XALIMANEWS-Le lancement du Train Express Régional offre l’opportunité d’interrogations sur l’impact de ce genre de réalisations dans une économie comme la nôtre. Au regard de la place du transport, de la mobilité urbaine et interurbaine dans la vie quotidienne, en quoi une infrastructure comme le TER va-t-il peser sur l’économie nationale ? Dans cet entretien, le Dr Lassana Cissokho, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’UCAD donne son point de vue sur le lancement de cette infrastructure de dernière génération.
« Le TER, vu les montants dépensés, environ 1,2 milliard de dollars US (Ndlr – 780 milliards FCfa hors taxes), est un très grand investissement », estime le Dr Cissokho. Il indique que le TER aura des effets directs sur le plan sectoriel, « eu égard à la création de valeur qu’elle va faire et à tous les emplois qu’il va générer », et ensuite sur le plan macroéconomique « à travers l’investissement que sa réalisation a nécessité ». De façon indirecte, le TER, « en facilitant la circulation des travailleurs, des biens et des services va permettre un gain de temps significatif, et pourrait de ce fait améliorer la productivité », ajoute-t-il. Par ailleurs, toujours selon l’économiste, « les effets d’entrainement du secteur des transports également vont jouer, à travers les induits chez les sous-traitants et fournisseurs qui sont mis à contribution ; éventuellement, l’économie nationale en tirerait un gain substantiel en termes de croissance économique ». Qu’en est-il de la rentabilité de ce type d’investissement ? Le Dr Cissokho fait remarquer « que l’autoroute à péage a dépassé très rapidement toutes les prévisions de rentabilité dont elle a fait l’œuvre ». L’un des problèmes majeurs de Dakar et ses environs reste le transport. « A cet effet, tout le monde devrait s’accorder sur l’insuffisance de l’offre de transport, au moins dans le centre urbain et les désagréments qui en découlent, dont la congestion », rappelle-t-il, non sans espérer une forte rentabilité du TER, « même si on ne peut pas en dire plus sans des prévisions adéquates ».
Ceci dit, il trouve important que « ce projet qui est novateur quoiqu’on puisse dire, et qui a également mobilisé beaucoup de fonds, soit évalué à temps pour estimer l’impact réel qu’il a eu sur la fluidité de la circulation, sur le secteur de transport et sur la croissance ». Alors que le Sénégal s’est engagé dans l’édification d’un nouveau réseau ferroviaire, beaucoup estiment que le TER est un pas important dans ce sens. Interrogé à ce sujet, le Dr Cissokho met en exergue « un fait remarquable dans la plupart des grandes villes dans le monde » consistant en « la prépondérance du train dans le transport urbain et interurbain ». Et en faisant une projection sur l’évolution de la population de la ville de Dakar à moyen et long terme, et de l’accroissement de la demande de transport qui en résultera, il est évident, à ses yeux, que « les moyens actuels de transport ne pourraient seuls régler le problème ; donc l’intégration du train me semble nécessaire, même si avec la configuration actuelle de Dakar, la question du comment se pose ».
Quid des caractéristiques techniques de l’engin qui fonctionne en bi-mode, électrique et thermique ? Pour le spécialiste des infrastructures, « les moteurs à traction bi-mode thermique-électrique sont des nouvelles technologies, appelées technologies propres, donc moins polluants ». Dans une ère où la protection de l’environnement, due en grande partie par l’utilisation des technologies marchant à l’énergie fossile, fait l’objet d’un grand débat, « l’utilisation des technologies propres est toujours à saluer », soutient-il. Par ailleurs, « ces technologies sont en général plus efficientes en termes d’utilisation d’énergie, donc plus économe ». L’économiste rappelle que cet aspect est important « dans le cadre du contrôle des coûts, qui à son tour peut influencer l’accès du service, via le tarif qui sera proposé, aux usagers ».
Avec Le Soleil