Sports). Mais je trouve dommage que le ministre des Sports paie pour un échec de l’équipe nationale de football. Le ministre Gackou aurait dû être écouté et soutenu. Quant au nouveau ministre des Sports (NDLR : Mbagnick Ndiaye), je l’ai pratiqué. C’est quelqu’un de pertinent. Il faut lui laisser les coudées franches et ne pas avoir peur des positions de l’opinion publique. Vous savez, le gros problème du football, c’est que les membres de la Fédération ont une volonté d’autonomie dans les décisions. Quand il s’agit de décaisser des sous, ils se tournent vers l’Etat. Ils prennent les décisions, choisissent et nomment les entraîneurs. Mais s’il y a échec, c’est le ministre qui paie. Le sport, c’est aussi bien la haute compétition que les sports de masse. On a laissé de grands projets dans le domaine de la réhabilitation des infrastructures sportives, la formation des sportifs, des dirigeants, des entraîneurs… Ce sont aujourd’hui les leviers sur lesquels le gouvernement doit s’appuyer pour relever les défis des sportifs. On ne peut pas juger le ministre des Sports uniquement sur la base d’un résultat d’un match. Un match, je suis désolé, mais c’est l’affaire des fédéraux. Ceux qui sont aujourd’hui aux commandes de la fédération avaient réclamé la démission de l’équipe de Mbaye Ndoye. Les mêmes causes ont aujourd’hui produit les mêmes effets. Et ils refusent de démissionner. Ce n’est que l’honneur, le patriotisme, le sens du devoir qui devraient les pousser à la démission, car ils sont protégés par les textes de la FIFA. L’Etat ne peut rien contre eux. Ils ont manœuvré pour enlever les cooptés. Le gouvernement n’a plus aucune emprise sur eux. Maintenant, il faut une réforme en profondeur. Je rends un hommage à Mbaye Ndoye. C’est dans les situations difficiles que l’on connait la grandeur d’un homme. Aujourd’hui, le football sénégalais est malade de ses dirigeants. Il lui faut une cure chirurgicale.
Recueillis par SOULEYMANE KANE
J’approuve l’interview du Ministre Bacar Dia sur deux points essentiels : la demande sociale qui tarde à se concrétiser ou alors dont on ne voit toujours pas son début d’exécution et la politique sportive actuelle de l’Etat.
Après 6 à 7 mois d’un Gouvernement qui prône la rupture, le Peuple est toujours là attendant la mise en oeuvre des « promesses électorales ». Le quotidien des sénégalais est toujours là difficile, pénible à supporter alors que les nouveaux dirigeants avaient promis de soulager ce vaillant peuple sénégalais qui ploie sous le poids de la pauvreté, de la malnutrition et des maladies. L’Etat doit agir vite pour sortir le monde rural et la banlieue des grands fléaux du moment. Cependant, j’ose espérer qu’avec ce remaniement ministériel survenu il y a une dizaine de jours les choses vont bouger dans le bons sens pour une meilleure prise en charge des populations.