Le président Wade a fêté le lancement du cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal. Il a lancé, dans un Stade Léopold Sédar Senghor pratiquement vide, le démarrage des festivités devant marquer ce dit cinquantenaire. Il voulait un lancement grandiose en déployant des sommes d’argent faramineuses, il n’a récolté qu’un grand boycotte des populations. Depuis qu’ils sont au pouvoir, les libéraux crachent le feu sur les quarante ans de gestion « calamiteuse » du pays par les socialistes. Soit ! Mais, de ce que nous savons de leur propre gestion de la chose publique décriée par les populations au quotidien et mise à nu récemment par les révélations d’Abdou Latif Coulibaly et les audits de l’ANRMP, le Sénégal n’est pas encore sorti de l’auberge. Dans ces conditions, comment peut-on accepter de fêter cinquante ans de mal gouvernance, de gabegie et de galère ? Nous pensons que le peuple n’a pas répondu à l’appel de Wade par dégoût. Il a préféré rester loin de ces piaillements, jacasseries, et autres gamineries d’adultes en perte de repère.
Nous ne parlons pas de nos vaillants soldats obligés d’être présents par respect à l’ordre hiérarchique et par esprit républicain. Ceux là méritent notre grand respect. Nous le leurs accordons. Il revient à l’autorité de leurs épargner ce genre de perte de temps et d’énergie.
Le peuple ne veut pas de cette fête qui n’est qu’une mascarade de plus sur la liste des idioties de l’actuel régime. Comment accepterions-nous de fêter cinquante ans de ruines socio-économiques ? Pour qui et pourquoi devrions nous nous rabaisser à chanter et danser sur les lambeaux de notre démocratie déchirée par la corruption, la concussion, l’impunité et les diverses tentatives pour transformer notre République en monarchie ? Non Maître ! Le peuple ne fêtera pas ses larmes, ses faims, ses soifs, ses diverses blessures causées par votre système de gestion opaque et familiale qui ne cesse de lui offrir comme références des individus qui ne savent que lui voler ses deniers et voler dans les airs pour tout enfouir dans les jupes de prostituées de luxe ou dans des comptes bancaires douteux.
C’est trop lui demandé que de l’inviter à chanter et à danser pour donner une caution morale à vos scandales sans limites. Cette invite est cynique. Ce qui aurait pu l’arranger à coup sûr, c’est de pouvoir fêter votre départ dans la même liesse populaire que celle qui vous avait accompagnée au soir du 19 mars 2000. Ah ! Si seulement vous pouviez lui offrir sans tarder cette chance de pouvoir retrouver son sourire volé par la vie dure… intenable dans laquelle le plongent les hausses vertigineuses des prix des denrées de premières nécessités, les délestages d’électricité, l’insécurité, la dilapidation de l’argent public, le train de vie déraisonnable de votre Etat, les scandales à l’image de ceux dénoncés dans Contes et Mécomptes de l’Anoci etc. C’est pourquoi d’ailleurs, Daniel Seck ne doit pas être l’agneau du sacrifice. L’Artp a été incriminé au même titre que d’autres structures comme l’Anoci etc.
Président, vous avez mobilisé beaucoup d’argent, sans doute, dans l’intention mal avouée de ridiculiser davantage votre peuple au stade. Finalement c’est vous-même qui aviez eu à passer un triste après midi parmi vos marionnettes, caméras et micros. Il vous aurait suffi de réfléchir un instant pour savoir qu’un ventre affamé ne danse pas le Wango ni le Tango. La lecture de ce fiasco du Samedi 13 février à Léopold Sédar Senghor devait vous servir de leçon et vous éviter la honte du show organisé par notre respectable diva de la musique Coumba Gawlo Seck, sans doute leurrée par sa bonne volonté ou par une naïveté incompréhensible et surprenante. Coumba, ne recommence plus ce compagnonnage débile avec Wade et son régime ! Evite leur tape à l’œil éhonté! Ne te mets pas à dos ton peuple ! Et en plus, Haïti n’a pas besoin qu’on politise son malheur. Haïti mérite mieux que ce vacarme assourdissant de Wade. Nous avons séjourné dans les caraïbes et avons bien compris la mentalité des antillais formatés par la notion de résistance et d’endurance face aux épreuves de la vie. Ne jouez plus avec leur dignité. Une aide sincère n’a pas besoin de se faire dans un tintamarre infernal comme savent si bien le faire Wade et son équipe.
Il est grand temps, pour tous ces guignols politiciens artistes pseudo intellectuels etc., d’arrêtez ce cinéma cynique sur le dos d’Haïti. Les gens honnêtes qui vous observent en ont assez. Wade, laisse Haïti tranquille! « Le malheur de l’autre nous est indifférent à moins qu’il nous fasse plaisir » serions nous tentés de dire face à cette politisation à outrance du malheur haïtien par tous ces hypocrites et vulgaires chasseurs de primes. Qu’ont-ils fait pour soulager le malheur des milliers de sénégalais, victimes des inondations ?
Vous venez, par ce concert, de vous ridiculiser, de ridiculiser notre peuple. Vous avez ridiculisé de grands noms de la musique africaine à l’image d’Alpha Blondy. C’est triste. Alpha ne devait pas accepter de prêter le flanc avec ses « Papa Abdoulaye Wade, nous sommes fiers de vous…» interminables. Nous ne vous avons pas reconnu très cher Alpha; évitez Wade la prochaine fois ! La posture du « laudateur du roi » ne doit pas être la votre très cher Alpha Blondy. Son gouvernement a chassé Tiken Jah Fakoly du Sénégal parce qu’il avait simplement constaté le mal vivre du peuple sénégalais en toute honnêteté. Wade, ou votre nouveau « Papa Abdoulaye Wade… », n’a pas besoin d’artiste, il n’a besoin que de troubadours, de larbins, de chanteurs à la solde de ses bévues. Nous n’en dirons pas plus.
Après cette déconvenue, s’il avait de bons conseillers, ces derniers lui auraient déconseillé de fêter sa statue de la honte. Du 03 au 04 Avril 2010, il va encore fêter son impopularité grandissante.
Ces derniers événements devaient lui servir de leçon. Président, le peuple a rejeté sans ambages votre mocheté coréenne. Alors, de grâce, ne gaspillez pas de nouveau nos deniers publics pour satisfaire votre égo. Pitié ! Nous en avons besoin pour d’autres priorités comme l’équipement de nos hôpitaux. Ce n’est qu’un exemple de priorité parmi tant d’autres ; un peuple qui ne peut pas se soigner lorsqu’il tombe malade et dont la majorité de sa jeunesse n’a pas de travail ne rit pas, ne chante pas, ne danse pas pour les beaux yeux de son Président. Il couve sa désapprobation et attend la première occasion pour se venger de tous ses bourreaux sans exception. Les vrais religieux du pays doivent éviter d’assister à cette insulte au peuple. Refusez de vous rendre à cette inauguration encrassée.
Monsieur le Président, l’année dernière, vous avez fêté le 04 Avril, la mine méconnaissable à cause du refus du peuple d’assister en masse à cet anniversaire de notre indépendance. Ce qui risque de se passer le 04 Avril prochain sera pire car votre impopularité est devenue contagieuse.
Pour finir, nous attirons l’attention des partis politiques de l’opposition sur le nouveau piège de Wade. Ce Monsieur ne sait pas dialoguer, il ne sait qu’orchestrer. Ne vous fiez pas à ses déclarations d’intention trompeuses. Poursuivez votre cohésion et votre lutte pour son départ de la tête du pays. C’est ce que le peuple attend de vous. Ne gaspiller pas votre temps avec ces appels trompeurs de Wade. Il n’y croit pas. C’est notre conviction. Maître aime le divertissement. En réponse à cette forme d’inconscience gouvernementale, aimez le travail et le combat pour libérer votre peuple des griffes de sa famille et de son parti-Etat.
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (poésie)
Editions Le Manuscrit, paris mars 2008
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