EXTORSION DE FONDS, CHANTAGE, MENACES DE MORT ?
Habituellement, ce sont des personnes avec un revenu faible qui sont poursuivis pour les délits d’extorsion de fonds et de chantage. Pour ce cas précis, tout comme la partie civile, les prévenus sont des personnes aisées, puisque tous ont de riches parents.
Cela a même intrigué l’avocat de Melle Marie Cécile S. Sène, partie aux Usa et représentée par son père. Pour les conseils des prévenus, il s’agit purement d’une erreur de jeunesse. Cette erreur aurait poussé Pape Birima Ndiaye, étudiant en Belgique et Lamine Diop étudiant au British Council, à extorquer un montant de 5,550 millions, à la fille du directeur général de Hertz Sénégal, âgée de 19ans.
En effet, à en croire la demoiselle, les faits se sont déroulés les mois de janvier et février 2010. D’après ses déclarations contenues dans le procès verbal, les mis en cause la faisaient chanter, en menaçant de révéler à son père, les « bêtises qu’elle a faites ». A ce propos, elle indique que les prévenus lui ont pris deux torsades, deux bracelets, trois bagues en or, ainsi qu’un ordinateur portable et deux téléphones portables.
Dans sa déposition, la jeune fille soutient avoir reçu des appels téléphoniques de la part ses interlocuteurs, lui demandant des sommes allant de 200 mille francs et plus. Elle ajoute que ses interlocuteurs qu’elle connaît très bien, la menaçaient de mort : « tu nous connais très bien. Et te faire du mal, ce n’est pas un problème pour nous », ou encore, « tu fais ce que je veux ou bien tu verras. Car, on connaît tous tes lieux de fréquentation ».
Une seconde fois, poursuit Melle Sène, la même personne l’a appelée afin de lui faire savoir que « la tuer, ce n’est pas un problème ». Sur le coup, il s’est rendu chez la jeune fille et celle-ci lui aurait remis des bijoux en or.
Cependant, si l’affaire a atterri au tribunal, c’est parce que les prévenus qui devaient être nombre de quatre, ont voulu d’après les policiers, impliquer les parents de Marie C. S. Sène. En effet, il résulte des éléments de l’enquête que le 17 mars dernier, un conseiller de M. Aimé Sène a reçu un coup de fil d’un individu qui s’est présenté sous le nom de Jean Pascal Obuspo.
Lorsque son interlocuteur lui dit que M. Sène n’était pas sur place, l’individu a rappelé à 8h30mn. Là, il tombe sur Mme Sène, à qui, il fait croire qu’il est américain. Le correspondant de Mme Sène qui avait un accent américain, fait savoir à cette dernière qu’il voulait recouvrait dans les plus brefs délais, les 4 millions que Marie C. S. Sène lui devait.
Ne croyant pas un traître mot de ce que son interlocuteur venait de lui dire, la dame taxe ce dernier d’escroc, tout en prenant le soin de relever le numéro d’appel. Quelques minutes plus tard, elle reçoit un autre appel et menace son autre interlocuteur de porter plainte.
De retour à son domicile, indique Mme Sène, lors de son audition, gardien lui a raconté également que très tôt, vers 5h 30mn du matin, un certain Pape Birima Ndiaye s’était présenté pour demander à la rencontrer avec insistance. Elle a précisé que le gardien lui a indiqué que le susnommé était venu à bord d’un véhicule 4X4, dans lequel, se trouvaient d’autres personnes. Mme Sène de poursuivre : « jugeant la situation intrigante, j’ai interpellé ma fille, qui a du coup confirmé les faits. Elle m’a fait savoir que d’autres filles dont elle n’a pas voulu révéler l’identité, étaient également victimes des agissements des mis en cause ».
Interrogés à la suite de leur arrestation, Pape B. Ndiaye et Lamine Diop ont contesté les faits. Le premier nommé a soutenu qu’il n’a jamais réclamé indûment à la demoiselle, la somme de 4 millions de francs, encore moins de l’avoir dépossédée d’objets de valeur.
Une version que Pape Birima Ndiaye a réitérée à la barre du tribunal. Le prévenu soutient que la plaignante était sa copine et, au moment où ils étaient ensemble, elle lui offrait de temps en temps, « sans aucune contrainte », des sommes d’argent variant entre 30 et 40?mille francs, pour louer des véhicules.
Il reconnaît cependant s’être rendu au domicile des Sène. Ceci explique t-il, dans l’intention de solliciter l’intervention du père de la plaignante parce que le petit ami de celle-ci le menaçait et l’a même battu. Le jeune garçon soutient qu’il ignore que Amadou Niane, en fuite en Tunisie (tout comme Thierno Guèye) a réclamé les 4 millions à M. Aimé Sène qui a nié toute relation amoureuse entre sa fille et Pape Birima.
Même son de cloche chez son co-prévenu Lamine Diop qui soutient qu’il dormait dans le véhicule, lorsqu’ils se sont rendus au domicile de la plaignante.
Un argument de défense qui n’a pas convaincu l’avocat de la partie civile qui a dépeint les prévenus comme des délinquants. Me Baboucar Cissé a réclamé le franc symbolique.
Embouchant la même trompette, la représentante du parquet a dénoncé la mauvaise foi des prévenus qui selon elle, « ont fait de leur victime, une vache à lait ». C’est pourquoi elle a requis 2 ans dont 6 mois ferme.
La défense pour sa part sollicite la relaxe pure et simple arguant qu’il n’y a pas de preuve. Pour Me Iba Mar Diop, l’erreur de leurs clients, a été de se rendre au domicile de la plaignante. « Le délit de Pape Birima est de sortir avec une fille dont les parents sont riches et puissants », ajoute Me Abdou Mbdodj qui renseigne que l’affaire a été enterrée, mais a ressurgi parce que tout simplement Amadou Niane , le fils du directeur général d’une grande société a appelé de la Tunise, la mère de la plaignante pour lui tenir des propos aigres doux.
Le tribunal rend son verdict le 20 juillet prochain.
nettali.net