Du calme, cher Ibrahima SENE !
Ma conviction est définitivement faite que le P.I.T. a, fort opportunément, échappé à un grand malheur en ne portant pas à sa tête un énergumène comme Ibrahima SENE. Il est vrai qu’il n’en avait ni la texture morale ni l’envergure intellectuelle ni la sagesse. Son addiction à l’activisme sans fin ni objet ne l’y prédispose guère. Voilà pourquoi le choix porté sur le Professeur Magatte THIAM est un pari rassurant.
Cela dit, les vomissures de ce Monsieur sur le Parti Socialiste ne salissent ni n’ébranlent ce parti. Soyons clair, il n’y a jamais eu de contentieux ou de je ne sais quelle guerre entre le P.S. et le P.I.T. en tant qu’entités politiques autonomes. C’est vite aller en besogne, comme ont cru devoir le suggérer et l’écrire, des commentateurs empressés dont certains pensent incarner à tort, au-delà de leurs élucubrations épisodiques, une certaine forme de conscience morale dans ce pays. Il y a juste des responsables de l’un et de l’autre de ces partis qui sont entrés en débat sur des questions cruciales qui engagent le présent et l’avenir du Sénégal. Ce débat, Monsieur Ibrahima SENE ne l’assume pas en tant « qu’intellectuel politique » comme il se définit lui-même, au travers d’une curiosité de langage qu’on ne peut manquer de qualifier de barbarisme calamiteux. On imagine l’absurdité de sens à laquelle mènerait la classification que le « penseur » SENE suggère entre « intellectuel politique », « intellectuel économique », « intellectuel social », « intellectuel culturel » etc… Non ! ce débat, M. SENE l’assume en héritier d’une culture stalinienne de sinistre mémoire, inspiratrice et actrice d’une des pires tragédies humaines du siècle dernier, nourries par une tradition du complot permanent, de soupçon valant preuve, de liquidations physiques, au nom d’un idéal de justice jamais incarné. Le sentiment prévaut que l’implosion en 1989 de l’idéologie communiste totalitaire, n’a pas pour autant fait disparaître la nostalgie des procès dits de Moscou. Le monstre est toujours vivant. Je n’aurai pas la cruauté de demander à ce cher Ibrahima SENE qui aime parler « au nom du peuple » à quel moment précis de son long parcours politique quasi-septuagénaire, le peuple lui a fait la faveur de le plébisciter dans une compétition électorale déterminée. S’il avait les moyens de ses maîtres staliniens cette équation ne lui serait jamais posée. Mais il ne les a pas. M. SENE a le droit de médire du Parti Socialiste en débitant des âneries, mais il n’a pas le droit de dicter au Parti Socialiste sa conduite, sa lecture des événements, ses positions toujours prises en totale cohérence avec ce qu’il estime être les intérêts supérieurs du peuple sénégalais. Dans sa critique du Parti Socialiste, M. SENE a choisi la méthode paresseuse qui consiste à procéder par décontextualisation et par amalgames, et en faisant droit comme toujours à de solides préjugés. Comme toujours, pour pallier à l’indigence d’un raisonnement, on sollicite des béquilles du genre : « Le P.S. est resté accroché à sa culture de monologue parallèle », « le P.S. a cherché vainement à coopérer avec le pouvoir au nom d’une opposition républicaine », « le P.S. n’est pas encore habitué au débat public contradictoire », « le P.S. n’avait même pas voulu participer à la création d’une coalition des partis d’opposition proposée à l’époque par le P.I.T. pour faire face à WADE lors des législatives de 2001 ». Bref, un bouquet de caricatures qui déprécient son auteur et qui poussent à s’interroger sur les intentions et les manœuvres vaines d’un apprenti sorcier, véritable phénomène de foire. Ainsi, autre ineptie de M. SENE, « le P.S. est contre un « gouvernement des Partis » et contre un candidat de la société civile pour diriger un gouvernement de la République. Son option est donc pour un « gouvernement d’un parti au service de son Secrétaire Général, élu au suffrage universel direct, pour régenter la vie de la nation, comme cela a été le cas durant leur quarante années de règne et la décennie sous WADE » etc… Chacune de ces allégations assénées avec une étonnante désinvolture, prises l’une après l’autre, constitue une pièce d’anthologie en matière de falsification historique. En vérité, toute l’histoire du Parti Socialiste, depuis le Congrès constitutif du BDS en 1948, en passant par celui du 24 février 1958 consacrant le BPS jusqu’à la création en 1959 de l’UPS suivie en 1976 de la mise sur orbite du Parti Socialiste, tout ce processus a témoigné de façon permanente de la volonté des socialistes d’hier et d’aujourd’hui d’exercer le pouvoir, lorsqu’ils étaient en responsabilité, en association avec des forces politiques d’horizons différents. Ce choix stratégique de partage du pouvoir figure depuis longtemps dans l’ADN du Parti Socialiste, et dans les différents programmes politiques de gouvernement, théorisés et mis en oeuvre. Il constitue un des fondements qui continuent d’irriguer notre culture politique et démocratique, n’en déplaise à Ibrahima SENE qui aime prendre ses aises avec la vérité historique. Pour ce qui concerne l’accusation étonnante faite au Parti Socialiste de ne pas partager les conclusions des Assises Nationales, elle est d’une telle absurdité, qu’elle mérité d’être traitée par le mépris. C’est là, l’exemple type de la polémique d’arrière-garde. Est-il nécessaire de rappeler un des engagements pris par le candidat Abdou DIOUF en 2000, inscrit dans sa profession de foi, de démissionner de son poste de Président du Parti Socialiste dans l’hypothèse de sa réélection à la tête de l’Etat ? Non, cher Ibrahima SENE, le rêve du Parti Socialiste n’est pas d’installer un « gouvernement d’un parti au service de son Secrétaire Général » mais de contribuer à l’émergence d’un Sénégal qui se réconcilie avec les valeurs authentiques de justice, d’éthique, de liberté, de solidarité et de rigueur dans la gouvernance des faits et des hommes. La tarte à la crème rituelle des « 40 ans du Parti Socialiste » qu’Ibrahima SENE évoque pour se donner une fausse bonne conscience à moindres frais, le Parti Socialiste les assume, mieux, les revendique totalement sans le moindre complexe. Cela vaut pour Ibrahima SENE comme pour ceux qui lui ressemblent. A l’évidence, il y a eu dans cette séquence temporelle des réussites décisives et nombreuses, des acquis appréciables dans des domaines divers et importants. Mais il y a eu aussi tout au long de ce processus complexe, des zones grises, des échecs et des erreurs dans l’exercice du pouvoir d’Etat. Le Parti Socialiste, par sa voix la plus autorisée, celle de son Secrétaire Général Ousmane Tanor DIENG, incarnation de l’honneur et de la dignité en politique, a eu l’occasion, au cours de rencontres nationales et internationales, de s’approprier les vertus d’une autocritique courageuse, lucide et salutaire sur l’histoire du Parti Socialiste, de l’indépendance à nos jours. On peut demeurer fidèle à notre passé sans être nostalgique de ce passé. S’il y a une obsession pour l’heure qui habite le Parti Socialiste, c’est l’ardente obligation qui est la sienne de refonder l’Etat, ses Institutions et la société sénégalaise d’une manière générale, sur les ruines du régime concussionnaire d’Abdoulaye WADE. Pour cela, le Parti Socialiste n’a pas attendu les jacasseries d’Ibrahima SENE pour souscrire aux Assises Nationales auxquelles nous restons profondément attachés comme nous le sommes, faut-il le répéter, à Bennoo Siggil Senegaal, pour y avoir consacré, de sa naissance à aujourd’hui, le meilleur de nous-mêmes. Ma conclusion est celle-ci : L’écueil contre lequel bute Ibrahima SENE, renvoie à une interrogation vaguement métaphysique : « Comment exister quand on est rien » ? Tout le drame de ce monsieur est là. Terrible dilemme existentiel !
Abdoulaye VILANE
Militant socialiste
Maire de Kaffrine